Tout le monde a dans l’esprit cette mise en scène particulière des escaliers de la Galerie Dior. En réalité ou grâce aux nombreuses photos vues dans la presse, elle exprime par cette palette de couleurs et cette suite d’objet en format maquette, un Diorama multicolore, symbole de ce que peut apporter la Haute Couture en terme de design et de création : un univers d’excellence.
Mais il ne faut pas s’arrêter à cette mise en scène, certes spectaculaire, mais qui peut faire un peu vitrine de Nöel, tout au long de l’année. La Galerie Dior est en lieu ou se croise l’histoire d’un homme, mais aussi d’une marque (Christian Dior n’a dirigé sa maison de couture que de 1947 à 1957) et celle d’un secteur d’activité qui représente parfaitement le luxe à la française. Au fur et à mesure que l’on découvre les espaces, avec des jeux de lumières et de matières qui font évoluer les ambiances, on prend conscience que la création dans la Haute Couture s’exprime grâce à la diversité des créateurs. Ceux qui sont passés par le 30 avenue Montaigne et qui ont succédé à Christian Dior portent les noms de : Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et Maria Grazia Chiuri.
Ils ont conservé au delà du style; l’excellence des métiers d’art, nécessaire à la Haute Couture, les savoir-faire si particulier, le choix de belles matières, le travail des équipes spécialisées dans le flou, la broderie, les accessoires.
Qui sait apprêter une robe de soirée accroupie dans les escaliers en quelques minutes ? Les petites mains de chez Dior, quand il faut faire une modification de dernière minute lors d’un défilé alors que l’hôtel de l’Avenue Montaigne déborde d’une affluence internationale et qu’on a réquisitionné tous les espaces disponibles. Cela fait partie des bons souvenirs de ces femmes aux mains d’or, avec qui j’ai eu l’occasion de discuter un jour et qu’elles m’ont partagé.
En dix ans de 1947 à 1957, Christian Dior révolutionne les codes de l’élégance et de la féminité,
Si Christian dior a commencé dans les combles de l’immeuble du 30 avenue Montaigne, les choses ont depuis bien changé. Désormais métamorphosé, sublimé, ce « refuge du merveilleux », cœur battant de la maison Dior depuis sa fondation, se réinvente et accueille La Galerie Dior, qui témoigne de l’audace visionnaire de Christian Dior et de ses successeurs.
La visite, dont l’entrée est située au 11 rue François 1er, permet de faire un voyage d’exception dans un lieu qui a vu éclore, pendant plus de soixante-dix ans, les collections de la maison Dior, à commencer par l’iconique New Look, qui incarne l’attitude d’une femme qui revendique sa féminité. Rayonnante, affirmée, consciente de son pouvoir de séduction, lancée en cette période d’après-guerre et de reconstruction.
La Galerie Dior rend compte de la singularité de cette Maison qui, plus que toute autre, a conscience de la richesse de son passé. Chacun de ses Directeurs Artistiques n’aura eu de cesse de s’en nourrir afin d’exprimer son époque et révéler, comme le déclarait Christian Dior, les « aspirations secrètes des femmes« .
Les premiers modèles
Par un récit scénographique unique, La Galerie Dior symbolise à elle seule l’esprit de la Haute Couture parisienne autant qu’elle perpétue la mémoire de cette adresse historique, en dévoilant des modèles, des croquis originaux et des documents d’archives, mais aussi des accessoires et des pièces d’exception, pour la plupart exposés pour la première fois. Les multiples sources d’inspiration sont mises à l’honneur: de la splendeur des jardins à la somptuosité des bals, de la beauté des gestes des petites mains aux affinités artistiques; chaque espace évoque l’une des nombreuses facettes du patrimoine inestimable que la maison Dior conserve précieusement depuis sa fondation et continue d’enrichir.
La Galerie Dior présente l’essence du style Dior à travers plus d’un millier de créations, datant de 1947 à nos jours, mais également les premiers modèles, qu’il a réalisé (entre 1937 -1939) comme modéliste, lorsqu’il était dans la maison de Couture de Robert Piguet le plus parisien des couturiers Suisse, maison de couture qui a également accueilli Hubert de Givenchy et Marc Bohan, dont on sait que ce dernier a fait de nombreuses années à la tête de Dior après la disparition du fondateur.
La Galerie Dior exalte le corps féminin
« Une robe telle que je la conçois est une architecture éphémère destinée à exalter les proportions du corps féminin. » -Christian Dior Paris, le 12 février 1947-
La Galerie Dior vous permettra de voir ou revoir l’incontournable tailleur Bar, reconnaissable à l’extrême finesse de sa taille embrassée, à ses épaules douces, ses basques au galbe accentué et sa jupe évasée, qui apparaît pour la première fois en 1947 et devient le symbole du New Look. Le style Dior est né et affirme le désir de Christian Dior de rendre les femmes « non seulement plus belles, mais plus heureuses« . Ses croquis révèlent, soulignent les courbes féminines: toute création est pensée pour sublimer le corps en mouvement. Le sens du détail allié aux constructions virtuoses de Monsieur Dior, qui se rêvait architecte avant d’être couturier, se retrouve dans les nombreux modèles présents dans les différents espaces.
De galeriste à couturier, l’art a toujours été présent dans sa vie
Témoin de tant de défilés, le 30, avenue Montaigne, que Christian Dior comparait à une ruche, est un lieu de mémoire qui a vu d’illustres invités se disputer les marches de son grand escalier, déambuler dans ses alcôves et ses salons. Ce point cardinal des désirs du couturier et du bonheur de toutes les femmes porte en lui l’esprit d’une Maison qui raconte l’histoire de la mode du 20è siècle autant qu’elle continue d’en écrire les pages.
Christian Dior forge une amitié fidèle avec Salvador Dalî, figure du surréalisme, le poète Jean Cocteau, l’illustrateur René Gruau et le peintre Christian Bérard. Ce dernier, aux côtés de Victor Grandpierre, participera activement, par ses conseils avisés, à la décoration du 30, avenue Montaigne et de sa boutique Colifichets. Devenu couturier, Christian Dior lie la mode à cette fascination plurielle et insuffle dans ses collections la magie de la musique, de la littérature ou encore de l’architecture, une démarche créative perpétuée par ses successeurs. « La couture est avant tout un mariage entre la forme et le tissu« , précisait Monsieur Dior.
La Galerie Dior montre comment la couture et les arts ont pu s’enrichir mutuellement. Grace à sa passion pour les arts, mais également pour les fleurs. Avant même qu’il n’esquisse ses premiers croquis, Christian Dior vouait une passion inconditionnelle à l’art sous toutes ses formes, mais également à la nature, à sa beauté envoûtante. Aux côtés de sa mère, Madeleine, dans le jardin de la villa familiale, à Granville, le jeune Christian enrichit ses connaissances en botanique parmi les roses. Quelques années plus tard, à Paris, alors qu’il est étudiant à Sciences Po, il est fasciné par les courants d’avant garde, à l’image du cubisme, et fréquente les artistes et les intellectuels de son époque.
Cela l’inspirera lorsque la Maison Dior, comme toutes les autres, Robert Piguet à par exemple conçu Fracas avec Germaine Cellier, déclinera son identité dans le monde du parfum avec Miss Dior. Ce parfum iconique, qui se distingue par son flacon gravé du motif pied-de-poule, ne cesse depuis de se réinventer. Miss Dior était également le surnom de sa soeur, grande résistante.
« Quoi que vous fassiez – pour le travail ou le plaisir – faites-le avec passion ! Vivez avec passion … « . Un mantra parfaitement exprimé par cette Galerie Dior à l’ésthétique de très haut niveau, et que chacun doit essayer de suivre à son niveau. Il faut reconnaitre que le sens du détail est l’apanage de cette profession de la Haute Couture.
Là ou les surpiqures du marketing du luxe apparaissent de manière trop visibles et peu au niveau sont celles que vous pourrez apercevoir coté cuisine, au Café Dior, ou exerce Jean Imbert, le cuisinier plus star sur Instagram que dans ses multiples cuisines. Le cappucino, au demeurant très bon, voit son prix (un nombre à 2 chiffres) se faire encore plus mousser que celle délicieuse qui compose la corolle de cette agréable boisson.