La mode peut se révéler quelquefois savoureuse, parce que l’on y découvre des personnalités, des histoires et bien sur des collections qui dans ce domaine surchargé d’images et de couleurs nous apportent de nouvelles sensations ou tout simplement nous touchent. Aujourd’hui il y en a trois que je vous recommande. Il est important d’accompagner les jeunes marques qui se lancent, d’y faire attention, de les suivre, et plus si affinité, dans le présent et dans le futur. Quand on découvre dans une rue, une boutique désormais fermée, qui était jusqu’alors occupée par un ou une designer qu’on aimait bien et que l’on suivait, cela fait de la peine.
Ces 3 marques à découvrir sont managées par des femmes, mais ce n’est en rien un critère de choix, juste une résultante de circonstances. Il s’agit de Fête Impériale, Les Expatriès et Mazarine, dont l’ordre de citation n’est qu’alphabétique. Les 2 dernières marques ont démarré leurs développements chez le même incubateur, les Ateliers de Paris. La capitale aime les jeunes talents, et pour vous en convaincre vous pouvez aller voir l’exposition qui leur est consacrée à l’Hôtel de ville pour les 10 ans des Ateliers.
Ici, il n’est pas question d’analyses complexes, entre bilan comparatif, nombre de pièces, ambition de développement ou nombre de pop up store. Il s’agit simplement d’un coup de coeur pour des marques et des créateurs qui avancent sur cette poutre instable que peut être quelquefois le monde de la création en général et de la mode en particulier.
Fête Impériale c’est un style anti-académique aux symboliques dissimulées
Rencontrer Fête Impériale, c’est un peu prendre une coupe de champagne qui se remplirait toujours comme par magie, après chaque gorgée, garantissant une sorte de pétillement permanent. Les collections sont comme un gros bouquet de fleur multicolore. Une mode expressive, pleine de vie, avec une part de féminité assumée. Le coté festif ressort sans aucune vulgarité. On y trouve donc des couleurs en abondance, qui se déclinent en camaïeu soyeux, en imprimés enrichis de détails raffinés. La fondatrice Laura Gauthier Petit, exaltée par le Paris libre du XIXème siècle et la décadence des nuits folles des 80’s, a décidé d’insuffler vivacité et fraîcheur à la mode parisienne. En Été 2015, elle a lancé en toute confidence Fête Impériale. La créatrice se nourrit de la richesse culturelle du Second Empire et de son architecture baroque en les démocratisant avec justesse. Mixant les références érotiques et esthétiques de la Belle Epoque à la désinvolture subversive du mouvement punk 80’s, Fête Impériale casse les codes et joue avec les contrastes. Laura Gauthier Petit s’inspire des grandes femmes qui, parties de rien, ont oeuvré seules pour gravir les échelons.
Les vêtements sont fluides. Chaque imprimé est exclusif et a été pensé, réalisé et dessiné par un artiste. Perfecto en cuir, robe en coton épais inspiré des tissus d’ameublement du XIXème siècle, jupe tube ravageuse, trench peignoir. On note la longue chemise en dentelle avec ce traité si féminin de mettre les boutons dans le dos. Fête Impériale c’est un style antiacadémique aux symboliques dissimulées. C’est la rencontre entre Liane de Pougy, mythique cocotte parisienne et Debbie Harry, iconique pionnière de la scène pop punk de la fin des années 70. C’est une mode très féminine multifonctionnelles et adaptées à la femme indépendante, affranchie et délicate d’aujourd’hui. Les collections sont réalisées avec une exigence qui l’éloigne du prêt à porter classique et lui permet de rivaliser aisément avec d’autres marques déjà bien installées.
Mazarine, une marque à l’esthétique romantique
Mazarine. Quand on prononce ce nom, il y a toujours une histoire cachée qui se révèle à un moment donné. Ici, pas question de double famille, mais on peut parler de famille recomposée. L’aventure a commencé avec deux associées dans les locaux des Ateliers de Paris car la marque est lauréate du Grand Prix de la Création de la Ville de Paris 2015. Les 2 personnes composant ce duo ont pris récemment chacun leur indépendance et désormais le projet Mazarine est porté par Hélène Timsit et Quentin Poisson. Les collections Mazarine s’inspirent d’époques inconnues et de lieux imaginaires. Les couleurs subtiles rythment les saisons et viennent éclairer les matières sophistiquées et techniques. La silhouette Mazarine est entre flou et tailleur, onde et architecture. Les fondateurs dessinent une ligne complète et mêlent une vision traditionnelle de la couture made in France, à l’esthétique moderne et aux détails singuliers. La marque ne clame pas violemment son positionnement, mais utilise les valeurs de la persuasion d’un style romantique et doux pour séduire. Entre toile légère, transparence et couleur tendre, montage du bâti, cette mode qui habille les femmes en quête d’élégance désinvolte ouvre un nouveau chapitre de son histoire et on espère en découvrir de nombreux.
Les Expatriés, un concentré d’expériences qui donne une marque pleine de peps
Les Expatriés est une marque de prêt-à-porter mixte, qui crée et fabrique un placard du quotidien, inspiré des codes, de l’état d’esprit et du mode de vie d’une nouvelle génération : les expatriés. Là aussi, il s’agit de 2 associées avec Pauline Fournier-Bidoz et Marie-Charlotte Bonnet. Ce duo à une sorte d’équilibre dans sa composition car si l’une a suivi un cursus mode, l’autre associée a fait une école de commerce. Et on espère que cet équilibre ne sera pas rompu. Ces 2 jeunes femmes sont partie au cours de leurs cursus, faire leurs stages à l’étranger. Elles ont goûté des saveurs épicées, ont vécu avec cet esprit curieux, le besoin de se retrouver, d’avancer sans avoir à s’encombrer de 1000 choses souvent inutiles. Elles ont donc décidé de lancé cette marque au concept malin qui se décline aisément : Les Expatriés avec ce claim « be expat minded » ( l’une a fait une école de commerce, je vous le rappelle, cela sert ;). C’est une mode pour les néo-aventuriers d’aujourd’hui, une mode urbaine premium, mais plus Bastille ou Marais qu’ Avenue Montaigne, proposant un vestiaire pratique, qui n’alourdit pas leur style, idéal pour ceux qui osent d’autres vies, ici ou ailleurs… Les collections aiment les imprimés, les couleurs, et sont dotées d’une sophistication bien pensée. Le travail sur les poches des chemises ou des vestes est recherché et en fait un point de différentiation. Elles présentent depuis le début, des collections ou les oppositions de couleurs sont astucieuse, les coupes parfaites et pleines de détails que l’on imagine quand on a croisé différentes cultures tout autour du monde. Toutes les pièces de leurs collections sont produites en séries limitées par ce duo sympathique qui a également bénéficié des ressources des Atelier de Paris pour prendre leur envol. Comme chez Fête Impériale, une des touches de ce féminisme délicat passe par le fait de faire glisser les boutons de la chemise dans le dos.
La marque Les Expatriés partage un pop up store avec Misericordia , au 13 rue du Cherche Midi, Paris 06, et cela jusqu’au 28 janvier 2017. Une bonne occasion de voir de près ces jeunes marques.
2 comments
[…] en 2015 du Grand prix de la Création dans la catégories mode), marques auxquelles j’ai consacré un papier car sans aller aussi loin que les Ateliers, je les soutiens par cette communication. On trouve […]
J’aime beaucoup la mode vintage