Longtemps redoutées, marginalisées ou persécutées, les sorcières n’ont jamais cessé d’exercer une étrange fascination sur l’imaginaire collectif. Tantôt guérisseuses, tantôt accusées de pactiser avec le diable, elles sont devenues au fil des siècles les symboles d’un pouvoir féminin que la société patriarcale s’est efforcée de museler. Aujourd’hui, la figure de la sorcière connaît une véritable résurgence, portée par les mouvements féministes qui en font une icône de rébellion, d’indépendance et de réappropriation de soi. C’est dans ce contexte que de jeunes créatrices, comme celle qui est présentée dans cet article, s’inspirent de cet héritage pour repenser les codes de la mode, de l’identité et du pouvoir au féminin.

Aujourd’hui, les jeunes générations réinventent cette figure avec force et créativité. La sorcière devient un emblème de résistance à la violence sexiste, à l’injonction à la perfection et à la soumission. Elle est l’anti-héroïne par excellence, celle qui choisit la liberté plutôt que le conformisme, le savoir plutôt que la docilité. Des autrices comme Starhawk (Rêver l’obscur, 1982) ou Silvia Federici (Caliban et la sorcière, 2004) ont approfondi cette dimension politique, en montrant comment la persécution des sorcières fut une étape centrale dans l’avènement du capitalisme patriarcal. L’ouvrage de Mona Chollet, Sorcières : La puissance invaincue des femmes (2018), analyse brillamment cette réappropriation. Elle y défend l’idée que les sorcières sont les ancêtres symboliques des femmes modernes qui refusent de se plier aux normes patriarcales : femmes sans enfants, femmes âgées, femmes insoumises. Un ouvrage de Mona Chollet était présent dans la scénographie proposée par la designer de la marque Juny.nph qui présentait ses créations lors du showroom à Chardon Savard et qui est mose en avant dans ce post.

Juny.nph
Juny.nph

La sorcière envoutante by Juny.nph

Dans le sillage de cette libération, la mode elle aussi s’empare de cette esthétique et de cette symbolique. Capes, corsets, voiles sombres, symboles occultes et références médiévales ne sont plus seulement des accessoires gothiques : ils deviennent le manifeste visuel d’une identité féminine puissante, mystique et résolument moderne. La créatrice de la marque Juny.nph continue à décliner de parfaite manière, cette femme qui veut montrer son autonomie et sa liberté sans perdre sa féminité. On avait eu le plaisir de la découvrir lors de son défilé du bachelor, dans son école de mode précédente, elle est actuellement en Master chez Chardon Savard, avec ce besoin de s’émanciper de tous ces codes sociaux archaïques et d’éradiquer les privilèges de genre.
Aujourd’hui toujours aussi revendicatrice, elle drape la femme dans des tenues féminines, qui marquent l’expérience de la découverte de ses modèles, par la large palette que la jeune créatrice maitrise. Ici on part d’un motif qui devient tissu, elle ne renie pas la dentelle, symbole de féminité, mais traitée comme une tenue de guerrière et pas comme une poupée de salon, on arrive à une robe au design contemporain, accessoirisé avec maitrise par des bijoux qui complètent parfaitement la silhouette imaginée. La créatrice développe son stylisme sans s’arrêter au tomber d’un tissu, mais en créant un environnement créatif qui exprime parfaitement sa pensée et son concept. Ses qualités lui avait permis de travailler aussi pour la série Emily In Paris de Netflix, tout comme son sens du design et du motif lui avait permis de créer des chemises pour homme.

Juny.nph 2025
Juny.nph 2025
Juny.nph 2025
Juny.nph 2025
Juny.nph 2025

De l’idée à la réalisation, un soin minutieux est apporté

La créatrice a développé minutieusement tous les éléments de son concept créatif. Imaginez qu’un feu de cheminée puisse être le départ d’un motif de tissu ne semble pas évident. Mais la créatrice s’est servi d’une cheminée pour faire surgir une flamme, pas celles qui vont envelopper l’image de la sorcière, mais celle qui va entrainer la combustion d’une feuille de papier, dont la partie brulée va devenir le motif qui permettra de faire le tissu d’un de ces modèles. Passionnées par le design textile, la jeune designer qui améliore chaque année ce qu’elle considère encore comme un point faible, affiche une forte maitrise dans la conception du design et travaille la matière avant le style, en utilisant abondamment les couleurs naturelles.
Elle associe à cette démarche des innovations audacieuses, comme celle de travailler un fil de colle associé avec la dentelle, ce qui permet ensuite de proposer des découpes originales, dont la structure permet de concevoir en vêtement qui bouge à la perfection avec le corps féminin.

Juny.nph adepte des couleurs naturelles

La jeune designer est, dans le cadre de son cursus au sein de Chardon Savard, tout à fait libre d’apporter ses compétences à une marque de mode qui cherche à répondre à ce futur passionnant qui nous attend et aux enjeux auxquelles elle doit faire face.

L’Atelier Chardon Savard

L’endroit ne paye pas forcément de mine, mais quand on arrive au premier étage, de ce batiment du 11 ème arrondissement, on découvre une grand force créative qui s’étend dans la grande pièce destinée au showroom. Si les créations de Juny.nph, en sont un des plus beaux exemples, elles sont bien entourées, par une génération de créateurs en master qui vont en associant talent et réflexion, faire évoluer cette mode, un peu dispendieuse pour la planète, sans pour autant abandonner leurs ambitions créatives.

Atelier Chardon-Savard
Atelier Chardon-Savard

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