Avec Dior, la Haute Couture sait toujours faire rêver

Que contient cette malle mystérieuse portée par 2 jeunes éphèbes en livrée au milieu de cette forêt de bambous ? Tout le savoir de la Haute Couture, raconté de manière poétique par le dernier film proposé par Dior et qui remplace les défilés en ces temps ou le numérique déconfine l’imagination. Réalisé par Matteo Garrone, doublement primé à cannes, réalisateur de Gomorra (2008), qui semble un peu loin de l’univers de la Haute Couture, même si dans les salons, les règlements de compte existent, mais aussi de Pinocchio (2019), l’italien a su reproduire cet univers onirique et nous offrir un voyage assez magique dans l’univers de la Haute Couture.
Ouvrez cette malle emblématique et toute une perspective se crée, qui laisse l’imagination s’emballer en voyant ces modèles réduit dont le charme et la distinction ne le sont pas. Au delà des chimères, vestales, sirène et naïade, ce film laisse un beau rôle à toutes les petites et premières mains qui savent se pencher avec précision et abnégation sur une robe à nulle autre pareille.  » Le cinéma est un art à la fois créatif et artisanal, travail d’auteur et travail choral. Très similaire au savoir-faire de la mode », explique Maria Grazia Chiuri, à l’occasion du dévoilement de cette collection haute couture automne-hiver 2020-2021.

« La malle est un objet magique, le pôle d’un champ magnétique duquel irradient des forces singulières. Un écrin merveilleux où un essaim de talents s’affaire activement à la finition des virtuoses créations haute couture qui seront portées par des mannequins miniatures. Ces tenues sont disposées dans une grande malle symbolisant l’adresse iconique de Dior : le 30, avenue Montaigne  » nous indique la marque sur son site.

Le film ne comporte pas d’effets spéciaux. Proche par sa conception d’un travail de mise en scène d’un défilé, il utilise avec précision la lumière, la musique et utilise toutes les ressources du maquillage pour donner cette atmosphère onirique qui évoque un territoire mythologique fabuleux.

https://www.dior.com/fr_fr/mode-femme/defiles-haute-couture/collection-haute-couture-automne-hiver-2020-2021

Pour ceux qui vivent dans l’instant présent, la vidéo de la collection printemps-été 2020 est à leur disposition. Présentée lors d’un défilé qui avait à l’époque une conception classique, un public assis sans distanciation sociale et sans et masque la collection prêt-à-porter printemps-été 2020, imaginée par Maria Grazia Chiuri s’est inspirée des photographies de Catherine Dior – la sœur de Christian Dior – la montrant parmi ses fleurs, dans son jardin, sa passion. C’est une jardinière au sens le plus complet et le plus profond du terme, une femme libre, indépendante, agissant en harmonie avec le souffle de la nature et le cycle des saisons. Une situation qui peut se rattacher à celle que nous vivons actuellement, vivre en respectant la nature, redevenir une paysanne, même si chez Dior on est plutôt enclin à situer son jardin bordant l’avenue Montaigne. Des collections qui s’inscrivent dans la lignée de celles conçues depuis plus de 70 ans.

Devant ces nouvelles expression que propose le digital, on aura une pensée pour toutes les fashionistas qui n’auront pu se glisser dans les salles surchauffées des défilés, les influenceuses qui ne pourront se lancer dans une bataille de like après leurs « reportages »depuis leurs front row pour les plus connues, le standing pour celles encore en catégorie espoir. Mais aussi aux petites mains, à qui l’excitation du jour J aura manqué, quand il fallait ajuster une broderie dans l’escalier de la maison de couture juste avant que la mannequin se lance. Aux mannequins, qui justement ne seront pas venus d’un pays de l’Est ou de Londres découvrir Paris entre 2 démarches au pas d’un petit soldat, car l’étape de casting s’est faite dévorer par le numérique. On appréciera que défilé ou pas, une maison de couture, au delà de son sens du commerce, conserve sa volonté créative qui nous permet de profiter aujourd’hui d’un projet cinématographique aussi abouti et porteur de sens. Une marque qui, autre symbole des temps modernes, a perdu son prénom.