Ici et jusqu’au 29 octobre, au coeur de cette Joyce Gallery, c’est le domaine des talents de demain, de la création, du savoir-faire manuel. Depuis plus de 15 ans les Grands Prix de la Création de la ville de Paris, récompensent 6 professionnels venus de tout horizon.
Trois grand prix et et 3 talents émergents sont distingués et sont encouragés à développer leurs projets. Une capitale, une ville se doit de rayonner aussi par ses personnalités artistiques, par des oeuvres qui pour certaines sont de véritables oeuvres d’art, par le travail de ses artisans qui savent si bien dominer les matières pour créer des objets surprenants. Ces Grands Prix ont ce mérite particulier, celui de nous rappeler que même si la France se veut une Start-Up Nation, qu’il faut développer nos pépites technologiques, la maitrise d’un savoir-faire, d’un geste, sont des éléments essentiels, pour le rayonnement d’un pays et d’une ville. Le cerveau, sans une parfaite maitrise de la main ne sert pas à grand chose. Les lauréats 2021 incarnent l’éclat et la diversité de cette créativité parisienne.
Pour faire le lien entre les générations, 3 personnalités reconnues présidaient les jurys. Laura Gonzalez pour les métiers d’art, Amélie Pichard pour la mode et Sam Baron pour le design.
Chaque année la Joyce Gallery devient l’écrin ou brille cette lueur intense de la création parmi les colonnades alignées avec une précision de géomètre du Palais Royal. Les talents élus par ce qui s’appelait encore il y a peu, Les Ateliers de Paris, ont fêté leur 10 ans en 2016.
Lucie Touré, fait un travail d’exception en partant d’une feuille de papier
Devant la feuille de papier, certains ont le syndrome de la page blanche. Lucie Touré, jamais, car elle ne va pas noircir des lignes, mais tracer des formes et des volumes particulièrement originaux. Lucie Touré designer papier fait partie des Talents émergents 2021.
Dès son plus jeune âge, elle s’est passionnée pour l’origami. Puis elle a intégré en 2006 l’École Duperré, passe un diplôme de métiers d’art en broderie puis entre en 2008 à l’EnsAD Paris où elle se forme pendant quatre ans au design textile et matière.
Ayant peu d’appétence à faire du design assise derrière un ordinateur , elle a rejoint un atelier de broderie après quelques expériences dans le monde de la mode, puis s’est lancée en freelance. Ce parcours lui permet de se frotter à différents secteurs, de développer des expérimentations autour des matières. Le papier devient peu à peu son terrain de jeu favori. Elle décide de s’y dédier en 2018 en montant son entreprise.
Cette année-là, elle entre également en résidence aux Ateliers de Paris. « Mon objectif était d’installer mon univers, de rendre le papier méconnaissable en l’associant à des techniques issues du monde du textile. Je voulais le rendre utilisable aussi bien en architecture d’intérieur que pour le vêtement, l’accessoire, les décors de vitrine… avec toujours un angle très luxe. », explique-t-elle. On découvre parmi ses créations très architecturées, celle faite pour Guerlain. Le parfumeur lui commande 7000 parures pour habiller un flacon de parfum proposé en édition limitée. Elle prépare actuellement des panneaux destinés à décorer un paquebot.
Ces panneaux décoratifs de formats ronds, sont composés de broderies de fleurs en papier découpées et peintes à la main, auxquels s’ajoutent des perles en verre facétées.
Un travail lumineux et splendide qui révèle à chaque fois, des richesses de précision et de surprise. Les designers qui travaillent le textile ou d’autres matières plus surprenantes font partie de ceux qui vont le plus loin dans l’esthétisme et la capacité à révéler les ressources insoupçonnées de ces matières. On pense à d’autres designers, passés également par les Ateliers de Paris, comme Charlotte Kaufmann ou le délicat travail de Laurence Aguerre.
MaitrePierre
Diplomé de la Cambre à Bruxelles, assistant styliste chez JPGauthier, passé par Chanel et Acné, créateur de costume pour le cinéma, Alphonse Maitrepierre a décidé d’écrire un scénario sophistiqué et contemporain pour son défilé dont certains modèles sont toujours les acteurs immobiles à la Joyce Gallery. Féru de technologie, il joue les geeks, sans perdre de vue le savoir-faire manuel, et s’amuse à croiser les codes de la Haute Couture en les confrontant à des références plus contemporaines.
Un sac étiré sur un ordi, un cuir vert fluo en stock, l’upcuycling s’invite naturellement dans sa démarche, pour donner forme à un sac en forme de manette de jeux vidéo, comme l’explique Numéro.