Lorsque l’on écoute une symphonie, il arrive d’être particulièrement touché par le 3 ème violon, ou la discrète intervention de la clarinette. La mode de Cheyma procure le même effet. Une petite musique qui reste présente dans l’esprit et qui, même si, aujourd’hui, elle ne se trouve pas au devant de la scène, ou ne tient la baguette, retient l’attention et les coeurs. La jeune créatrice, elle a moins de 30 ans, présentait sa 3 ème collection à Paris lors de la fashion week 2017.
Un esprit romantique qui se mix parfaitement avec une délicate sophistication
Toute ses collections, enfin les dernières que j’ai pu voir, que cela soit Rococo Rêverie ou Misty Romance, proposent une mode qui est un billet pour un voyage romantique dans un monde délibérément féminin. Dans cette période ou s’élèvent des voix sévères qui se revendiquent d’un militantisme féminin, elle propose une alternative égalitaire qui n’efface pas les codes d’une mode féminine. Une revendication soft qui sait conserver ses armes et ses atouts, notamment un véritable gout pour la liberté et l’indépendance (comme celle du chat ;).
On trouve ainsi parmi ses modèles une réelle constante. Celle de la couleur Rose. Négligeant les préceptes de Pantone, qui met en avant chaque année, une nouvelle couleur, la tendance de Cheyma est de faire passer son message personnel à travers son style et sa mode, sans se laisser influencer par les tendances. Coupe simple et élégante, haut sportwear ou robe de dentelle, elle réussit à croiser des modèles qui s’inspirent de cette mode sportive (apprise chez Lacoste) sans se départir d’un coté sophistiqué qui permet à la femme d’utiliser avec grâce le vestiaire romantique de Cheyma, autant le jour que la nuit. Il faut avouer quelle sait utiliser la guipure à bon escient, et si l’usage de ce type de dentelle peut faire penser à une reine, c’est bien à une reine du 21 ème siècle.
Le rose est donc une constante dans ses collections, comme l’encre violette revenait dans les écrits de Colette. Cette couleur donne à la mode de Cheyma un coté romantique bien sûr mais aussi un peu girly. Un terme plus difficile à maîtriser qu’il en a l’air, car il bascule souvent dans un courant petite fille. Cheyma s’éloigne de ce danger en proposant des coupes modernes et travaillées, comme cet ensemble blanc aux bandes plissées.
Les sequins en plein jour et le jogging pour le soir. La sophistication d’une robe-chemise en tulle brodé de petits coeurs à manches cloches, tempérée par l’allure street d’un sweat-shirt en brocart. Un ensemble de survêtement, mais en crêpe de soie avec de la fausse fourrure sur les poches et sur une bande smoking. Si la palette est aux pastels, avec une dominante de rose contagieuse, les coupes amples dotent l’allure Cheyma d’un confort certain.
Quand sa collection Whimsy Canyon concilie l’excentricité du Far West à la sagesse de la Reine de Saba, Rêverie Rococo s’inspire d’une Marie-Antoinette en pyjama dans ses jardins qui pose pour des selfies avec ses statues. Son univers romantique, royal et spirituel s’agrandit de collection en collection pour raconter l’histoire intemporelle de femmes plurielles, au courant des tendances mais qui préfèrent affranchir de leurs diktats les plus inconfortables.
« S’il y a des coeurs sur mes vêtements, c’est pour tenter d’adoucir les moeurs», affirme la créatrice, le sourire dans la voix. Dans un monde de plus en plus inquiétant, en perpétuelle course au rendement, Cheyma prend le temps de penser ses vêtements comme des cocons rassurants, aptes à donner confiance aux femmes en les suivant dans les milles vies qu’elles mènent de front chaque jour.
Une expérience du monde de la mode apprise sur différents continents
Toute petite, Cheyma Ben Hassine (son nom est devenu sa marque) rêve de devenir princesse et de changer le monde. Elle gribouille des robes de femme sur les murs avec les rouges à lèvre de sa mère. Au cours de ses études supérieures à Sciences Po Paris, cette brune espiègle d’1,57m continue de dessiner sur ses cours et ses copies, et part un an aux États-Unis suivre notamment des cours d’arts à Bryn Mawr College. Elle y perfectionne son coup de crayon et revient à Paris avec la détermination de se tailler une place dans la mode. Elle est actuellement dans le giron du Fashion Forward Dubaï.
Elle travaillera donc chez Lacoste ou elle affinera son goût pour le sportswear, les coupes androgynes et confortables. Chez Christian Dior Couture, elle travaille au plus près du studio et prolonge son expérience par un passage chez Chloé et Saint Laurent. Elle lance sa marque à 24 ans: «Cheyma». Une griffe à son nom, qui veut dire « femme avec un grain de beauté» en arabe. Des vêtements à son image, toujours éthérés, riches d’heureux hasards et de fantaisie. Jeune marque, elle a conservé ses convictions forgées dès ses débuts. Une recherche de la qualité impliquant une fabrication à Paris, ajoutée à une lutte contre les abus de la mode, avec l’adoption d’un usage exclusif de la fausse fourrure. Une mode à découvrir directement sur son site internet qui possède son e-shop, et ou vous pourrez trouver la collection 16/17.
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[…] CHEYMA jeune marque de mode féminine, qui associe un sens poétique romantique avec une touche de fantaisie à la française. […]