Le créateur de mode belge Walter Van Beirendonck avait choisi la salle Wagram pour présenter sa collection SS23. Cet endroit ou se sont déroulés dans le passé quelques fameux combats de boxe, était plutôt bien choisi, car le créateur a l’habitude de se servir de son sens du graphisme pour faire passer des messages percutants.
Face au enjeux auxquels toutes les générations doivent faire face, climatique, sociaux, territoriaux, il faut dire qu’on a besoin d’une personnalité comme la sienne pour monter sur le ring et faire passer des messages afin de prendre conscience de cet avenir incertain. Sa nouvelle collection affichait comme toujours des couleurs et des graphismes qui impactent, des couleurs qui peuvent paraitre violentes, mais le monde ne l’est-il pas ?
Les silhouettes étaient redessinées avec de nombreuses mini bouées, qui peuvent donner à penser à un extraterrestre ou à un besoin de protection, car elles pourraient servir à amortir les chocs en cas de chute ou de rencontre trop brutales.
Ces mini bouées, sorte d’ accessoires gonflables accompagnaient de nombreux modèles et si la matière peut interpeller alors que les appels à faire disparaitre de la mode, le plastique, se multiplient, ils paraient les silhouettes des mannequins qui traversaient la salle à un pas militaire, activité par ailleurs honnie par Walter Van Beirendonck.
Le design du créateur de mode belge est global, avec des combinaisons de couleurs audacieuses. Des pieds à la tête. A une extrémité, on remarque les paires de chaussures dotées de machoires aux dents accérées. Elles contribuaient aussi à diffuser cette impression de devoir se défendre face à un avenir qui peut devenir hostile. A l’autre extrémité du corps humain, la tête était habillée de filet ou d’une maille qui n’était pas une gentille mantille et accompagnait un maquillage de l’oeil. En effet, l’œil était partout. C’était un message du créateur « We need your eyes to see the future ». L’oeil est important car il nous permet de voir soit au fond de nous même, soit de distinguer à l’extérieur, l’ami ou l’ennemi.
Walter Van Beirendonck fait partie des « Six d’Anvers », les fameux designers qui ont bouleversé la mode belge dans les années 1980. Et ce n’est pas parce qu’il est né en 1957 que ses messages vont devenir moins engagés. Ses créations graphiques sont toujours percutantes avec une manière de traiter avec humour la nécessaire prise de conscience du monde qui nous entoure.
D’habitude en face d’un catwalk bien rectiligne, on découvre le pack des photographes qui vont appuyer frénétiquement sur le bouton de leurs obturateurs pour shootter les mannequins. Mais pour celui qui est encore professeur à Anvers, l’art est plus global et on pouvait découvrir presque caché par un pilier de la salle, un artiste peintre qui dessinait les silhouettes déambulantes en live. Cette authentique oeuvre picturale était réalisée à main levée, en jonglant avec les crayons et les pinceaux qui feront que ces modèles de la collection ne seront pas réduit simplement à exister en pixel dans un quelconque métavers, mais pourront se retrouver dans un bel encadrement dans les archives de l’école ou dans le salon d’un amateur quelque part dans le monde.