La mode homme a repris son cycle de show et de démo en Juin 2021 au coeur de Paris ou sur écran. Le digital a montré son impact alors que les instances de la Couture et du Prêt à Porter ont comptabilisé des millions de vues en 2020, année ou seul le digital avait pu monter sur scène.
Aujourd’hui et sans doute dans le futur, défilé et film vont s’associer, se mélanger ou se substituer avec des ampleurs différentes entre un jeune label et des maisons bien établies. Les verdicts des vues ne sera pas à prendre trop au sérieux, car dans certains cas, il faut peu pour passer de la lumière d’un écran de smartphone à l’ombre des réseaux sociaux.
L’équilibre des projets se fait entre des films vidéo qui se font en suivant une trame très scénarisée ou simplement en faisant traverser une carrière caillouteuse à des mannequins, captés par des prises de vues très spontanées ou même la perche du smartphone s’invite en ombre chinoise sur le sol.
On imagine que les bataillons de journalistes qui doivent couvrir ces événements voient des bons coté à cette évolution. Ils gagnent un temps fou à ne plus courir d’un coin à l’autre de la ville en pestant contre le retard des défilés alors que d’un clic YouTube à un clic Viméo, toute distance est abolie. La question reste posée entre le fait de faire un film conceptuel pour exprimer la vision du créateur ou juste une jolie captation qui doit avant tout permettre de voir le produit et séduire les acheteurs ?
Cette année voila une sélection arbitraire, ici de jeunes labels, un peu plus loin de marques connues, qui ont choisit Paris, ville ouverte, le genderless et l’oversized, comme mots en vogue en ce moment, pour présenter leurs créations printemps/été 2022 et voir grand.
Egonlab
Egonlab est un laboratoire créatif souhaitant allier mode et culture sociétale. Le tailoring étant au cœur de leur création, ils souhaitent redéfinir la masculinité dans notre société. Teinté d’ADN punk, leur vestiaire principalement masculin, de par sa conception, s’adapte à toutes les morphologies et à tous les âges. Egonlab se revendique donc comme une marque « genderless » dont la devise est « BE WHO YOU ARE, WEAR WHAT YOU WANT ». Conscients des enjeux écologiques et environnementaux, leur objectif est de créer des pièces uniques et intemporelles par la forme et le design.
Une vision portée vers le futur qui s’inspire du passé, proposant des chemises et des blousons (un modèle qui va plaire aux acheteurs) ultra portables. On remarque l’art de la superposition des matières, double manche et doublure plus longue, l’arrivée d’un col taille XL (ce n’est pas les seuls) et quelques looks très années 70/80. Le costume croisé fait son apparition, largement modernisé et dont la ligne se retrouve aussi chez Dior. Une mode homme plutôt oversized ou la lanière semblent pendre comme le fil qui nous rattache à un passé. On espère pas à celui plus ancien ou les hommes portaient une fraise, comme l’évoque l’un de leurs modèles. Les 2 designers, co-fondateurs de ce label, souhaitent être pluridisciplinaires et intégrer dans leurs réflexions la création musicale et artistique. Ils sont par ailleurs finalistes du prix de l’ANDAM 2021 dont les résultats seront connus le 01/07/2021.
Hed Mayner
Hed Mayner, est un jeune créateur d’origine israélienne. C’est peut-être issu de l’imaginaire de son pays ou le service militaire a une place importante, qui l’incite à nous proposer une mode aux formes amples et pratique avec un vestiaire qui joue avec les formes et les assemblage de vêtements.
Une mode masculine, présentée par des femmes, très nombreuses finalement dans ces défilés, mais qui fait comprendre pourquoi le terme genderless revient fréquemment. Présenté et filmé sur un terrain légèrement plus marqué que vague, le printemps 2022 s’imagine en couleurs sobres, beiges, avec une prédominance de monochrome écru (très tendance pour 2022) et un look qui peut faire penser à des paysans mormons. Une mode homme très intemporelle, qui se veut protectrice avec les manches qui couvrent les mains, des épaules tombantes, des vestes sac, qui au delà de l’aspect pratique ne nous donne pas une vision très optimiste de l’avenir.
On retrouve le costume croisé, à la forme presque classique, qui s’avance sur une musique lancinante et répétitive ajustée aux pas des mannequins. L’ambition de ce designer repéré par la fashion sphère est large comme les bas de ses pantalons. Son t-shirt blanc à 295 $ sur Ssense, en témoigne. Mais son style, qui sait allier modernité des lignes et aspect fonctionnel devrait plaire.
Valette Studio
Pierre-François Valette a lancé sa marque à Paris en 2020, après avoir été formé à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, aux studios Isabel Marant et avoir suivi une formation spécifique à la Maison Saint Laurent. Valette Studio s’attache à réinterpréter le vestiaire masculin dans le respect d’une construction classique sur mesure, qu’elle assouplit afin de leur donner un aspect plus contemporain.
Voila une vidéo de la mode masculine qui commence par un joli portrait… de femme. On trouve une forme de vestiaire masculin emprunt de classicisme habilement exploité par des formes amples et des coupes modernes. Le pantalon est large, il a la taille haute. Les chemises ont des poignets longs et l’ensemble du vestiaire conjugue avec équilibre cet esprit genderless, avec une certaine douceur, ou la maille trouve toute sa place. Le designer valorise à la fois les techniques traditionnelles et les artisans avec lesquels il collabore. La collection est présentée par 3 personnes, plutôt une bande d’ami.e.s d’enfance que fruit d’un casting de saison. Un label qui va peut être imprimer de manière durable sa marque sur le sable de cette mode qui voit passer les vagues les unes après les autres.
Henrik Vibskov
Henrik Vibskov est une marque pluridisciplinaire connue pour ses univers séduisants, ses silhouettes audacieuses et ses croisements avec d’autres formes d’art. Le créateur danois formé à la Central Saint Martins sait jouer de toutes les palettes des arts. Ce designer au sang plus chaud que ne le laisserait penser ses origine d’un pays froid, aime multiplier les formes, les motifs, les silhouettes, dans une approche créative qui a souvent été accueillie dans des musées. Ses défilés, ici celui de 2018, prenaient toujours une forme très événementielle.
Aujourd’hui ce n’est pas un média comme la vidéo qui va le rebuter. Entre pièce de théâtre et performance, son défilé va se présenter à nous, sous un style assez sportwear à forte coloration urbaine. Son sens de l’association des matières donne l’idée que l’upcycling est une tendance déjà comprise par ce designer. Lui aussi défile lors de la semaine de la mode homme en proposant plus de modèles femme, actrices dans un show très scénarisé, parfaitement adapté à ces modèles colorés et sophistiqués qui jouent avec modernité l’oversized.
Le format digital est aussi une manière d’exprimer sa créativité, même si on se doute que les budgets sont quand même une forte contrainte pour les marques et labels plus petits. Les coûts de post-production notamment, les repérages, les déplacements. On peut constater qu’après un saut dans le monde 3 D ( notamment lors de la Helsinki Fashion Week de 2020), les marques conservent des mannequins humains qui n’ont pas perdu devant la caméra cette capacité à déambuler d’une manière automatique, le visage fermé. Malgré cette tendance des mannequins à adopter une démarche robotisée, les robots mécaniques ne semblent pas encore avoir gagnés leurs places sur les runways.
Les défilés, étapes traditionnelles de la mode, sont à suivre sur la plateforme FHCM, avec l’aide de Launchmetrics. Ils ne doivent pas cacher les évolutions que prend cette activité. Entre souci de relocalisation, meilleure durée de vie des produits, (voir Isabelle Marant qui lance sa propre boutique de seconde main), une coalition de marques engagées , mode homme ou femme, est en train de voir le jour. Leurs missions : limiter le réchauffement climatique dû à l’industrie textile. Pour y arriver, les scientifiques sont unanimes : il faut produire beaucoup moins de vêtements et ceux qui restent, on doit les produire bien. Voir l’appel et découvrir les jeunes marques et designer qui s’y impliquent.
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