Fashion Green Days – Une grande diversité des acteurs engagés pour une mode circulaire

Les Fashion Green Days se sont déroulés les 7 et 8 juillet 2022, avec une innovation notable, l’événement se déroulait sur les quais de la Saône à l’Embarcadère. L’équipe qui pilote ce projet et qui compte de nombreux bénévoles toujours engagés avec une volonté de fer, avait abandonné sa bonne région des Hauts de France pour montrer que oui, on peut et on doit parler de mode responsable et de mode circulaire, partout en France et que pour cela, le plus simple était de créer comme une sorte de tour de France. D’autres régions seront très certainement intéressées par ce type d’événement qui est un peu le poisson pilote de la mode éco-responsable dans l’hexagone.
Aujourd’hui dans cet article l’idée n’est pas de refaire le match, les conférences ont été nombreuses et riches de discussions passionnantes, j’y reviendrai, mais de faire un focus sur 2 personnages qui ont fait leurs apparitions sur scène, grâce aux évocations des intervenants : La cousette et son poisson.

Le cuir marin, une matière qui va vous surprendre avec Ictyos

Aux Fashion Green Days, que je qualifie de poisson pilote de la mode éco-responsable, c’est donc en toute logique que l’on peut en apprendre plus sur le cuir marin. C’est au cours d’une discussion de potes ingénieurs lors d’un diner, des agapes pas plus arrosées que cela, que 3 camarades se sont mis à discuter sur le sujet de la revalorisation des déchets, alors qu’ils pensaient à leurs avenirs.
On connait l’expression, la peau de pêche qui exprime la douceur, la peau de banane, un peu sournoise lorqu’elle se glisse sous la semelle, la peau de vache qui peut vous jouer des tours et désormais grâce à Ictyos, il faut aussi intégrer dans notre vocabulaire, la peau de poisson ou plus noblement, le cuir marin.
Ictyos était présent dans le hall de ces Fashion Green Days comme exposant, pour montrer ces belles écailles aux couleurs lumineuses. Son co-fondateur participait le vendredi à la conférence : Maroquinerie, Coordonnerie … matières végétales et issues de déchets.

Le recyclage pour développer la mode responsable n’est plus un sushi

Ces 3 amis dont Emmanuel Fourault – Co-fondateur d’Ictyos se sont donc lancé dans ce projet qui peut paraitre incensé de faire un cuir marin, en récupérant la peau des poissons dont la chair est utilisée pour le commerce alimentaire. Ces peaux proviennent entre autres des élevages de poisson ou de chaines de sushis. Cela s’appelle du cuir marin, car le mot cuir est réservé à un matériau qui vient d’un animal. L’emploi du mot « cuir » est encadré par la législation française et il ne peut désigner qu’une peau animale.
Dans ce projet de mode circulaire, Ictyos recoit les peaux et les tannent avec des procédés de tannage végétal qui leurs appartiennent. Il y a de nombreuses couleurs et finitions disponibles et leur ambition est de proposer un cuir marin nouveau chaque année. La production est assez rapide, sous 1 à 2 semaines en fonction des finitions demandées et elle participe à l’éclosion d’originalité dans des collections de mode, en décors d’intérieur ou en maroquinerie.

Et si la Silure devenait le nouveau symbole de la luxure

Ce cuir de poisson est comme pour les autres animaux contraint en terme de taille par celle de cet animal aquatique. Aujourd’hui Ictyos produit du cuir à partir de saumon, de truite (une manière de recycler les peaux de ces animaux élevés en bassin désormais) et de l’estugeon. Mais la prochaine cible de la jeune entreprise est la Silure. Ce poisson dont on peut trouver des exemplaires de plus de 2m de long dans la Loire, est une espèce invasive et vorace qui a une peau très lisse et donne une matière pleine et sans aspérité.

Cette volonté de revaloriser les dechets se retrouve évidemment, notamment en maroquinerie, mais ce cuir marin peut donner lieu à des usages particulièrement créatifs auxquels Ictyos est capable de répondre. Le design intérieur offre de nombreuses possibilités et certains projets qui ont vu le jour en ont été un exemple. Le cuir marin d’Ictyos a permis la réalisation d’un hamac, d’une armure pour recréer un chevalier des temps jadis, sans oublier celui qui est le plus évident, l’équipement d’un yacht, ou le cuir marin s’est donc retrouvé presque dans son éléments naturel, la mer.
Ce cuir marin était un matériau déjà utilisé dans le passé. Il avait le petit nom de galluchat. Utilisée dans le mobilier ou en maroquinerie, cette peau de raie tire son nom du Maître gainier parisien, Jean-Claude Galluchat, qui l’utilisait déjà au 18ème siècle faisait de la mode circulaire, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Cette référence au passé n’est pas anodine. Elle fait lien avec le chapitre suivant ou Guénolée nous explique son projet éditorial de l’upcycling au dela des siècles.
Cette matière inspire et pas seulement à Lyon, car à Cherbourg, un artisan, acteur de la mode circulaire, crée une collection de maroquinerie en cuir de saumon.

Cette présence d’Ictyos dans le hall de l’Embarcadère et l’exemple cité ci dessus, montre qu’il y de nombreuses occasions de trouver des innovations utiles dans nos provinces françaises et de montrer que le recycglage des déchets ne se termine pas en queue de poisson. On peut penser également qu’en recyclant la peau de poisson, considérée comme un déchet, on peut en parralèle aider à préserver des espèces sauvages, comme le lézard, ou le serpent qui ne sont tués que pour leurs peaux.

Guénolée Milleret, l’upcycling vu depuis des lustres

Guénolée Milleret est une autrice prolixe dans le domaine de la mode et elle avait toute sa place sur la scène des Fashion Green Days. De par son passé d’archiviste chez YSL et grâce à son métier de professeur de mode à l’ENSAD, elle a une vision holistique de la mode, de ses usages, que pour certains nous redécouvrons aujourd’hui.

C’est elle qui était sur scène pour nous parler de la cousette et elle était présente à Lyon pour parler de son nouveau projet , « Comment l’upcycling a traversé les époques » et à nous en dévoiler grâce à sa vision historique des principes que nous recherchons à mettre en place actuellement, mais qui étaient déjà utilisé par nos arrières grand-mères. Son futur ouvrage nous démontrera à travers les époques, qu’il est possible de retrouver le bon sens d’une mode circulaire et une plus éco-responsable en s’inspirant du passé.
Le projet d’édition est bien avancé, mais si vous avez des idées ou souhaitez prendre contact avec elle pour indiquer éventuellement des sources ou participer en tant qu’entreprise au développement de ce futur ouvrage dont la parution est prévue en 2023, n’hésitez pas à prendre contact avec elle sur sa page LIN par exemple.