La mode est parfois pavée de bonnes intentions qui se révèlent à la longue comme de vulgaires illusions. Entre les vraies bonnes affaires et les fausses réductions, entre la fast fashion et son vrai mauvais impact sur les ressources de la planète, il ne faut pas se laisser embarquer par une richesse de l’offre que propose quelques impasses. Le Tranoi rassemble plusieurs fois par an, avec une généreuse diversité, des créateurs en provenance de tous les continents, qui comme cette fresque de vrais sacs épinglés montre que l’énergie de ce salon dans sa volonté de découvertes et de scouting de jeunes marques.
Parmi les nombreuses sollicitations qui s’offrent à notre regard, il faut faire le tour du produit, mais aussi jeter un oeil à l’intérieur, sur l’étiquette, sur les matières qui peuvent donner un indice quant aux ambitions des marques de proposer une mode ayant du sens ou au delà du faux semblant, juste être présentes pour faire un acte commerçant. Il y a heureusement plus de bonnes surprises que de mauvaises, car de jeunes marques portées par une énergie créatrice qui ne sonne pas faux, offrent des initiatives galvanisantes.
On peut donc se rejouir de découvrir chez Fuzz, cette fausse fourrure qui a la douceur et l’aspect de la vraie. Fuzz est une marque créée depuis Genève, ce qui me fait plaisir, par une jeune femme Nadja Axarlis qui a ressenti dans son entourage un besoin de luxe durable et conscient. La particularité de ces vrais modèles en fausse fourrure, c’est qu’ils sont fabriqués sur des vraies machines de fourreurs dans un atelier parisien. Celui en vison propose une illusion parfaite. La mention qui affirme que cette fourrure est fausse, et suffisamment réelle pour que vous puissiez vous faire apostropher dans la rue par une personne qui toute embêtée ou surprise, va vous signaler que vous vous êtes faites taguer dans le dos ;). La fausse fourrure donne aussi cette possibilité de glisser un trait d’humour dans son vestiaire et de profiter du confort d’un luxe plus décontracté. Cette marque se retrouve dans la mouvance actuelle qui tend à abandonner l’usage de la vraie fourrure, mouvement qui vient de voir un nouvel acteur, cette fois la ville de San Francisco, prendre la décision ferme d’interdire la vente de fourrure neuve dès janvier 2019.
Ce faux qui prend le pas sur le vrai, on peut l’associer à de l’authentique. Comme le cachemire par exemple. Cette matière que l’on a l’impression de croiser à chaque coin de rue désormais, comme si les chèvres étaient aussi nombreuses que les jonquilles au printemps n’est pas associée à la maltraitance des animaux. Mais il faut en connaitre la filière pour mieux en comprendre la valeur. Les modèles de Christina Krämer, de naissance allemande mais désormais installée à Zurich, proposent des couleurs naturelles et la vraie douceur de son toucher n’est pas une fausse promesse. Les modèles sont fabriqués au coeur de la Mongolie, dans un atelier spécialisé dans le tissage de cette fibre naturelle. La qualité de ses produits à incité la créatrice à concevoir sa propre gamme de soins pour garder douceur et tenue sans s’effilocher. La ville de Zurich recèle un potentiel de créativité plus important que son image laisse à penser, car elle est vivante sur le coté mode ( voir l’article qui lui est consacré) et également sur le coté tech (voir cet autre blog). Le cabinet Mercer vient de la classer seconde ville du monde pour la qualité de vie. Dans cette ville vous pouvez également découvrir les vrais cuirs d’YvY.ch, concu par Yvonne, jeune designer Suisse qui a fait de ces accessoires en cuir des éléments qui habillent le corps féminin d’une vraie élégance.
Dans le hall central du Tranoï, on pouvait retrouver Aphid London, jeune marque londonienne, qui fut une vraie découverte 2016. Cette fois, descendue des sous-pentes du salon, elle avait sa place dans le grand hall pour y présenter sa ligne moderne aux reflets délicatement futuristes, coupée dans des matières enduites de modernité. Un vestiaire féminin, dynamique, pour une jeune femme qui aurait envie de jouer à Chapon melon et Botte de cuir, version 5 ème éléments. Cette mode de Londres nous propose aussi une carte plus softpower féminin, avec Edeline Lee, jeune designer sortie de Central Saint Martin qui a dessiné un vaste vestiaire ou la féminité n’est pas une fausse impression avec une ligne légère, concrétisée par l’usage de ce tissu, le free buble jacquard, qui donne une vraie fluidité à ses robes.
L’italie est venue avec ses gammes de couleurs de l’été, entre Toscane et les Pouilles, pour nous faire oublier ce faux printemps et penser déjà au vrai été qui va pointer son nez (enfin on espère) . Ici c’est discussion en terrasse, ballade autour du Colisée et look coloré de la marque Peech dont le designer Amadéo Piccione qui propose ses modèles en soie avec d’éclatant dessins et imprimés qui peuvent se porter en total look ou de manière plus sobre sans faire mauvaise impression. La marque décline un vestiaire très graphique, qui va à presque toutes les tranches d’âge pour des vêtements dans de belle matière (soie) qui se portent avec une vraie légèreté.
Certaines marques ont une vraie conscience de l’enjeu des ressources naturelles lorsque l’on parle production textile. Ovide, jeune marque française sur laquelle on reviendra, a poussé sa réflexion jusqu’à concevoir ses vêtement en matériaux vegan afin de trouver des alternatives permettant de limiter l’ impact sur la planète, préserver l’environnement et soutenir la protection des animaux. Le blouson n’est pas en cuir, mais en liège. Il a un vrai style de perfecto et une allure sans faux semblants.
En mai 2018 sortira une vraie innovation. Le sweat et t-shirt à message. A ce sujet vous allez dire que c’est déjà vu, écrire cela est un peu comme une fausse promesse. Mais dans ce cas, l’idée vient de WearTRBL qui a imaginé une ligne textile connectée. Le principe est assez simple. Vous avez un device, un peu comme un kindle, mais ultra fin qui est comme un mini écran souple qui vient se glisser dans une vraie poche placée sur chaque modèle à l’emplacement du torse. Cet écran est lié à une application mobile que vous avez téléchargée. Ceci fait, vous pouvez prendre des photos et elles se retrouvent immédiatement sur cet écran souple ( 20 slides) . Vous pouvez ajouter du texte. Le tout se passe en noir et blanc, ce qui colle plus avec l’idée originale du produit, de faire passer un message. Une vrai touche fashiontech au sein d’un salon plus classiquement fashion. Attention quand même, il est recommandé de ne pas mettre le sweat/T-shirt dans la machine en omettant de retirer cet accessoire électronique. Dans ce cas vous feriez une vraie bêtise ;).
Il n’y a pas vraiment de faux style, il faut juste trouver votre vraie personnalité parmi les nombreuses marques et designers qui aiment créer pour donner un sens à cette mode qui doit tendre vers plus de naturel et moins de faux semblants.