Le savoir-faire de l’inde dans la conception du tissage s’est retrouvé plus d’une fois sous les projecteurs lors de cette dernière fashion week. Le défilé de Haute Couture Christian Dior sous la houlette de Maria Grazia Chiuri s’est déroulé dans une galerie immersive, posée dans les jardins du Musée Rodin, dont les parois murales de 40 mètres de long, suivant un projet d’ Eva Jospin, étaient tissées par les ateliers indiens Chanakya et la Chanakya School of Craft.
Vaishali Shadangule, jeune designer indienne originaire du Madhia Pradesh, faisait elle, ses premiers pas sous les platanes du lycée Victor Duruy au son d’un violon. Elle est la première designer indienne invitée par la Fédération de la Mode et de la Haute Couture.

Entre inspiration et savoir-faire textile, la mode imaginée par la jeune designer indienne veut prendre soin du corps humain.

Le souffle, ce qui nous fait inspirer et expirer si naturellement et si régulièrement, est comme un fil qui unit toutes les choses en une seule et soutient le corps, donc la vie, dans son ensemble. Le souffle nous donne la capacité de créer un lien avec nous-mêmes et avec les autres. Cette interaction est un peu comme les fils qui se déroulent d’une bobine pour former un tissu qui mêle les tissages.
Du tissage au métissage, Vaishali Shadangule a souhaité pour son défilé parisien, associer les compétences des différentes parties de l’Inde en créant une collection qui associe les deux mondes – le traditionnel et le moderne – pour en faire une vraie forme d’expression.
Tissu, drapé, cordage, tout dans sa présentation parisienne incarne une interprétation artistique des tissus tissés à la main comme une seconde peau. Particulièrement inspirée par la nature elle-même, elle exprime un paradigme sans âge du vocabulaire textile indien, chaque fil et chaque fibre chantant les chansons des contes perdus et du sol des terres indiennes.

Paris fashion week - Vaishali - Inde - défilé
Paris fashion week - Vaishali - Inde - défilé
Paris fashion week - Vaishali - Inde - défilé
Paris fashion week - Vaishali - Inde - défilé

La collection de Vaishali Shadangule dépasse avec élégance les images traditionnelles des vêtements de son pays-continent, comme le sari. Les robes, ce sont presque exclusivement ces modèles qui ont été présentés, ont des tissés très travaillés et des montages qui les transforment en textile-bijou.
Les jeux de transparence et d’asymétrie, les épaules nues, laissent exprimer les savoir-faire indien dans une modernité bienvenue. On retrouve un peu comme chez Iris Van Herpen, cette capacité à proposer des drapés semi rigides qui donnent à la robe cet aspect architectural qui peut s’adapter parfaitement aux différents corps féminins. Les matières naturelles sont privilégiées, laines mérinos et soies Chanderi, l’inspiration en provenance de la nature, que l’homme doit aussi laisser respirer, prend place sur une épaule ou un dos par des parements tissés en forme de feuille, par exemple. On notera aussi une vraie sobriété dans les couleurs qui là aussi se démarque des images multicolorées que l’on a dans l’esprit de manière trop conventionnelle.

Comme la designer l’exprime sur fashionnetwork « Respirer est un réflexe physiologique que nous ne contrôlons pas et dont nous ne nous rendons presque pas compte. Nous respirons en permanence. Je voulais retrouver le lien avec la nature autour de cette thématique », résume-t-elle, soulignant à nouveau son envie de faire connaître l’Inde au-delà de ses frontières. « L’idée de Haute Couture tient aussi dans la mise en valeur de l’artisanat de nos tissus traditionnels », conclut-elle avec un sourire.
D’autres médias comme France Info lui ont donné la visibilité qu’elle mérite.

YouTube player

Défiler dans un lieu, qui porte le nom d’une descendance d’une famille de tapissier, n’est pas une fausse note.

La jeune designer indienne proposait un défilé sous les platanes du lycée Victor Duruy. Un lieu parfait pour celle qui voulait mettre en avant le talent des artisans de son pays. Né dans une famille constituée d’artisans tapissiers depuis sept générations, Victor Duruy est d’abord destiné à suivre l’exemple de son père, Charles Duruy, chef d’atelier à la manufacture des Gobelins. Il suivra par la suite un autre chemin qui le mènera à la politique et au poste de ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire, de 1863 à 1869.
Rythmé par un souffle léger, le balancement des feuilles au dessus de l’allée ou un léger tapis avait été posé et qu’emprunta et les mannequins et la violoniste dont l’archet avait le mouvement souple et délicat des ailes d’un papillon au repos, le défilé pris son temps. Cela nous a permis d’apprécier le travail de ces artisans, la souplesse du mannequin qui doit se débarrasser discrètement de ses chaussures à talon aiguilles, brisées par le dallage irrégulier et la présence de celles qui défilent et qui à la différence de beaucoup d’autres, ont l’âge d’être mère.

Paris fashion week - Vaishali - Inde
Un violon sur le tapis

Un aperçu, pour continuer à découvrir les créations de cette designer, des collections de cet été.