L’exposition au Musée des Arts décoratifs de Paris dure jusqu’au 2 septembre. Elle vous donne l’opportunité, amateur d’Hermès ou pas, de découvrir un des créateurs de mode les plus atypiques et mystérieux de sa génération, Martin Margiela, si vous n’avez pu voir sa rétrospective au Palais Galliera (le musée Gallliera est actuellement fermé pour travaux jusqu’à fin 2019.) 

Martin Margiela chez Hermès, ou il a opéré de 1997 à 2003, cela peut sembler un peu le choc des extrêmes. Il a fait partie brièvement de cette bande des 6, tous belges d’Anvers, qui ont réveillé la mode par leurs réflexions et leurs créations avant-gardistes. L’Angleterre leur a même interdit de défiler outre-atlantique à leurs débuts. Mais Margiela chez Hermès, même si cela a un petit coté les Sex Pistols chez la Reine, démontre qu’un talent créatif peut s’inspirer avec bonheur d’un esprit séculaire. Coté simplicité, les 2 maisons avaient une philosophie commune et s’appuyant sur des matières nobles, Martin Margiela gardait les sacs plastiques pour ses propres collections, le designer a établi pour la maison de la rue Saint Honoré des collections monochromes ou l’accent était mis sur le toucher et les coupes innovantes.

De 1997 à 2003, accompagné par l’expertise du studio et des ateliers de la maison Hermès dont il partage les valeurs, Martin Margiela instille, à travers douze collections consécutives, une vision cohérente et profonde d’un luxe contemporain. Confort, intemporalité, sensualité, authenticité sont les maîtres mots définissant sa vision de la femme Hermès associée à un style épuré. La nouvelle palette de couleurs sobres et monochromes qu’il impose s’éloigne de l’univers coloré des imprimés Hermès et suscite l’étonnement auprès de la presse.

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Martin Margiela fait partie des premiers stylistes à avoir radicalement bousculé et renouvelé l’univers de la mode. Avançant à contre courant de la mode du star system, il avait imposé la blouse blanche dans son entreprise pour privilégier la notion d’équipe, l’étiquette blanche sans nom cousue sur ces modèles devint son emblème et plus fort encore, il refuse les interviews. Il a quitté depuis son entreprise et seuls quelques connaisseurs ou fins limiers savent quel chemin il a emprunté désormais. Le Directeur Artistique actuel de cette maison est John Galliano qui a pris donc les habitudes de discrétion en vigueur chez MMM, loin des lumières un peu aveuglantes qu’il propageait lorsqu’il était chez Christian Dior. 
Aujourd’hui l’impact est encore plus grand car on sent poindre une réflexion globale sur le monde de la mode, industrie la plus polluante derrière le pétrole et si on ajoute le mauvais bilan social (Rana Plana entre autre), on prend conscience que le designer avait déjà une vision novatrice en utilisant des matières recyclées ou en proposant des vêtements déconstruit qui multiplient les usages

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Comme un fleuve bordé de 2 rives aux paysages différents, vous avancez dans une exposition dont le code couleur, orange ou blanc, vous indique à quelle maison étaient destinées les créations présentées. L’ensemble se déroule dans une succession de séquences thématiques de plus de 100 silhouettes, de photographies et de vidéos. C’est la première fois que le Musée des Arts Décoratifs s’intéresse à un fait majeur de l’histoire de la mode, quand un créateur se dédouble entre sa collaboration pour d’autres Maisons et la sienne.

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 L’exposition au Musée des Arts Décoratifs rend  ainsi hommage à deux profils très différent qui composent cette mode qui rayonne depuis Paris. Martin Margiela, qui avait donné le nom de Réplica à une de ses collections, a décliné ce nom pour sa ligne de parfum, pour laquelle, il avait mis en place une opération de personnalisation bien dans l’esprit de la maison, plutôt artisanale et absolument pas industrielle. 

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