Lors de ce voyage dans le monde des fripes, vous aller faire connaissance avec Mona, Bassem, Fadi, Abel, Issam, Babeth. Vous allez voyager de Paris au Liban, du Moyen-Orient à Molenbeeck en Belgique puis vous envoler vers Dubaï et revenir terminer ce parcours dans le 9 ème arrondissement de Paris.
C’est une véritable enquête sur le terrain qu’a effectuée l’autrice Emmanuelle Durand dans son ouvrage « L’envers des fripes » pour, comme elle l’explique, « détricoter puis remonter le fil de ses flux mondialisés. des échoppes libanaises jusqu’au point relais vinted français en passant par les entrepôts de tri à Dubaï et en Belgique. Ce récit vivant et incarné propose de suivre les pérégrinations de quelques habits considérés ici comme des déchets là comme des objets convoités« . Ce voyage éclaire avec précisions les méandres de ce marché souvent encore dans l’ombre.
Au cours de cette enquête en suivant le parcours de ces balles de fripes, ficelées comme des rôtis, l’ouvrage propose de nombreux chiffres dont certains sont indiqués ci-dessous. C’est également une aventure humaine avec de nombreuses rencontres au coeur d’une activité qui possède sa propre hiérarchie avec une réalité terrain quelquefois implacable et notamment l’apparition des plateformes numériques qui jouent un rôle d’accélérateur de l’hyper consommation et qui ont créé un nouveau prolétariat du premier et dernier kilomètre remis dans la lumière par un tel ouvrage. Ce dernier permet également de rendre compte des nouvelles formes de travail, de rémunération et de subordination et de voir comment la partie don évolue et diminue en volume et en valeur.
- « À l’automne 2023 la secrétaire d’État chargée de l’écologie Bérengère Couillard estimait que les Français jetaient 700000 tonnes de vêtements chaque année à l’échelle européenne ce serait plus de 4 millions de tonnes de déchets textile qui serait annuellement généré en raison de frein technologiques et économique seulement 20 % de cette quantité démesurée est en mesure d’être recyclé »
- « Entre 1980 et 1995 le montant des exportations mondiales de fripe passe de 207 million à 1 milliard 410 millions de dollars historiquement caritative l’activité de collecte et de recommercialisation du vêtement usagé prends les atouts d’une économie lucrative globalisée et hiérarchisé.«
- « En corollaire avec l’expansion de la fast fashion on découvre le retour de la seconde main au centre des villes avec pas moins de 67 nouvelles friperies à Paris entre 2020 et 2023. »
L’objectif de l’autrice est de faire de ce livre « un camarade de réflexion vous incitant à arpenter les infinies facettes de cette catégorie de textile, dont le statut de déchets ou de marchandises oscile entre inutile ou réutilisable, entre menaces et ressources potentielles, entre problèmes à résoudre et opportunité à saisir« .
Le sujet avait commencé à émerger il y a presque 10 ans (voir le reportage de France Info ) et il a pris de l’ampleur avec l’apparition donc de nouveaux acteurs comme Vinted (leader en France) et désormais, ayant pris une envergure économique notable, il nécessite une réflexion plus approfondie comme le montre l’article de Fashion Network (ou le ? est important) et bien sûr le livre présenté ici.
Cet ouvrage de 165 pages qui interpelle avec justesse et raison est, en dehors d’être bien écrit, parfaitement documenté. Cet ouvrage qui est à mettre dans la catégorie crême, (une allusion que vous sera expliquée lorsque vous lirez le livre), indique au travers des nombreuses notes d’ouvrages qui viennent soutenir les propos d’Emmanuelle Durand, des sources et des études sur des sujets parallèles et associés, dont certains vont venir s’ajouter à ma bibliothèque.
Emmanuelle Durand, anthropologue, veut mettre l’accent sur les « vies sociales » des rebuts, surplus et invendus textiles, appelées souvent les fripes.
Emmanuelle Durand est une anthropologue rattachée à l’Ehess et au LEST (Aix Marseille Université). Elle enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles. Interessée par les filières matérielles, elle part des objets déchets pour documenter les pratiques quotidiennes de travail et de consommation
Un Festival des Réparations qui tombe à pic en Avril
Si on commence à se poser des questions sur le bienfait de consommer des produits de seconde main, alors l’idée de prolonger la vie de ses vêtements reprend tout son sens. Cela tombe bien, le Festival des Réparations va se dérouler les 19 et 20 avril.
La réparation est une activité qui se développe, sans passer par Dubaï ou Hambourg, qui touche autant les entreprises textiles déjà installées que les particuliers qui veulent une action concrête et locale.
Ce prochain festival va faire avancer cette démarche vertueuse.