À partir de février 2019, le Musée Yves Saint Laurent Paris présente, sur la totalité de ses espaces d’exposition, une sélection inédite d’une cinquantaine de modèles Haute Couture. Au-delà des grands thèmes structurant l’œuvre du couturier, le nouveau parcours abordera particulièrement deux créations majeures d’Yves Saint Laurent : les célèbres robes Mondrian (automne-hiver 1965) et les robes réalisées en collaboration avec l’artiste Claude Lalanne (automne-hiver 1969).
« Révolutionnaire », c’est le terme utilisé par le Women’s Wear Daily pour qualifier la collection automne-hiver 1965 dont le style moderne et avant-gardiste marque les esprits.
Ce succès s’appuie principalement sur une série de robes, inspirées des peintres Serge Poliakoff (1900-1969) et surtout Piet Mondrian (1872-1944). Pour son nouvel accrochage, le Musée Yves Saint Laurent Paris consacre une importante section à la présentation de cette collection et analyse son héritage au delà de l’histoire de la mode.
La collection haute couture automne-hiver 1965 est présentée le 6 août. Un mois plus tôt, alors qu’elle est partiellement achevée, Yves Saint Laurent décide d’en redessiner une large partie et lui insuffle un vent de modernité. En s’inspirant du livre sur Mondrian offert par sa mère, « Piet Mondrian, Sa vie, son œuvre (Michel Seuphor, 1956) », Yves Saint Laurent présente vingt-six modèles inspirés du peintre hollandais (ill.1 à 3) sur les cent six que compte le défilé. Il jette les bases d’une esthétique épurée privilégiant la simplicité de la coupe et la géométrie des lignes. Ces robes vont dès lors modifier les liens entre la mode et l’art, en transformant un tableau en une œuvre animée.
En passant de la toile à la robe, le couturier passe du plan au volume et se livre, tel un artiste, à des variations autour de Mondrian. Le jersey de laine, travaillé en incrustations, ne laisse apparaître aucune couture, permettant à Yves Saint Laurent de transposer la matière picturale en matière textile et de sublimer ainsi le sens de la géométrie du peintre hollandais. En 1931, ce dernier avait peut-être pressenti cette évolution : « Non seulement la mode est le fidèle miroir d’une époque, mais elle est une des plus directes
expressions plastiques de la culture humaine. »
Au-delà des robes Mondrian, le Musée Yves Saint Laurent Paris présentera toute l’histoire de cette collection marquée également par les robes hommage à Serge Poliakoff (ill.5) et par une étonnante robe de mariée en tricot de laine (ill.6 et 7), entièrement crochetée à la main, avec alternance de points en relief et de rubans noués. Inspirée des poupées russes « matriochkas », elle ne laisse apparaitre que le visage du mannequin. Avec cette collection, le couturier a su capter l’esprit de son époque en réalisant des modèles pensés pour être mobiles, gracieux, modernes et où la couleur est omniprésente.
Les robes Mondrian marquent le début du « dialogue avec l’art » que le couturier poursuit avec Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Georges Braque, Henri Matisse, Fernand Léger ou Pierre Bonnard. Le créateur aura une collaboration particulière avec le sculpteur Claude Lalanne d’abord à l’occasion de l’automne-hiver 1969 avec deux robes particulièrement marquantes, et plus tard avec la création de nombreux bijoux sculptures qui accompagnent ses collections. La création de ses collections de mode n’occulte pas son goût pour le théâtre : parallèlement à son activité de couturier, Yves Saint Laurent à créé de nombreux costumes de scène.
Le musée valorise la richesse du patrimoine unique de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.
Le Musée Yves Saint Laurent Paris expose l’œuvre du couturier dans le lieu historique de son ancienne maison de couture, à travers un parcours rétrospectif et des expositions temporaires thématiques présentées successivement. Il occupe l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent durant près de 30 ans, de 1974 à 2002, les créations d’Yves Saint Laurent. Sur plus de 450 m2, une présentation sans cesse renouvelée, alterne parcours rétrospectif et expositions temporaires thématiques.
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[…] vous rendre dans les musées pour admirer le talent des créateurs aujourd’hui disparu comme Yves Saint Laurent dont le musée propose une nouvelle scénographie depuis février 2019. Il y a les défilés ou […]