On ne parlait pas encore à cette époque avec le sens de ces mots raccourcis qui font moderne, de « collab », qui aujourd’hui irriguent le monde de la mode et des arts ou du commerce. Mais l’exposition rue de Verrerie dans ce qui était les ateliers d‘Azzedine Alaïa nous fait faire un vrai retour au source. Pas sûr que l’idée commerciale soit la première motivation de cette entente cordiale entre 2 personnages qui avaient dans leurs domaines respectifs créé leurs entreprises après avoir traversé la méditerranée.
Une autre pensée sur la mode : la collection Tati
Vous avez jusqu’au 5 janvier pour aller découvrir dans ce lieu magnifique, comme préservé au coeur du Marais, l’exposition qui présente la collaboration entre Azzedine Alaïa et la marque de Barbés. Olivier Saillard en est le commissaire ( il s’était occupé de l’exposition du designer à Galliera quand il en était le directeur) et il explique dans le document explicatif la genèse de cette collaboration, qui, en fait, doit presque tout à un coup de pinceau.
« Pour qui sait tailler un vêtement comme personne, il n’y a pas de matériaux méprisables. Les tissus nobles, les peaux, les cuirs ou les cotons modestes ont chacun leurs vertus qu’il convient de suivre. Au printemps été 1991, inspiré par les tableaux de Julian Schnabel , Azzedine Alaïa utilise le carreau rose et blanc de l’enseigne Tati connue pour ses produits démocratiques.
De concert , le couturier dans ses salons de la verrerie, Tati dans ses locaux de Barbés, s’unirent le temps de cette collection historique. Azzedine Alaïa fit monter la rue dans les salons précieux de sa haute couture . En retour d’une collaboration amicale autant qu’artistique, les 2 créateurs avaient comme origine commune la Tunisie, l’enseigne de tout un chacun, Tati, demanda au couturier, un sac, une paire d’espadrille et un tshirt. Ce fut le premier grand succès d’une si singulière union , traçant le chemin pour une multitude de collaboration à venir. »
Tout est tiré du fil de la perfection que cela soit la ligne du corps féminin, le trait du dessin, la juxtaposition des carreaux qui forment un univers bien particulier et donnent une belle dignité à ce motif vichy que beaucoup de générations ont vu sur les quais d’une gare ou du métro apposé sur des sacs contenant des trésors achetés par poignées, car toujours d’un prix accessible. Il n’y a pas que le lieu qui reflète la nostalgie, car la marque Tati, a presque intégralement disparu.
Vous pouvez faire cette jolie ballade sur les allées de la nostalgie sous la verrière jusqu’au 5 janvier au 18 rue de la Verrerie, Paris 04. C’est le théâtre aujourd’hui de l’Association Azzedine Alaïa qui nous fait revivre chaque année avec de nouveaux thèmes toute la créativité qu’a apporté à la mode ce petit tunisien à l’immense talent. Et n’oubliez d’embrasser, de loin, ce superbe sein, présent dans la cour. Un autre symbole de la femme qui est là pour nous rappeler que le corps féminin mérite plus de respect que ce que la violence de nos jours lui accorde.