Ensad est une école publique pluri-disciplinaire dans le domaine des arts. Fondée en 1766, elle occupe une place éminente dans l’histoire de la création, des arts décoratifs puis du design en France. Aujourd’hui, elle offre dans son cursus, plus de 140 partenariats avec des organismes et entreprises innovantes. La section Mode accueille pour un cycle de 4 ans des jeunes gens qui peuvent entrer directement en seconde année après avoir fait un BTS Mode. Ceux ci peuvent fréquenter la bibliothèque, mais aussi la matériauthèque qui propose plus de 6000 échantillons de matériaux, pour répondre à tous les projets. Cette ouverture d’esprit se retrouve dans les travaux de fin d’année, ou les exercices proposés par les détenteurs de ce master ont un esprit très prospectif intégrant des matériaux et des techniques qui ne sont pas seulement du domaine de la haute couture.
De toutes les matières, c’est toutes que je préfère
Si la peinture rouge sang des couloirs de l’établissement est un peu fatiguée, les créations présentées au mitant de cette année 2015, sont d’une notable vigueur. Elles intègrent une réflexion globale sur toutes les matières qui peuvent s’associer au port d’un vêtement (et ce n’est pas que du coton, de la viscose, ou autres tissus ….) et y associent les techniques qui permettent de découper, sculpter, modeler, tisser ces matières.
Associer mode et technologie est une excercice particulièrement délicat, car souvent le résultat est plus proche du gadget que du style. Clara Daguin s’est lancée dans une réflexion aux allures assez futuristes, qui montre que demain on ne pourra pas seulement associer fil et tissu pour réaliser un vêtement. Fibre, capteur vont rejoindre le dé à coudre des créateurs dans la panoplie des accessoires de coutures (Regardez ce que fabrique déjà la startup Electroloom de San Francisco en terme de mode, avec une imprimante 3D. Même Karl Lagerfeld s’y met)
Si certains élèves partageaient un prénom commun ( Anthony, Clara ;), leurs talents sont uniques. On remarque la recherche dans le domaine du tissage de Jeanne Vicerial dont la robe est le résultat d’une technique travaillée dès le départ avec des mannequins qu’elle a élaboré elle même, délaissant les traditionnels stockmans. On remarque sur les concepts boards, le travail de tissage qui est dessiné puis travaillé sous forme d’échantillons avant de prendre sa forme définitive, transformant cette légère toile en une enveloppe protectrice du corps féminin.
Jennifer Chambaret enveloppe avec élégance le corps féminin d’un seul geste, et mieux encore d’une seule pièce, pour en faire une combinaison, qui se décline en plusieurs couleurs .
La mode homme revisitée par Kader Tadjer et Ludovic Léger
Kader Tadjer a revisité le vestiaire de l’homme en pensant à la dualité « force et faiblesse ». Très organisé et presque en avance par rapport à ses partenaires, il propose un équilibre intéressant dans son évolution de l’uniforme. Les volumes et codes sont déconstruits, tranchés. Les matières brutes rêches rencontrent des surfaces évidées. Le quadrillage devient comme une légère armature. Les coupes amples et franches sont le signe d’un raffinement qui met un peu de subtilité et de sensualité dans une « tenue » dont on verra la version traditionnelle quelques jours plus tard sur les Champs Elysées. Déjà stagiaire chez un créateur chouchou des magazines de mode, il a beaucoup profité de son passage à l’Ensad pour découvrir les nouveaux matériaux et acquérir la technique pour les associer à ses modèles. Comme ce gilet dont les parements sont en pièces de céramiques cousues.
Ludovic Léger sait non seulement mettre en valeur ses créations, mais aussi celles des autres. Éminent guide dans les étages aux multiples recoins peuplés de créatifs dans tous les domaines, il a parfaitement organisé ce voyage entre les créateurs pour ces congénères et entre les cultures pour ses propres créations.
Il a souhaité développer des métissages qui évoquent progressivement la pluralité des mythes masculins. Il a pu grâce à son gout pour le Japon revisiter le costume masculin. Et si la photo de ses créations est dotée d’une ambiance particulièrement zen, ce n’est pas que par une appétence prononcée pour cet aspect de l’Asie, mais …. parce que ses créations étaient au shooting pour le défilé ;). A signaler la ligne de sacs astucieuse qui est bien pensée pour voyager … et pour se retrouver rapidement dans les linéaires 😉
Tous ces travaux de créations intègrent la conception d’un parfum conçu par la collaboration entre le designer de l’Ensad et un nez d’IFF. Ce travail commun s’étale sur les premiers mois de l’année. le parfum est présenté lors du défilé de l’école.
6 comments
[…] Après 4 années d'études, les jeunes diplômés de l'Ensad présentent le résultat de leurs travaux lors d'un défilé de mode, en y associant un parfum conçu avec l'IFF […]
RT @daxaa40: ENSAD, la mode de fibre en aiguille. @ensad @IFF #fashion #defile #mode
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[…] une des plus farouche représentante est Clara Daguin, dont on pouvait voir les premiers travaux en 2015 à l’ENSAD, lors du FashionTech Festival ou encore au Tranoï, on découvre de quelle manière un […]
[…] aperçu de l’innovation dans le domaine du textile. On avait pu y découvrir les oeuvres de Clara Daguin et la renommée Iris Van Herpen. Cela n’empêche pas ce pays de dévoiler un jeune créateur […]
[…] créations toujours surprenante de la jeune designer Clara Daguin. Après des études à l’ ENSAD, elle a suivi son père ingénieur en informatique dans la Silicon-Valley. Une présence […]
[…] voyait déjà sa démarche en 2015, lorsque ses créations de l’ENSAD furent montrées. Elle a crée sa marque en 2016, à la suite de sa participation au Festival […]