LATER… La terre… vous l’avez le clin d’oeil phonétique avec le nom de cette jeune marque qui a su choisir un chemin de traverse un peu plus complexe mais qui aborde la voie de la mode éco-responsable avec réussite ! Comme l’évoquent les fondateurs de la marque, Benjamin Hooge et Benoit Tardif , 100 000 tonnes de vêtements sont jetées chaque année. Finalement quand on y pense, cela fait un sacré gisement de ressources et laisse de la place pour une mode 100% recyclée.
Pour compléter leur réflexion, on peut y associer ce que l’on a entendu récemment lors de la dernière conférence de presse de Fashion Revolution. Si on s’arrêtait de produire des vêtements aujourd’hui, on pourrait encore s’habiller pendant 2 générations, tellement on en a fabriqué.
LATER, tisse le fil d’une mode durable 100% recyclée et recyclable !
Il y a donc trop de vêtements sur notre planète ( et ce n’est pas cette marque chinoise SH…., qui va apporter une réponse à ce problème) et trop souvent cette production excessive se termine sur une plage du Ghana, comme le montrait les témoignages de la OR Foundation à ChangeNow.
On peut réfléchir pour trouver une solution parfaite, mais cela peut risque de prendre encore du temps, alors que celui-ci nous ait compté. Certains comme LATER ont préféré prendre les taureaux par les cornes et ont décidé d’emprunter rapidement une voie nouvelle.
Sur ce principe, un peu celui de l’oeuf de Christophe Colomb, les 2 fondateurs ont lancé leur marque avec le parti pris de n’utiliser exclusivement qu’une matière première déjà existante… les vêtements déjà produits. Ceci afin d’avoir le plus petit impact sur la planète et cela en toute transparence.
Réinventer la manière de produire des vêtements pour diminuer fortement l’impact de cette production sur notre planète
Point 1: produire uniquement à partir de fibres existantes
LATER a construit son modèle sur le postulat qu’il n’y avait qu’à utiliser les vêtements déjà produits pour atteindre cet objectif de mode 100% recyclée. Il faut donc récupérer des stocks, trier les vêtements, retirer les points durs, (fermeture éclair, bouton…), trier les matières, les défibrer (uniquement par traitement mécanique), en refaire des fils en partant des bourres de tissus obtenues, puis utiliser ces fils pour confectionner de nouveaux modèles. Le filateur partenaire récupère les vêtements déchiquetés et délissés qui proviennent de collecteurs tel que le Relais et s’occupe de mettre en bobine la bourre obtenue après défibrage.
LATER montre par la preuve que l’économie circulaire n’est pas juste un concept, mais bien une réalité.
C’est quand même novateur de pouvoir développer en série, même petite et même si tous les types de vêtements ne sont pas représentés dans leurs collections, une capacité à proposer des produits qui associent coton et polyester mélangés sans utiliser aucun fil vierge, mais uniquement des fils existants.
Cela n’est possible qu’avec des partenaires identifiés (En France et en Espagne) qui permettent à LATER de concevoir une manière de faire qui modifie la chaine de valeur et permet de faire avancer la réflexion dans ce domaine.
Sans s’arrêter à cette étape, LATER continue de travailler pour que les produits de leurs propres collections puissent eux mêmes être recyclés plusieurs fois, ce qui serait une véritable innovation dans le secteur textile.
Plusieurs autres projets avancent sur cette voie de l’économie circulaire. On connait Renaissance Textile à Laval, le CETI (qui annonce un procédé de défibrage en test qui ne nécessitera plus de séparer les fibres naturelles et synthétiques avant traitement) ou encore celui de Greencose, lancé par INDUO, une start-up qui présente depuis quelques années des innovations dans le monde du textile.
Point 2 – donner des couleurs sans utiliser de teinture et donc de produits chimiques
La technologie mise en place par LATER et ses partenaires a permis donc d’utiliser une fibre 100% recyclée, mais ne s’arrête pas là. Elle va plus loin et la production de ses nouveaux modèles se fait en supprimant l’étape de la teinture, l’une des étapes la plus polluante de la production de vêtements.
Et là c’est un véritable exploit. Il faut imaginer qu’une personne travaille pour LATER, un peu comme un nez travaille pour une grande maison de parfum.
Le nez associe des matières naturelles ou synthétiques sur une balance qui est si sensible que le moindre courant d’air la fait bouger, modifie les proportions et bouleverse l’équilibre de la fragrance (Même si aujourd’hui les orgues de parfumerie ont disparu, les balances également et que les algorithmes les ont remplacés, cela reste un travail de précision).
Pour LATER, l’exercice est aussi sensible. Le travail consiste à associer différents brins, les enrouler entre eux et arriver à faire une composition qui correspond à une couleur en ajoutant soit un fil noir, soit en retirant un fil vert et cela en multipliant les compositions.
Toutes les bourres sont classées par couleurs (la vidéo de la marque ci-dessous le montre parfaitement) et une fois la composition définitivement validée, il reste à passer à la production. LATER a ainsi totalement supprimé l’impact négatif lié à l’usage de la teinture, en la remplaçant par ce procédé de filage qui, en associant les couleurs des fils recyclés, reconstitue une nouvelle couleur. Cette innovation est le fruit de nombreuses années de recherche et de développement, et s’appuie sur la collaboration et les partages des connaissances entre LATER et ses partenaires industriels.
Un pop-up au 11 rue Ferdinand Duval pour apprécier ces vêtements et leurs matières innovantes
C’est au numéro 11 de cette rue du quartier du Marais (Paris 04) que s’est ouvert le pop-up parisien de la marque bretonne, ouvert les week-end de juin ( 09-11 / 16-18).
Un vestiaire contemporain, des matières texturées et résistantes pour durer dans le temps, des couleurs sobres, chaleureuses qui procurent un sentiment d’intemporalité. Des modèles mixtes, des coupes classiques, avec un souci du détail et des finitions soignées. Une inspiration entre workwear et streetwear. Leurs surchemises en laine et en coton sont à l’image d’un discours qui mêle passion du vêtement, consommation responsable, et mode de vie urbain.
Et la petite musique de cette matière 100% recyclée, rend optimiste sur la capacité à ce qu’une partie de la filière textile sache se réinventer sans tout sacrifier à une production de masse.
LATER est piloté par 2 personnes originaires de Rennes qui ne sont pas des néophytes dans le monde de la mode, même s’il n’avaient pas pris le virage de l’entrepreneuriat avant cette aventure. La plupart de leurs modèles sont disponibles sur précommande, qui est un modèle de consommation raisonné qui correspond à leurs valeurs et contribue à une mode plus durable. C’est enfin une belle façon de donner de la valeur au temps, celui qui rend les choses plus belles quand on les a attendues… un message qui se cache aussi derrière le nom de la marque LATER… une marque qui n’est pas en retard en ce qui concerne l’innovation textile.
Vous avez de quoi vous faire plaisir dans ce pop-up avec les différents modèles présentés qui forment un stock très raisonnable.
LATER sujet d’analyse de l’étude sur la mode régénérative proposée par R3/Group
L’industrie textile est l’un des secteurs les plus importants de l’économie mondiale, employant plus de 300 millions de personnes dans le monde et générant un chiffre d’affaires global de l’ordre de 1 500 milliards d’euros en 20212. Ses méthodes de production et de création de valeur ont donc un impact fort sur l’environnement et doivent être revues. Le changement est porté par certaines entreprises comme LATER, qui est au coeur du principe de la Ré/génération. Ce concept, proposé par R3 Group est multidimensionnel et né de ce constat d’urgence globale. Il met en avant un nouveau modèle basé à l’inverse sur la notion d’équilibre, et pensé de manière systémique afin de générer en même temps une valeur économique, sociale, sociétale et environnementale tout en oeuvrant à la restauration des écosystèmes naturels et/ou humains que nous avons plus ou moins consciemment dégradés. L’étude est disponible sur ce lien.