Le Musée des Arts Décoratifs présente sa première grande monographie dédiée à Paul Poiret (1879-1944), figure incontournable de la haute couture parisienne du début du xxe siècle.
Considéré comme le libérateur du corps féminin pour l’avoir décorseté, Paul Poiret est considéré par beaucoup comme le créateur qui a rénové la mode.

Une immersion par la mode dans La Belle Epoque et les années folles

L’exposition « Paul Poiret. La mode est une fête » est une immersion dans l’univers foisonnant du créateur, de la Belle Époque aux Années folles. Elle explore ses créations dans les domaines de la mode, des arts décoratifs, du parfum, de la fête et de la gastronomie. À travers 550 oeuvres (vêtements, accessoires, beaux‑arts et arts décoratifs) l’exposition met en lumière l’influence durable du couturier et révèle l’étendue de son génie créatif. Un voyage fascinant à la rencontre d’un homme dont l’héritage continue d’inspirer les créateurs de mode contemporains, de Christian Dior en 1947 à Alphonse Maitrepierre en 2024.

Paul Poiret
Modèles Paul Poiret
Modèles Paul Poiret

Un designer global

Né à Paris en 1879, Paul Poiret débute sa carrière comme apprenti dans plusieurs maisons de couture. Il se forme aux côtés de Jacques Doucet dès 1898, puis rejoint en 1901 la maison Worth, alors dirigée par les deux fils du fondateur de la haute couture. Dans ces maisons, Poiret observe et assimile les rudiments du métier de couturier : le contact avec les clientes et le travail en équipe.
Ces expériences lui confèrent l’impulsion nécessaire pour établir sa propre maison de couture en 1903. Il y définit une nouvelle esthétique du corps féminin, en mouvement et sans carcan, rompant avec la silhouette en S du début du siècle. Sa ligne, simplifiée, est d’une grande modernité. En témoigne la robe du soir Joséphine, chef-d’oeuvre de la collection « manifeste » de 1907, d’inspiration Directoire. La taille est remontée sous la poitrine et maintenue à l’intérieur de la robe par un ruban en gros-grain légèrement baleiné. Poiret utilise des tissus légers et emploie des couleurs vives et acides. Sa palette chromatique fait écho à celle du fauvisme, mouvement pictural du début du xxe siècle qu’il apprécie particulièrement.

Paul Poiret : Ses mémoires
Modèles Paul Poiret issus du livre présenté ci-dessous

Designer fantastique et comptable fantasque

Les années 1920 sont marquées par de nombreuses dépenses liées à son train de vie excessif et au développement de ses sociétés (la maison de couture, la maison Martine et les Parfums de Rosine). Il est forcé de vendre sa maison de couture en novembre 1924 et de la quitter définitivement en décembre 1929. En 1925, il participe à l’Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels modernes sur ses fonds propres : il affrète trois péniches sur le bord de la Seine où il présente l’ensemble de son univers (couture, décoration intérieure, parfums). Cet évènement est un gouffre financier.

Chronologique et thématique, l’exposition plonge le visiteur dans le Paris moderne du premier quart du xxe siècle. Elle met en lumière les débuts du parcours de Paul Poiret, retraçant les bases de son apprentissage chez Doucet et Worth. Elle dévoile peu à peu ses relations et insiste sur ses innovations. L’on découvre au fil de la déambulation les multiples facettes du créateur dont la pratique s’apparente plus à celle d’un chef d’orchestre que d’un simple couturier.

Un gout prononcé pour tous les arts

Dès 1909, la compagnie des Ballets Russes de Serge de Diaghilev se produit à Paris. Poiret assiste à ses spectacles, caractérisés par la fusion entre les arts (musique, danse, décors et costumes). Il est frappé par leur modernité qu’il va transcrire dans sa pratique. Ses différents voyages en Europe et au Maghreb le marquent profondément. Il retranscrit certaines de ces impressions dans ses mémoires, En habillant l’époque (1930), allant jusqu’à mentionner ses expériences culinaires et olfactives. Il réemploie les tissus et broderies qu’il rapporte de voyage dans ses créations de mode. Il nomme parfois ses tenues de lieux qu’il a visités : Marrakech, Tolède…

Le parcours de l’exposition, très complet, présente également les multiples talents de Poiret : en plus d’être couturier, il est peintre, comédien, écrivain, gastronome et musicien. Le parcours est ponctué d’oeuvres d’artistes ayant accompagné Poiret tout au long de sa carrière et permet de découvrir ses créations dans le cinéma des années 1920, par exemple
dans L’Inhumaine de Marcel L’Herbier. Il s’achève par l’influence de Poiret sur les couturiers et créateurs de mode des xxe
et xxie siècles. Des couturiers comme John Galliano, Christian Dior, Christian Lacroix et Yves Saint Laurent ont puisé dans l’orientalisme, le folklore, l’esprit de fête et les arts du spectacle.

Une étape importante dans la filiation de la mode parisienne

Paul Poiret par son style, ses innovations et sa volonté de faire appel à des artistes pour intervenir sur ses textiles, décors, illustrations et autres moyens de communication compose une des étapes les plus marquantes de la mode parisienne. Il est le pionnier de ce que l’on appelle aujourd’hui les « collabs » ; pratique commune depuis le début des années 2000 entre les marques de mode et les artistes.
Ce designer était un contemporain de Jenny, une femme à la tête de sa maison de couture, qui a marqué le début du 20 ème siècle également, mais également donc de Worth, le créateur de la haute couture a qui une superbe monographie est consacrée au Petit Palais jusqu’au 7 septembre.

On peut aussi remarquer qu’il a su accueillir, un jeune couturier Suisse, qui de 1921 à 1923 a travaillé pour lui. Ils ont par la suite conservé de bonne relation, comme on peut le constater avec le portrait que Paul Poiret, ruiné, à dédicacé à Robert Piguet, 2 mois avant de disparaitre. Ce tableau appartient aux archives de Galliera.
Robert Piguet accueillera lui aussi par la suite dans sa maison de couture un jeune qui débutait et qui a suivi un brillant chemin par la suite ; Christian Dior.

Paul Poiret pour Robert Piguet
Robert Piguet pour Paul Poiret – Archives Galliera
Robert Piguet pour Paul Poiret – Archive personnelle

Le commissariat a été confié à Marie-Sophie Carron de la Carrière, conservatrice en chef du patrimoine, la direction artistique à Anette Lenz et la scénographie au studio PAF.
La marque Paul poiret est aujourd’hui la propriété d’une sociéte de Corée du Sud qui l’utilise en parfumerie et cosmeto.

Musée des Arts décoratifs – 107 rue de Rivoli, 75001 Paris +33 (0) 1 44 55 57 50
Exposition Paul Poiret : 25 juin 2025 – 11 janvier 2026

Métro : Palais-Royal, Pyramides, Tuileries
Horaires
→ du mardi au dimanche de 11h à 18h
→ nocturne le jeudi jusqu’à 21h dans les expositions temporaires