Quelquefois la poésie se glisse là ou on ne l’attend pas. Dans une pièce cachée au fond d’un Pop Up Store ou après avoir dépassé des portants de chemises et de tenues bigarrées provenant d’Afrique, grimpé quelques marches, on découvre après de multiples visions colorées du Wax (un tissu africain qui vient principalement de….. Hollande) le moment suspendu de l’Heure bleue. Cet espace temps est peuplé de créatures féminines, habillées par un art vestimentaire qui va devenir le temps d’une performance un moment de réflexion philosophique. Comme dévoiler le corps d’une femme avec un voile ? Comment utiliser un ou plusieurs noeuds pour libèrer le corps féminin sans le ligaturer.
D’abord il faut écouter Noémie Devime, la jeune créatrice qui après avoir travaillé dans maisons reconnue ( Balenciaga à l’époque Ghesquière et Dior Homme période Kris Van Assche) va expliquer ses envies d’étoffe libre, enveloppant le corps féminin avec quelques nouages. Ensuite elle démontre comment offrir à la ligne charnelle proche de la perfection (cela concernait le modèle présent 😉 le coté vaporeux et authentique d’un voile de coton indigo, fabriqué par des ateliers au Bénin (Voila le lien avec cette boutique rassemblant des créateurs et des marques africaines !). Une collection qui tout en indigo, ne met aucunement des bleus à l’âme.
La collection de Noémie Devime n’est donc pas simplement monochrome. L’indigo est souvent considéré comme la 7ème couleur de l’arc en ciel, grâce à ces variantes qui lui donnent des accents pétrole, bleu ou violet. Il devient un tissu vivant car avec le temps chaque pièce adopte sa propre teinte. Les coupes sont amples et la technique du shibori (technique d’impression d’origine japonaise) associée à celles des noeuds provenant de nombreux endroits du monde accorde une aisance à la gestuelle féminine et une ampleur aérienne.
Les bandes de voiles de coton indigo sont accessoirisés avec de fins liens cousus en anneaux qui permettent de créer une délicate oeuvre architecturale autour du cou, des bras, de la taille du corps féminin.
L’équipe de Noémie Devime toute d’indigo vétue
Tout était préparé dans les moindres détails. Toute l’équipe était en bleu indigo. Même le gâteau livré par un schtroumps, arborait les teintes de cette couleur.
Le dossier de presse et celui de présentation, se déplient une fois dénoué le lien qui les enserre.
Une collection qui voile et dévoile la silhouette féminine.
L’art du nouage, qui peut se rapprocher de celui de Christo, comme le précise le dossier de presse, ne doit pas masquer le reste de la collection. Celle ci sous ses formes souples, ses coupes minimales et amples comprend des robes fluides et construites de formes simples. La chemise cape, la robe 3/4 d’heure , la cape carrée, le 4 pans forment autant de vêtements libres de leur mouvements, ou les pans se nouent ou se meuvent le long de la silhouette. Chacun de ces modèles, de part leur réalisation avec des artisans du continent africains sont en série limitée.
Une collection harmonieuse qui fait le lien entre la technique ancestrale de la teinture de l’indigo et des coupes à la simplicité discrète.