La cour pavée en plein coeur du Marais est calme. Derrière les murs bruisse le souffle d’une activité créatrice, propre à cet endroit, la Fondation Azzedine Alaïa, comme tout au long de l’année .
Vous pouvez y terminer tranquillement votre café, en ce lieu discret, ou un restaurant devrait remplacer le café actuel. Juste là, la haute verrière de cette nef dédiée à l’art, vous attend pour profiter en ces semaines ou Paris se retrouve au ralenti, de la folle énergie que dégagent ces photos noir et blanc qui sont le sujet de l’exposition actuelle.
Les personnages sont figés, mais les esprits bougent, les sourires émergent des daguerréotypes, la vie des années 80 vibre.
Fondation Azzedine Alaïa – 18 rue de la Verrerie – Paris 04 – Exposition jusqu’au 20 aout


Exposition Alaïa-Elgort, la liberté de créer !
Paris au mois d’aout, ne manque pas de ressouces culturelles. Ce lieu de la rue de la Verrerie, est devenu un passage obligé pour tous les fans de mode. Il reste présent dans cet endroit aux volumes si particuliers, cet esprit d’indépendance qu’a si bien exprimé le couturier de son vivant. On a pu découvrir à travers de nombreuses expos, un peu plus sur sa vie, la manière qu’il avait de sculpter le corps féminin, et également ses partenaires dans ce domaine , comme Claude Parent hier et Arthur Elgort aujourd’hui.
C’est à quatre mains, qu’Azzedine Alaïa et Arthur Elgort ont façonné la liberté des années 1980. Au moment même où le couturier voyait son idéal féminin s’incarner dans la rue et par les clientes toujours plus nombreuses, le photographe sortait des studios, s’emparait du mouvement et des villes comme un décor naturel et neuf.
Tous deux ont contribué activement à renouveler la représentation de la femme, désormais affirmée, volontaire, indépendante.
L’exposition présentée à la Fondation Azzedine Alaïa met en regard les photographies intemporelles et essentielles à l’iconographie du couturier, mais aussi des clichés plus confidentiels, avec les vêtements les plus iconiques d’Alaïa.
Cette osmose compose une exposition unique à Paris qui consacre la photographie et la mode dont Alaïa et Elgort orchestraient le renouveau.
Le jeu, l’intuition, la spontanéité font ici oeuvre. L’avenir montra que ce jeu débridé allait signer un exercice de style nouveau dans la photographie de mode, désacraliser les vêtements de créations pour mieux les mettre à la portée de tous.
Versatile n’est pas toujours une qualité, sauf dans cette chapelle de l’élégance et du style. Comme une médaille chaque panneau à son revers et permet de découvrir les milles ressouces de la Haute Couture quand elle est érigée en art.

La rencontre de 2 personnalités
Azzedine Alaïa est né à Tunis, Arthur Elgort lui, à New York. Tous deux ont l’espoir que la pratique des arts officiels les conduira vers leurs destinées. Alaïa mise tout sur la sculpture dont il apprend les techniques à l’école des Beaux-Arts de Tunis, alors qu’Arthur Elgort aspire à devenir peintre et s’inscrit au collège Hunter de sa ville.
Ils découvriront que d’autres voies s’offrent à eux et s’en empareront avec talent et en embrassant les opportunités de cette époque ouvert aux évolutions.
Les chemins d’Azzedine et d’Arthur finissent évidemment par se croiser à Paris. Et à force de séries partagées et conçues par eux pour les magazines, ils se sont reconnus dans l’absence des décors qui pour eux deux, superflus venaient perturber la vision photographique de l’un, les vêtements sculpture de l’autre.
En noir et blanc, les images du photographe se veulent des instantanés. Il préfère l’élan corporel à la pause éculée des mannequins. Il ouvre les fenêtres des studios, y fait rentrer la lumière et fait de la rue son théâtre. Alaïa se reconnaît d’instinct dans la nouveauté de ses images mais aussi dans leur rigueur.
A l’issue des publications on ne sait plus qui fait l’apologie de l’autre. Est-ce la photo si joyeuse qui invite le vêtement à tourner ou est-ce précisément cette mode, caressante et suggestive pour les corps qui cernent les photos de mouvements ?
Les modèles et les mannequins qui traversent les pellicules de l’un, les vêtements de l’autre se trouvent être les ambassadrices de ces expressions nouvelles où deux regards se rencontrent. Linda Spierings, Jeny Howarth, Janice Dickinson, Bonnie Berman, Veronica Webb, Frederique Van der Wal, Naomi Campbell, Christy Turlington, Cindy Crawford, Linda Evangelista, Stephanie Seymour telles les divinités quotidiennes d’un jeu désinvolte ornent de leurs gestes la frise que Alaïa et Elgort ont su dessiner ensemble.
La mise en scène si précise est toujours aussi parfaite dans cet endroit ou règne un calme discret. On peut à l’étage jeter un oeil sur l’atelier d’Azzedine Alaia, dont il a l’air d’être sorti il y a à peine 5 minutes. C’est également l’occasion de voir ou de revoir, hormis les photos pleine de vie, certains des modèles emblématiques du couturier qui savent si bien honorer le corps de la femme.


Azzedine Alaïa de nouveau à l’honneur au Palais Galliera à la rentrée 2023 !
Dix ans après la grande rétrospective consacrée au couturier au Palais Galliera, Azzedine Alaïa (1935-2017) sera de nouveau mis en lumière à travers une exposition qui présentera, pour la première fois, sa collection patrimoniale exceptionnelle qu’il a réunie au fil du temps. Détenteur de plus de 20 000 pièces, c’est une sélection qui sera mise en avant, bien sur, comprenant tous les grands noms de la mode, mais aussi des robes de Robert Piguet.