La rue de Rivoli est une longue ligne droite bordée de lieux colorés, les oeuvres du Louvre d’un coté et les boutiques de colifichets pour touristes de l’autre, qui relie deux lieux ou apprécier la photo de mode en noir et blanc.
Si vous avez été voir l’expo Alaïa/Elgort à la Fondation Azzedine Alaïa, une trajectoire rectiligne peut vous emmener au Jeu de Paume, place de la Concorde ou est présentée la première grande exposition consacrée à Frank Horvat depuis son décès le 21 octobre 2020.
Cette exposition se concentre sur les quinze premières années de sa carrière, de 1950 à 1965, durant lesquelles se révèle une personnalité hors-norme d’auteur-reporter et de photographe de mode. Réalisée à partir des archives conservées dans sa maison-atelier de Boulogne-Billancourt, elle porte un regard nouveau sur l’oeuvre de cet acteur majeur de la photographie
française et européenne. Avec près de 170 tirages et 70 documents originaux, « Frank Horvat. Paris, le monde, la mode » permet de découvrir, à côté d’images emblématiques, des ensembles moins connus ou complètement inédits.
La photographie qui s’immisce en toute discrétion dans les scènes de vie quotidienne
Jeux de regards, spectacles de la nuit, complicité des modèles, mélancolie des corps et scintillement du trouble amoureux racontent un voyage intérieur et dessinent la cartographie introspective d’un artiste animé par une inextinguible soif d’expériences nouvelles.
Si, formellement, les photographies de Frank Horvat obéissent aux codes du photojournalisme de l’époque (les années 50-60), ses choix de thèmes le dirigent d’emblée vers les nuits, les corps et l’intime. En dépit de réalités parfois difficiles, ses images sont empreintes de douceur, le photographe demeurant à distance respectueuse des sujets.
Un photo journalisme au service de la mode
Par l’intermédiaire de William Klein, Frank Horvat rencontre en 1957 Jacques Moutin, le directeur artistique de Jardin des Modes, qui lui propose de transposer le style de ses séries parisiennes à la photographie de mode. Il accepte, à condition de travailler avec un appareil petit format, en lumière et décors naturels, comme en reportage. Les mannequins sont priées d’abandonner maquillage excessif et poses stéréotypées : une méthode de travail qui rompt avec les usages habituels de la mode.
Durant deux ans, ses photographies paraissent dans presque tous les numéros de la revue, où il est rejoint par Helmut Newton et Jean loup Sieff. La fraîcheur de ses images et le naturel de ses modèles fait sensation, et Frank Horvat devient le représentant d’un « style reportage » dans la mode, qu’il poursuit ensuite à Jours de France et Elle.
À l’étranger, Frank Horvat est rapidement perçu comme une étoile montante. Il quitte Magnum qui apprécie peu son mélange
des genres et travaille dès 1960 pour le Vogue anglais aux côtés de Norman Parkinson, Irving Penn et Brian Duffy, puis en 1962 pour Harper’s Bazaar, la plus prestigieuse des revues de mode dont les photographes Richard Avedon ou Hiro sont des stars. Ses mises en scène deviennent sophistiquées et ses mannequins de plus en plus célèbres. Il choisit des personnalités fortes, hors normes ou atypiques.
Tout à la fois portraits de femmes et images de mode, ses compositions font preuve d’une collaboration active entre le photographe et ses modèles, parmi lesquelles Nico, Anna Karina, Maggi Eckardt, Judy Dent, Simone d’Aillencourt, Benedetta Barzini, Deborah Dixon, Carol Lobravico, Vera Valdez, Iris Bianchi ou China Machado.
Le vêtement, si commun et si différent à la foi. Il est symbole d’élégance et habit de lumière comme sur la photo de gauche ou simplement habit de travail comme sur celle de droite qui montre un mineur à la fin de son travail. A l’heure d’IG et de l’IA générative, on retrouve une force humaine dans son style de photo, qui interroge et nous fait réfléchir.
Jusqu’au 17 septembre 2023
Jeu de Paume, Jardin des Tuileries – 1 place de la Concorde – Paris 08