Le salon du Who’s Next, permet de voir que stands et portants ne manquent pas de nouveaux modèles, de couleurs chatoyantes, de coupes originales. Aujourd’hui le concept du salon s’élargit bien au delà du prêt à porter, avec la déco, les accessoires et tout ce qui touche au lifestyle. Dans tous ces domaines, l’idée de maitriser les solutions de production et de les rendre plus éco-responsables fait son chemin. Une conférence organisée en ce mois de septembre 2025, permettait d’en savoir plus, quand à ces nouvelles initiatives prises pour faire évoluer la production textile. Elle avait la forme d’une table ronde, qui présentait des expériences concrêtes, basées sur le principe de repartir de l’existant, menée par un panel entièrement féminin.
![la ( sur] consommation textile](https://sp-ao.shortpixel.ai/client/to_auto,q_glossy,ret_img,w_700,h_416/https://lapromessedunstyle.fr/wp-content/uploads/2025/09/whosnext-sao-2.jpg)
image issue d’une autre conférence nommée « Comment tisser des liens entre Mode (et plus largement arts visuels) et la préservation des océans ? » qui faisait intervenir à ce même Who’s Next – Catherine Dauriac ⏚, présidente de Fashion Revolution France, Maud Louvrier Clerc 💚Artiste et poète en développement durable, pour qui la mer et les océans sont indissociables de son oeuvre et Claire Cheminal du LYCEE PAUL POIRET, qui a initié en 2025 une formidable programmation avec 2 professeurs et les élèves autour de l’année de l’Océan et de la mer, dont faisait partie
SAO Textile au Musée de la Marine en mars 2025.
Cette conférence était animée par Arielle Levy Verry, présidente de l’UAMEP
Repenser la production textile, oui mais avec quels process opérationnels ?
L’économie circulaire, une idée que que nos aieux connaissaient déjà (On peut ainsi découvrir à la lecture de Colette que la mère de l’écrivaine lui disait ; « Ne jette rien, tout peut servir »), est un concept qui va au delà de la simple idée de la réutilisation, mais se projette dans une dimension plus importante ou les process doivent être à la fois respectueux de l’environnement et suffisemment industrialisés pour permettre de répondre à une demande importante.
Quand on regarde le glissement continu vers le début de l’année de cette fameuse date du jour du dépassement, on comprend qu’il faut travailler sur des solutions qui s’adressent au plus grand nombre afin de voir diminuer la production textile initiale.
Les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on parle d’économie circulaire, ce sont les verbes qui initient les actions de « réparer », « réutiliser » et « recycler ». C’était la volonté de cette conférence du Who’s Next, animée par Céline Dassonville, présidente de la Fédération de la Mode Circulaire de se focaliser sur ces 3 verbes (Il y a 5 termes en tout) afin de montrer comment d’ores et déjà, sont apparues des solutions opérationnelles qui intègrent l’innovation, créent une nouvelle relation client et utilisent l’upcycling pour créer une valeur ajoutée, le tout en partant exclusivement de l’existant.
On pouvait donc découvrir les solutions apportées par Les Raccommodeurs, présentées par Pauline Jaillant, co-fondatrice qui a eu l’expérience de manager pendant plusieurs années l’espace (Re)Store des Galeries Lafayette. L’idée est donc de privilégier la réparation, ce qui n’est pas toujours facile, même et surtout quand on est une marque installée et que l’on doit déployer une solution à grande échelle au plus près des clients, tout en veillant à ce que le réseau de vente ne soit pas hostile à cette solution. Les Raccommodeurs ont déployé une solution B2B, qui permet de mettre en place des services de réparation partout et de prolonger la durée de vie des vêtements. Cela crée un trafic qualifié en magasin, tout en enregistrant des données précieuses pour la marque. Cette volonté de promouvoir la réparation est l’occasion de mettre un nouveau service en place, qui apporte des occasions d’animations au niveau des points de vente, comme le propose désormais la marque IKKS, citée par l’intervenante. Parmi les difficultés de cette démarche, on retient la pénurie des retoucheurs et la baisse de la qualité des vêtements.

Un autre exemple parlant était celui de Losange, dont les solutions se déploient désormais dans de nouveaux locaux à Nevers. L’entreprise n’est plus aujourd’hui une inconnue dans ce secteur d’activité. Elle a gagné l’ANDAM Fashion Awards de l’innovation en 2025. J’avais eu le plaisir de croiser ses fondateurs lors de la journée de la Fédération de la Mode Circulaire et à VivaTech. Les process proposés par cette start-up du textile sont destinés à générer une production plus éco-responsable en partant de la matière disponible, constitués par les stocks possédés par les marques ou des stocks d’invendus. Parmi tous les chiffres qui circulent on peut citer celui de 92 %, qui matérialise l’impact de l’empreinte carbone du textile issue par les étapes de la fabrication des tissus et des produits finis. Il est donc important de repartir de l’existant et de trouver une manière créative de faire évoluer ces stoks de vêtements déjà existants.
Une des meilleures preuves était apportée par l’intervenante Justine Douvre, COO de Losanje, qui portait une longue jupe en denim upcyclé, tout à fait élégante et qui montrait ainsi que le style ne se dilue pas dans le concept d’upcycling. Si l’entreprise a abandonné le projet de proposer sa marque en BtoC, c’est pour mieux se concentrer sur le concept de marque blanche pour les grandes enseignes avec son bureau de style. Le principe est d’apporter ses solutions à des marques qui ont des stocks de vêtements existants invendus ou de proposer des compléments de gamme à des marques en allant chercher des stocks existants ailleurs. C’est la raison pour laquelle l’entreprise a des partenariats avec des centres de tri. Si la crème de la crème du textile se retrouve sur les plateformes de revente que l’on connaît bien comme Vinted ou eBay, il reste tous tous les autres vêtements, ce qui, hélas, représente un gisement considérable.
Les démarches initiées par l’entreprise deviennent nombreuses et diverses, comme le montre celles évoquées par l’intervenante ou grâce à son bureau de style interne l’entreprise a conçu des pochettes pour la SNCF, en partant des sièges de train ou encore des sacs pour Sézane, à partir des stocks de vêtement de la marque. D’autres projets sont sur le launchpad qui verra Losange travailler avec une marque de sous-vêtement, qui veut faire des collections capsules en partant à 90 % de ces produits finis. Cela est possible grâce à la solution industrielle, développée en mode SaaS, qui est dotée de systèmes de découpe qui progressent au fur et à mesure du temps et sont aptes à appréhender et exploiter toutes formes de modèles et de patronnages.
SAO Textile était représentée par sa fondatrice Marine Olacia qui a longtemps travaillé dans le prêt à porter et qui en visitant des usines au Bangladesh s’est décidé à orienter sa carrière professionnelle différemment. Elle a été bénévole pour une association environnementale et étant basée entre Marseille et Sète, s’est aperçue que l’on pouvait faire bouger les choses dans le monde maritime et plus particulièrement dans l’univers de la pêche. Son but est de faire évoluer la chaîne de valeur française avec sa solution et de repartir de l’existant, les filets de pêche abandonnés, pour recréer un fil. Sa démarche est efficace aux 2 extrémités du process, car d’un coté, son sourcing local aide les pêcheurs qui n’ont pas de solutions pour recycler ces métrages de filet et de l’autre coté, elle propose un fil à l’empreinte carbone faible, qui ne pollue plus le fond des mers et possède des caractéristiques intrinsèques intéressantes pour différents secteurs. On pense notamment à celui du textile lié au sport, à l’automobile et pourquoi pas au médical.


La démarche de Marine Olacia est largement reconnue à différents niveaux. TF1 lui a consacré un reportage récemment, la fondatrice de SAO Textile fait partie des lauréates du concours 101 Femmes Entrepreneures de La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée . Son entreprise qui avait participé avec le Lycée Paul Poiret à une exposition au Musée de la Marine à Paris en mai 2025 a reçu en 2025 la labellisation Ecolab – Greentech Innovation, dans la catégorie 𝙀𝙘𝙤𝙣𝙤𝙢𝙞𝙚 𝙘𝙞𝙧𝙘𝙪𝙡𝙖𝙞𝙧𝙚. SAO Textile fera partie de la Semaine des Autres Modes 2025.
On peut se dire au vu de ces exemples que si l’économie circulaire a enclenché la première, il reste à poursuivre bien des efforts et conserver en tête quelques principes forts :
- Privilégier le produit existant comme matière première
- Communiquer sur l’upcycling sans faire du greenwashing et perséverer dans la démarche de pédagogie vis à vis des consommateurs
- Ne pas croire que le deadstock (tissu déjà produit mais non utilisé pour la production) est une solution miracle
- Intégrer ce qu’il faut de digital pour proposer des solutions scalables
- Profiter de ces démarches pour concrétiser de nouveaux services pour les marques en point de vente
- Travailler à valoriser le coût de ces nouvelles démarches ( => pour convaincre le board)
- Etre au plus près du terrain (maillage des réseaux de retoucheurs)
- Proposer des solutions win/win (comme SAO, d’un coté les pêcheurs, de l’autre, apporter des produits innovants aux marchés)
- S’appuyer sur l’étiquetage environnemental proche d’être obligatoire (mise en place en octobre)
Dans le prolongement du Who’s Next et de cette conférence, on peut regarder nos voisins Suisses. Ceux-ci organisent en novembre prochain un événement pour nous permettre de : « Comprendre & transformer le cycle de vie du vêtement en un cercle vertueux ».
Toutes les informations sont sur le site Garderobes.ch. L’événement propose un programme incluant un espace d’échanges et de découverte autour de la mode, avec des stands de vente, des ateliers créatifs, un repair café couture, des défilés, des vide-dressings, un éco-marché, des Slow Fashion Talks, notamment avec Public Eye qui a lancé une opération Stop Fast Fashion et bien plus encore…