Hors des blockbusters propulsés par une tornade médiatique, ou un algorithme programmé, on peut très bien passer un excellent moment en regardant un court métrage ou on retrouve des personnages aux caractères marqués, des situations originales, une mise en scène audacieuse, des silhouettes habillées de vêtements uniques. C’est ce qui se passe dans la mode avec LA CAGE. Cette jeune marque qui était à SPHERE, un salon qui fait émerger des jeunes marques créatives depuis les sous-sols du Palais de Tokyo, a proposé au début de l’été sa collection inspirée par le cinéma.

LA CAGE est un studio créatif qui se préoccupe avant tout de la trame. Car la trame est la clé des étoffes, mais aussi celle des contes, des histoires et des songes. Toute idée chez ce duo prend forme avant tout grâce à un scénario, en travaillant sur une idée de film (on dira donc plutôt de court métrage, ce qui est du aux moyens disponibles du duo et non d’un manque d’ambition) qui définit une histoire, des personnages et leurs vestaires.
Leur dernière collection montrait le film d’un musicien dont la silhouette proto hippie se découpe sous le L de Hollywood, écrasé par le soleil blanc du Los Angeles des années 60. À travers la figure de Eden Ahbez, c’est tout une mythologie de l’uniforme qui se déploie dans cette collection aux allures de docufiction onirique. Enfant boyscout, jeune homme en tunique indienne, voyageur dont le vagabondage marque les vêtements, chanteur portant sur scène un costume épinglé de porte-bonheurs glanés sur les routes. Autant de souvenirs fantasmés qui réinventent la garde-robe des errants magnifiques.

LA CAGE, écrit un scénario qui met en scène, des vêtements aux caractères marqués
Collection LA CAGE
LA CAGE, écrit un scénario qui met en scène, des vêtements aux caractères marqués
Collection LA CAGE
LA CAGE, écrit un scénario pour une mode masculine créative
Collection LA CAGE

Un duo sorti de l’école Duperré

C’est un duo, Victor Koehler et Victoria Baia qui a fondé́ LA CAGE, alors qu’ils étaient encore étudiants à l’école Duperré. En 2023, ils décident de commercialiser leurs créations. Inspirés par le cinéma des années 90 et notamment par David Lynch, les créateurs revisitent les codes traditionnels du vêtement, notamment des uniformes de parade et cérémonie, pour créer un vestiaire engagé. Fabriquées en France, les pièces de LA CAGE sont le fruit d’un savoir-faire artisanal et fait-main, en parfaite adéquation avec leur démarche. En octobre 2024, ils ont été finalistes du 39e Festival International de la Mode d’Hyères.
Ces jeunes créateurs ont une approche qui leur permet de casser un peu les codes, de montrer des mannequins de tout âge, car ils veulent avant tout raconter une histoire au travers des vêtements qu’ils imaginent. Ils ont démarré en réutilisant des vêtements de l’armée en deadstock, mais gardent à l’esprit leur volonté de proposer une mode homme avec des formes que l’on reconnait tout de suite, comme le costume, la chemise…et que l’on retrouve dans des magasins de mode masculine. Passionnés par l’usure et la patine, ils intègrent dans leur démarche le principe de l’usure naturelle par le temps ou les intempéries, pour donner à leurs looks cette patte qui leur est propre.

LA CAGE, écrit un scénario pour une mode masculine créative
Collection LA CAGE
LA CAGE, écrit un scénario pour une mode masculine créative
Collection LA CAGE
LA CAGE, des vêtements pour une mode masculine créative
Collection LA CAGE
LA CAGE, des vêtements pour une mode masculine créative
Collection LA CAGE

La matière est aussi transformée par le scénario…. du temps

Le fait de travailler en partant de cette idée de scénario, leur permet de concevoir des pièces, uniques ou en petite série, qui ont une dimension au temps spécifique. Le duo a une approche originale et créative vis à vis de la matière. Même s’il y partent de tissus en dead stock, ils passent beaucoup de temps à la chercher et celles qui les intèressent, ils les retravaillent. Leur approche créative les a amené à enterrer des tissus pour voir comment l’évolution du temps dans ces conditions faisait évoluer une matière. De la même manière, coté couleur, certains modèles en petite série sont teints, puis conservés plusieurs mois au soleil afin de leur ajouter une décoloration créative, ce qui leur donne une patine particulière propre à leurs vêtements. Tous leurs modèles arrivent dans leur atelier à Paris ou est effectué le travail de finition, brodés, décorés, on a même envie d ‘écrire « performés », tellement ces créatifs, qui savent coudre et qui maitrisent la trame d’un tissu, ont la volonté de leur donner ce look propre à l’esprit de LA CAGE. Cette vision est un atout qui leur permet de la proposer à d’autres marques, leur permettant, au delà de leurs propres collections, de creuser leur sillon créatif.

A découvrir par l’image et par le son

Un épisode du podcast DECOUSU, un podcast qui dénoue le fil de la haute couture et de la mode est consacré à LA CAGE. Il y a dans la mode une sorte de réservoir à fantasmes créatifs, un puits sans fond de rêves exaltés. Sans langue de bois mais sans dramatisme stérile non plus, le duo fondateur présente les étapes qui ont jalonné leur parcours et celles à venir. La fougue créative qui les a poussé sur leur voie est un trésor fragile qu’ils maintiennent et désirent garder au cœur de leur pratique. Le nom de la marque n’est pas expliqué en détail, mais il vient du nom d’un livre écrit par un écrivain oublié aujourd’hui, ce qui complète l’idée que ce duo, introduit cette notion du temps dans leurs réflexions.
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