Ainsi donc en l’été 2025 à Paris, la Haute Couture est à l’honneur. Il est possible d’aller jusqu’au 7 septembre faire un tour au Petit Palais qui accueille un grand homme de la mode, Charles Frederick Worth (1825-1895), fondateur d’une maison qui incarne l’apogée du luxe parisien, figure incontournable de l’histoire de la mode que l’on qualifie aisément d’inventeur de la Haute Couture. Il est aisé également d’aller voir à quelques distances, voir l’exposition consacrée à un autre grand de la mode parisienne, Paul Poiret au MAD Paris, qui permet de découvrir jusqu’au 11 septembre, plus de 550 oeuvres et créations artistiques.
Charles Frederick Worth, les début somptueux de la Haute Couture
Né en Angleterre, Charles Frederick Worth fonde en 1858 la maison «Worth & Bobergh » au 7 rue de la Paix, à Paris. Cette maison qui portera ensuite le seul nom de «Worth», va devenir le symbole du raffinement et du savoir-faire français et s’étend sur quatre générations et près d’un siècle.
Cette rétrospective inédite rassemble plus de 400 pièces — vêtements, accessoires, objets d’art, peintures et arts graphiques— et a pour ambition de mettre en lumière aussi bien les créations que les figures marquantes de la maison Worth. Outre la collection du Palais Galliera, l’exposition bénéficie de prêts rares et prestigieux en provenance de musées internationaux tels que le Philadelphia Museum of Art, le Metropolitan Museum of Art, le Victoria and Albert Museum, le Palazzo Pitti, ainsi que de nombreuses collections privées.

Worth, une vision internationale qui a contribuer à consolider la place de Paris comme capitale mondiale de la mode.
Ainsi donc Paris, capitale de la mode a d’une certaine manière trouvé cette position, grâce à un anglais et un suédois. Une manière de mélanger les mille milliards de ruban comme dirait Loic Prigent et de rebattre les cartes du style qui montre bien que la mode se joue un peu des frontières.
L’exposition montre bien tout le parcours du créateur. Arrivé à Paris en 1846, Charles Frederick Worth débute comme commis chez Gagelin, un marchand renommé, avant de se faire rapidement un nom. En 1858, il fonde la maison « Worth & Bobergh » avec le Suédois Otto Gustav Bobergh, au premier étage du 7 rue de la Paix.
La maison habille la princesse de Metternich, la cour impériale jusqu’à l’Impératrice Eugénie elle même, imposant sa domination sur la mode parisienne. En 1870, après la séparation avec Bobergh, la griffe devient « Worth ». Des tenues de jour aux manteaux d’opéra, de la tea-gown (robe d’intérieur) aux robes de bal, l’exposition illustre le style Worth, inimitable, à travers un ensemble de silhouettes portées au gré d’une journée.
L’exposition met également en lumière des clientes prestigieuses, telles que l’Italienne Franca Florio, l’Américaine Lady Curzon et l’emblématique comtesse Greffulhe, modèle de la duchesse de Guermantes dans l’oeuvre de Marcel Proust. Des portraits peints par Carolus-Duran, La Gandara ou encore Louise Breslau jalonnent l’exposition et témoignent de la volonté, pour ces femmes fortunées, de se voir représentées dans leurs plus belles robes Worth.
En 1895, le décès de Charles Frederick marque un tournant dans l’histoire de la maison, alors reprise par ses fils, Jean-Philippe et Gaston.
L’exposition fait revivre la mythique rue de la Paix avec ses maisons de couture telles Paquin, Doucet et Doeuillet. Le couturier Poiret, qui ouvre son propre atelier en 1903, à fait ses armes chez Worth. On voit se dessiner un léger fil de la transmission, puisque Poiret accueillera par la suite dans sa maison un certain Robert Piguet, qui lui, ouvrira sa porte à un jeune qui débutait dans le métier du nom de Christian Dior (Suivi par Hubert de Givenchy). un des nombreux exemples de filiation que cette activité a généré au cours des années
L’exposition est richement documentée par les documents et photographies qui viennent illustrer le fonctionnement de cette maison où des milliers de personnes oeuvrent au quotidien : de l’atelier de couture à celui d’emballage, en passant par l’atelier du photographe, jusqu’aux luxueux salons qui accueillent une clientèle internationale.



L’exposition met en valeur le nouvel âge d’or de la maison, au début du XXe siècle. Sous la direction de Jean-Philippe et Gaston Worth, la maison poursuit son expansion. À cette époque, la mode fait un retour au style du Premier Empire, tout en répondant aux nouvelles aspirations de la société avec des silhouettes plus épurées, à la fois droites et fuselées. La maison s’affirme par ses créations, soutenues par la presse spécialisée, notamment La Gazette du Bon Ton.
À partir des années 1920, les fils de Gaston, Jean-Charles et Jacques, prennent la relève. Worth entre alors pleinement dans la modernité. La maison propose à chaque collection de nombreux manteaux, capes, robes de jour et du soir. Le « bleu Worth » s’impose. En 1924, est lancé son premier parfum, « Dans la Nuit », suivi de nombreux autres dont les flacons ont été conçus par Lalique comme « Vers le Jour », « Sans Adieu » et « Je reviens ». L’exposition fait renaître ce dernier grâce à un dispositif olfactif exceptionnel proposé en collaboration avec l’Osmothèque, Conservatoire International des Parfums.
Cette rétrospective est ponctuée par quatre vidéos réalisées, par le journaliste Loïc Prigent, dévoilant les secrets de la confection de quatre vêtements iconiques et les coulisses de leur mannequinage.






De nombreux supports permettent d’appréhender l’époque, films et audios, proposant notamment des stations d’écoute qui plongent les visiteurs dans l’effervescence et le quotidien de ces maisons de couture. Il y a même un parcours enfant, dédié aux 7-10 ans, qui leur propose de vivre l’aventure de la mode en aidant le célèbre couturier à inventer la Haute Couture.
On découvre au long de l’exposition, comment Charles Frederick Worth a adapté les principes sériels de la confection aux formes individualisées de modèles réputés uniques. Il a mis en place la saisonnalité des collections et la pratique des défilés, favorisant la commercialisation et le rayonnement de ses créations à travers le monde entier. Nombreux sont les legs que le système de la mode aura reçus de l’astucieux couturier – vite dépeint par ses contemporains comme un tyran autocrate et génial –, mais aussi de ses fils et petits-fils, souvent effacés derrière la figure du patriarche.
Les créations et modèles, d’un style empire sont très chargés et offrent une bonne vision par son aspect historique. Il est possible que les jeunes générations sortent du Petit Palais avec moins d’idées qu’après avoir vu l’exposition consacrée à Paul Poiret au MAD Paris, moins marquée par le sceau du temps.
Mais les 2 se complètent parfaitement, car on le voit, en dehors de capter l’esprit du temps, il faut des savoir-faire tangibles pour réaliser une robe de Haute Couture ou un vêtement capable de franchir les siècles et grâce au Palais Galliera, partenaire de ces 2 passionnantes expositions, l’histoire ne nous abandonne pas et est brillamment mise en valeur. On peut aussi constater qu’à cette époque ou l’industrialisation n’en était qu’à ses débuts, le tissu et son motif avait une valeur perçue bien plus importante qu’aujourd’hui.

Petit Palais – Avenue Winston-Churchill 75008 Paris – Tel : 01 53 43 40 00
Du mardi au dimanche de 10h à 18h Dernière entrée à 16h30
Nocturnes jusqu’à 20h le vendredi et le samedi Dernière entrée à 18h30
Jusqu’au 7 septembre 2025
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