On pense plutôt à déchet, surconsommation, perte de ressources naturelles quand on pense textile aujourd’hui. Le recyclage du textile reste une grande question. Comptabiliser le nombre de vêtements qui dorment dans les placards et ceux qui sont jetés donne le vertige. Mais, petit à petit réflexion et innovation font leurs chemins et de nouvelles pistes apparaissent, porteuses d’espoirs.
L’une des solutions, notamment pour les vêtements trop abîmés pour être réutilisés, est de les défibrer pour fabriquer un nouveau fil qui servira à tisser ou tricoter de nouveaux textiles d’habillement. Après un projet d’industrialisation de plus de 3 ans, les Filatures du Parc sont désormais en mesure de proposer un fil en coton-polyester recyclé, fabriqué en France ! C’est un bon point pour montrer que le recyclage du textile est un process porteur de valeurs.
On connait aussi aujourd’hui le fil polyester qui se recycle à l’infini. Ce fil produit à partir de bouteilles plastiques et de déchets marins recyclés, permet le recyclage infini du jean 1083 ou de la veste Hopaal. Le vêtement est composé d’une seule matière, le polyester, pour le tissu et les accessoires comme les boutons, par exemples.
Et désormais, on va même plus loin en inversant le procédé. On connaissait jusqu’à présent le recyclage de bouteilles PET pour en faire du textile, désormais c’est le textile qui permet de fabriquer une bouteille !

Un procédé industriel unique capable de fabriquer du PET à partir de textiles.
Carbios, société de chimie verte basée sur le Biopôle Clermont-Limagne, à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme), annonce ( voir l’article dans l’Usine Nouvelle – avec paywal) la mise au point d’un procédé industriel unique capable de fabriquer du PET à partir de textiles. C’est une première mondiale pour cette société de chimie verte, basée sur le Biopôle Clermont-Limagne, à Saint-Beauzire dans le Puy-de-Dôme, pionnière dans le développement de solutions bioindustrielles dédiées au recyclage des polymères plastiques et textiles.
L’entreprise annonce avoir produit les premières bouteilles contenant 100 % d’Acide Téréphtalique Purifié recyclé (rPTA) à partir de déchets textiles à haute teneur en PET. Cette première conforte la capacité de la technologie Carbios à valoriser les déchets textiles PET et ouvre ainsi l’accès à un gisement supplémentaire de matière recyclable d’environ 42 millions de tonnes de textiles polyesters produits dans le monde chaque année. Elle repose sur l’utilisation d’un procédé biochimique, au lieu des techniques mécaniques traditionnelles. (voir le CP sur le site de Carbios).
Ces avancées majeures ont été réalisées dans le cadre du projet de recherche CE-PET (Circular Economy PET), financé par l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), dont Carbios est chef de file aux côtés de son partenaire TWB.
Le textile joue les durs et fait le mur !
C’est dans le cadre des Fashion Green Days de Novembre que l’on découvre que l’on a des tonnes de textiles qui ne sont pas recyclées (certaines sont même brulées), face au besoin de protéger nos ressources naturelles, il y a de quoi se sentir face à un … mur d’incompréhension.
Pas pour Clarisse Merlet, fondatrice de FabBRICK, qui, lorsqu’elle était étudiante en architecture a constaté que le domaine de la construction restait très polluant et très énergivore. Sa décision est alors prise de réfléchir à des alternatives qui puissent permettre de construire autrement et notamment avec l’utilisation de déchets tels que les bouteilles en plastique, les cartons ou encore les gobelets.
Mais le textile, s’est imposé dans sa réflexion, car se secteur très polluant également, étant finalement encore peu recyclé, il y a là, une opportunité. Le coton par exemple possède des propriétés intéressantes pour la construction car il est considéré comme un très bon isolant. En s’appuyant sur les caractéristiques des textiles récupérés, elle conçoit un matériau de construction écologique, design, à la fois isolant thermique et acoustique.
Aujourd’hui FabBRICK est le trait d’union vertueux entre ces deux secteurs que sont la construction et le textile.

Cela laisse un espoir de voir se concrétiser des filières locales permettant, grâce à l’innovation, d’avoir une consommation plus éco-responsable. On note déjà que 62% des français on acheté des vêtements de seconde main en 2018 et même le gouvernement prend la parole sur ce sujet.
On verra peut être fleurir une nouvelle expression, dans quelques années, qui prendra la suite de celle bien connue, lorsqu’il s’agit de définir une origine » c’est la question de l’oeuf ou de la poule », qui se sera transformée en « c’est la question de la bouteille ou du vêtement »?