Il fallait parcourir le superbe jardin de l’Observatoire pour découvrir ce bouquet de nouvelles créations imaginées par l’Ensad et IFF. Abrité sous les arbres séculaires de ce lieu charmant niché en plein Paris, protégé des fines gouttes de pluie qui tombaient en ce mois de juillet au profil de saison automnale, le parcours s’est déroulé entre senteur et ligne épurée.
8 créateurs et créatrices, chacun accompagné d’un parfumeur, avait son podium et son parfum. Cette génération 2012 proposait des créations dont le moins que l’on puisse dire, et qu’ils ont tous intégré les bases du métier, tellement le travail des matières, des coupes est maitrisé. Que les créations soient structurées ou fluides, mates ou brillante, elles dénotent toutes une connaissance véritable de l’histoire du design du vêtement. Cette démarche est prolongée par le tandem designer/parfumeur qui a élaboré dans l’enthousiasme un parfum qui évoque l’idée et la matière des vêtements.
8 minis podiums ont vu les mannequins affronter les intempéries et accueillir avec sourire et stoïcisme les bourrasques d’Eole et les regards ravis d’un public charmé.
Ambiance festive, un peu humide car quelques gouttes de pluie s’invitant à la fête. Mais la nature se manifestait aussi grâce aux 8 fragrances aux concepts éprouvés, imaginées par des parfumeurs de renom en association avec les créations présentées. On y remarque Aliénor Massenet, Dominique Ropion, Olivier Polge entre autres.
Parmi cette profusion de belles idées, on a apprécié le tandem Charles Pottier/ Aliénor Massenet, qui met en valeur une femme qui aime le scandale, qui se plait à exprimer sa féminité incandescente dans un excés justement dosé. « Celle dont on parle dans le dos », est une collection qui s’inspire de l’iconographie extrèmement féminine des années 50, revisitée dans un traité moderne. De l’intelligence de la matière nait la forme.
Coté parfum, c’est une femme qui porte une chevelure féline, une élégance foudroyante exprimée par son balancement des hanches. Son parfum la précéde et la prolonge. Un bouquet de fleurs blanches l’entoure avec classe. Jasmin, fleur d’oranger, accompagnée de quelques épices comme la cannelle et le rhum.
En terme de mode, on a envie de souligner tout particulièrement « Bushido » le travail structuré d’Inés Dufay qui s’est inspiré de l’armure japonaise, pour créer une ligne à l’aspect graphique, géométrique qui met en valeur le corps de la femme. Transformer une technique d’assemblage purement fonctionnelle en source d’ornementation, n’est pas si simple (sauf peut être pour de brillants élèves de l’Ensad)
« Palimpseste » de Juliette Gouraud associée à Ambrosiaque de Véronique Nyberg, forment en autre duo, que l’ont a pris grand plaisir à admirer et sentir sous les frondaisons humides de l’Observatoire. Destinée au vestiaire masculin, un effet de superposition, une architecture rendue brute sur un nouveau modelage, crée une perspective de synergie de style et de matières. Chaque vêtement est revisité, les genres masculin et feminin peuvent se méler en une seule silhouette. Les effets se mélangent comme le chic et le sportswear. Les aspects techniques s’entremèlent, jersey, maille, et chaine et trame se cotoient par effet de superposition .
Le parfum Ambrosiaque qui l’accompagne s’appuie principalement sur l’Ambre qui en est la charpente. Pour orner cette structure, le nez Véronique Nyberg a choisi la fève de cacao pour sa note gourmande, des épices pour donner une couleur vive, comme la cardamone, le poivre rose, la baie de genièvre. Oliban , patchouli et cuir complétent se savant dosage, pour faire un parfum très chaleureux et équilibré.
Dans le domaine de ces fragrances soyeuses et enveloppantes, on recommande de s’intèresser à L’eau de Muein, ou si l’oliban est aussi présent, la note de rose, la vanille et la fleur d’oranger offrent une douceur tendre et si féminine pour le coup.
Mais également à Andréide de Dominique Ropion, dont on ne sait si cela est un hasard, mais on sent dans ce parfum l’expérience d’un nez confirmé. Equilibre et caractère, maturité et désir. L’ylang et l’osmanthus, en donne la sensualité enivrante, l’héliotrope pour l’aspect poudré et une touche de violette. Un accord animal ambre-cashmeran s’affirme, c’est si difficilement maitrisable à notre époque, qui rapproche un peu plus cet ange sensuel de la bête. Une senteur qui a chassé les nuages gris s’accrochant à la Rotonde de l’Observatoire