On ne va pas revenir sur les stratégies variables émises par le gouvernement au sujet du bien fondé ou non de porter un masque. Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile d’interpréter les signes de cette pandémie dont les contours ne tiennent compte d’aucunes frontières. Mais finalement en ce début des vacances de Pâque, le masque pourrait être un complément, oui, juste un complément, aux gestes barrières.
Plusieurs initiatives sont à souligner
Ici pas de chi-chi, ni de falbala. On est revenu à l’essentiel, dessiner, couper et coudre, dans le but de protéger. Bien loin des photos ultra lookées d’une presse magazine glamour et alors que les sirènes d’ambulance résonnent en toute liberté dans les rues silencieuses de mon quartier parisien. Ces initiatives locales vont, un peu, palier les manques de ce pays qui a sacrifié depuis de nombreuses années ses filières industrielles. Les masques chirurgicaux et FFP2 pour les soignants viendront encore majoritairement de Chine. Mais il serait idiot, pour les masques alternatifs qui vont concerner du monde, de ne pas mobiliser nos ressources nationales. Loin d’une idée d’un repli national, c’est pour éviter d’être dépendant d’une mondialisation aujourd’hui fragile, qui montre de vraies scènes de western ou des cow-boys débarqués de chez l’Oncle Sam, détournent les cargaisons convoitées de masques, directement sur le tarmac, avec des valises pleines de dollars.
Le masque pour se protéger dans la vie de tous les jours
Il convient de préciser que les masques alternatifs sont destinés aux personnes qui de par leurs activités sont au contact d’autre personnes (commerce ouvert, police, transport, technicien…) et qui ne peuvent pas tout faire en télétravail. Ces masques n’ont pas les mêmes caractéristiques que les fameux FFP2 ou chirurgicaux réservés au monde médical. Mais ils apportent, partiellement sans doute, une protection supplémentaire.
Pour ces modèles, le monde du textile s’est mobilisé sous l’égide de quelques chefs d’entreprises leaders, de designers volontaires en relation avec différents organismes comme l’IFTH, le DEFI et la Direction Générale de l’Armement pour concevoir les masques les plus efficaces possibles.
On ne peut qu’encourager ces initiatives qui aujourd’hui sont nombreuses dans toute la France. En voici 3 exemples parmi de nombreux autres.
Noyoco est sur Ulule, soutenez les jusqu’au 7 avril !
Noyoco, est une marque qui propose depuis 4 ans une mode éco-responsable.
La crise sanitaire a entraîné la fermeture de leurs showroom, boutique et la mise au chômage partiel de leur équipe. Puis comme ils le racontent : « On a reçu un coup de téléphone de la directrice d’un établissement de santé qui cherchait à produire des masques. Nous avions, sans le savoir, tout ce qu’il fallait pour aider : de la matière première, du savoir-faire, de l’agilité et un réseau de production en propre.«
Finalement tous les éléments de la chaîne de production étaient là pour avancer. Il suffisait d’y ajouter la volonté et le tour était joué. Le projet de produire des masques alternatifs était lancé en même temps qu’une vraie chaîne de solidarité. La marque Asphalte s’en ait fait l’écho et a également apporté sa contribution.
Leur campagne est sur Ulule jusqu’au 7 avril et les chiffres de leur progression ont dépassé leur objectif de 1700%. Il vous restent quelques heures pour y participer !
Noémie Devime a mis son savoir-faire au service de la solidarité
Noémie a travaillé sur le patron, a été en contact avec la DGA pour faire valider son modèle Elle et sa machine à coudre sont au coude à coude depuis plusieurs jours pour produire ces masques en collaboration avec la marque Eminence, tout en s’associant avec des ateliers et Hall Couture pour atteindre une production de plusieurs milliers de masques dit alternatifs qui peuvent donc aider ces professions que l’on qualifie de seconde ligne, mais qui sont malgré tout en première position pour rencontrer le virus.
Le Défi Mode a participer à fédérer les nombreuses initiatives
Pour répondre à cette question épineuse du manque de masque, la filière française de mode s’est mobilisée dans le cadre du Comité Stratégique Filière Mode Luxe présidé par Guillaume de Seynes, en étroite collaboration avec Bercy et la Direction Générale des Entreprises. Une grande partie des masques FFP2 et FFP3 proviendra toujours de l’importation ou de quelques entreprises françaises spécialisées. On apprend que ces dernières sont même sous surveillance de l’armée, tellement ce produit est devenu stratégique.
Sinon, la vaste majorité de l’activité nationale va se concentrer principalement sur la fabrication de masques dits barrières qui confèrent une protection optimale pour les salariés et les clients des autres industries. Un grand nombre d’acteurs publics et privés, cités en début de ce post, ont collaboré pour aboutir à un processus fiable, à un partage d’informations efficace et fluide, afin qu’existent aujourd’hui des spécifications en termes de matières et de fabrication. L’ AFNOR met à disposition gratuitement un référentiel pour faciliter et accélérer la fabrication en série ou artisanale d’un nouveau modèle de masque, dit « masque barrière ». Celui-ci vise bien sûr à protéger la population saine, en complément des indispensables gestes barrières face au Coronavirus.
Le port du masque, pour protéger ou pour rassurer ?
La position a considérablement changé. Aujourd’hui l’Académie de Médecine recommande le port du masque pour tout le monde. Aux USA des instances médicales ont également émis cette recommandation. Nul doute que l’on va voir fleurir des masques alternatifs de manière plus fréquente sans que pour autant que dans quelques semaine nos rues ne ressemblent à celles de Wuhan sur ce point.
Mais le port d’un masque alternatif ne doit pas être une manière de négliger les gestes barrières, les seuls à être efficaces contre la propagation du Coronavirus. Et un masque ne sert à rien. Il en faut plusieurs, car un masque alternatif devra être lavé après chaque usage. Tout relâchement de cette règle, le transformera en foyer de bactéries encore plus nocif.
Voici un article complet sur l’usage de ces masques dit alternatifs, publié sur France Info début avril.
Je ne peux m’empêcher de terminer par une note d’humour, dégotée sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas si fréquent. Que @emilie_hellman m’excuse pour cet emprunt inopiné d’une composition pleine d’esprit.