Les notes claquées d’une musique de flamenco pouvaient surprendre sous les 17 mètres de hauteur de la Cathédrale Américaine de l’avenue Georges 5. Mais on le sait, la mode est une des activités qui peut se permettre de mélanger les genres avec bonheur.
La cathédrale américaine a vu sa construction débuter en 1881, mais en ce mois de février 2023, elle nous a accueilli pour découvrir Juana Martín. La créatrice espagnole présentait son deuxième défilé au sein du calendrier officiel parisien de la Semaine de la Haute Couture, matérialisé par sa collection » Orígenes « , une ode à ses racines espagnoles et flamenco.
La mode espagnole s’inscrit dans une démarche contemporaine, sans négliger ses racines
Après ses débuts en juillet 2022 avec la collection « Andalucía », Juana Martín a proposé le 26 janvier au calendrier officiel de la Semaine de la Haute Couture de Paris sa proposition « Orígenes »qui reflète les débuts de son travail dans les tissus et les imprimés, et offre un résultat fidèle à son style flamenco, avec une touche plus avant-gardiste.
Inspirée par ses étés à Malaga, un lieu qui a vu naître nombre de ses processus créatifs, Juana Martín revient dans cette ville pour créer « Orígenes ». Le bleu de ses plages, de ses habitants et l’harmonie de sa terre sont incarnés dans cette collection qui, selon les mots de la créatrice, « est conçue pour une femme élégante et transgressive, qui ose faire un pas de plus vers l’évolution et le développement personnel« .
Cette collection montre l’essence des créations de Juana Martín, tant dans la palette de couleurs basée sur des tons noirs et blancs, que dans l’utilisation de volumes, de broderies, de volants et bien sûr, de pois. L’innovation en matière de tissus et la présence abondante de cristaux se distinguent dans cette collection, les cristaux brodés et les cristaux en filet, créent des mailles qui recouvrent le corps de la femme sensuelle, audacieuse et provocante.
Une diversité d’étoffe, du jean au strass, broderies, dentelle, volants, mousseline transparente… la femme espagnole joue sur une féminité alerte et nerveuse, flamenco oblige, mais dont la sensualité ne s’égare pas dans les nombreux volumes proposés, très haute couture, par les différents modèles.
On reconnait aussi une ode à la nature, qui devient un thème récurrent pour ce secteur d’activité, avec des motifs de fleurs ( feuille, pétale…) qui s’associaient à la décoration florale de la nef.
Juana Martin, créatrice de mode invitée à défiler à Paris profite de ce lieu étonnant, une cathédrale américaine, pour passer sous les feux des projecteurs de la Haute Couture et solliciter l’attention des dieux de la mode, certainement présents à Paris, toujours centre du monde de cette activité. Ses précédents défilés avaient eu lieu à Madrid car la créatrice ne veut pas négliger le made in Spain et défendre la confection espagnole. Ce pays si proche de nous s’inspire de ses sources latines, mais sait aussi travailler dans un vrai style contemporain. Il suffit de voir ce que fait Oteyza dans la mode masculine ou Pyratex, jeune start-up madrilène qui conçoit des tissus innovants.