Il est souvent possible de faire mille chose lorsque l’urbanisme urbain est en phase de transformation. On avait pu profiter de ces phases de réhabilitation urbaine avec les Grands Voisins à Paris dans le 14 ème, il y a quelques années, ou encore voir un Hong Kong Fashion Show qui avait ses pris quartiers du coté de République dans l’ancien garage qui avait été le siège de Libération pendant de nombreuses années.
En Janvier 2025, en plein quartier latin on a presque l’impression de faire un peu d’Urbex lorsque l’on se rend à la rencontre de la marque japonaise KIDILLqui a choisi les vastes plateaux de Césure un tiers-lieu de 25 000 m2 porté par Plateau Urbain en partenariat avec Yes We Camp axé sur la transmission des savoirs et savoir-faire, pour présenter son show. Ce site, propriété de l’Etat, est mis à disposition par l’EPAURIF, dans l’attente de sa réhabilitation et de sa transformation.
Je ne peux préciser si ce batiment occupé en précaire par plus de 200 structures, artistes comme associations, dont Emmaüs, ressemble au quartier de Harajuku, à Tokyo, qui entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, dans le souvenir de Hiroaki Sueyasu, était un centre d’expression pour une jeunesse rebelle et fidèle à ses goûts et inspire sa démarche créative. Mais ce type de lieu parisien, à l’esprit alternatif, est bien dans la ligne de ce que veut exprimer le créateur qui a fondé sa marque en 2014, une marque synonyme de pureté dans le chaos, destinée aux esprits rebelles du monde moderne.
Là bas, dans ce quartier de Harajuku, la mode était imprégnée de la culture, se traduisant par des modifications uniques des vêtements prêt-à-porter et une réinterprétation créative des vêtements d’occasion. Ce dialogue, qui dépassait les frontières de la musique, de la mode, de Tokyo et du monde, tissait une esthétique de l’extraordinaire et une beauté nourrie par une constante remise en question.
Le style un peu grunge de KIDILL qui tisse son style en faisant disparaitre les frontières qui catégorisent les démarches esthétiques, trouvait tout à fait sa place dans ce vaste espace ou le monde de la création et les structures de l’économie sociale et solidaire côtoient chaque jour 2 000 étudiant·es de cinq écoles différentes.


Un style qui compose une silhouette ou l’alternatif ne veut pas dire marginal
En repensant à cette époque, le créatif Sueyasu se rend compte que cette culture de Harajuku, mise en lumière par des publications comme ‘TUNE’ et ‘FRUiTS’, combinait un esprit rebelle, capable de générer des alternatives, et le charme d’individualités hors normes.
Le souvenir de ces moments vécus a profondément marqué Sueyasu et sa collection automne-hiver 2025-26 en porte
l’écho, réinterprétant le passé pour en révéler de nouvelles significations. La collaboration avec A STORE ROBOT, boutique
légendaire de Harajuku fondée en 1982 et pilier de la scène alternative depuis plus de 40 ans, apporte une valeur inestimable à cette collection. Autrefois reconnue pour avoir acquis les droits de reproduction des créations Seditionaries de Vivienne Westwood, la boutique a su préserver l’essence de la culture punk au fil des années, un engagement que Sueyasu partage pleinement. Cette collaboration l’incite à redéfinir l’authenticité, la réinterprétant à travers le prisme du “vrai” et offrant ainsi une nouvelle perspective sur cette notion fondamentale.

Faisant appel à cette notion de patrimoine, les musiciens japonais étaient présents pour représenter cette histoire alors que les modèles présents dans un show à vistesse ralentie, avec un défilé plus classique permettait de découvrir la collection qui incorpore aussi les expériences personnelles de Sueyasu et ses souvenirs de Londres. Ses collections fusionnent librement les influences du passé et du présent, avec des éléments inspirés par l’esthétique rave et punk des années londoniennes. Les choix audacieux de couleurs, les contrastes frappants dans les coutures, les touches vives dans les motifs camouflage et les revêtements métalliques rappellent l’intensité des contrastes qui régnaient à Harajuku. Le cyberpunk, lui aussi, s’impose comme l’une des influences majeures de cette époque.
La collaboration avec Brett Westfall, artiste basé à Los Angeles et partageant les mêmes goûts en musique et en art, confère
une nouvelle dimension à la collection. Ses dessins naïfs, représentant des fraises, le chien “Snoppy”, des enfants au look
punk et des skateurs, se fondent harmonieusement avec la gamme de vêtements, allant des pantalons en toile et manteaux
matelassés aux sweats, T-shirts, vestes MA-1 et chaussures “Kids Love Gate”. Ces illustrations créent une alchimie unique,
fruit de la rencontre entre des univers esthétiques partagés. KIDILL semble naviguer à travers les époques, tout en restant fidèle à l’esprit de son temps et résiste ainsi à l’uniformisation.




Césure, pour revenir à ce plateau urbain, théatre du show présenté, devient un terrain d’expérimentation destiné à inventer de nouvelles manières d’apprendre les un·es des autres et de lutter contre les précarités. La marque Kidill a aussi cette volonté d’expérimenter. Elle parvient à créer un sentiment de “nouveau déjà-vu”, où l’hommage à l’éternité de ce que Sueyasu chérit n’est pas un simple désir nostalgique, mais une interrogation sur la notion de “vérité” en mode. À travers cette collection automne-hiver 2025-26, Sueyasu revisite le passé pour éclairer les valeurs qui se transmettent à travers les âges, tout en affirmant une vision audacieuse et résolument tournée vers l’avenir.
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