« La mer, qu’on voit danser le long des golfes clairs », quelques uns ont encore le refrain de cette chanson de Charles Trenet dans leurs mémoires, mais une grande majorité de personnes a désormais du mal à voir « danser ces golfes clairs » par la faute d’un écosystème marin touché par la pollution maritime.
Entre le plastique et les algues, la Méditerranée souffre et a besoin de jeunes structures à l’esprit entrepreneurial qui se retroussent les manches et attaquent franchement le problème. C’est le cas de SAO Textile qui transforme les filets de pêche usagés en fil destiné à l’industrie textile,

Musée National de la Marine, 17 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 Paris

Fondée en 2023, par Marine Olacia, styliste de mode, la startup héraultaise SAO Textile recycle les filets de pêche usagés récupérés auprès de pêcheurs en Occitanie pour produire un textile innovant, circulaire et Made in France. Une innovation qui contribue à la relocalisation de l’industrie textile française en recyclant pour la première fois le filet utilisé pour la pêche au thon. « L’ensemble du processus de transformation et fabrication sera réalisé en France », insiste la fondatrice de la société.
Après des tests concluants réalisés en laboratoire et la réalisation d’un premier prototype de tee-shirt, la société est actuellement en phase de pré-industrialisation. L’entreprise qui était notamment présente à Change Now en 2024, identifie actuellement des partenaires industriels sur le territoire français.

Contribuer à la dépollution des mers

La Méditerranée est l’une des mers les plus polluées au monde (WWF, 2018). Les filets de pêche représentent 640 000 tonnes de déchets par an (dont 1 000 tonnes pour la France), soit 10% de la pollution plastique sous-marine. Une fois devenus obsolètes, ils contribuent à la pollution en raison de leur composition en matériaux synthétiques dérivés du plastique, dont le temps de décomposition est estimé à 600 ans. « Aucune filière française ne recycle les filets pour la pêche au thon, appelés aussi des sennes. Il s’agit d’épais filets en polyamide utilisés pour capturer des bancs de poissons », détaille l’entrepreneuse. On peut ajouter également le point de vue des pécheurs : « Après avoir réparé nos filets, il n’existe pas de solution pour leur fin de vie ou pour les revaloriser. Nous n’avons pas d’autre choix que de les jeter à la déchetterie. SAO Textile a été la seule solution de proximité qui propose une alternative à la déchetterie », explique Sébastien Fortassier, pêcheur à Agde (Hérault). 4 armateurs occitans (Sète, Agde et Port-Vendres) confient aujourd’hui leurs filets usagés à SAO Textile qui dispose d’un stock de 150 tonnes. « Avec 1kg de filets de pêche, nous pouvons obtenir 20 kilomètres de fil recyclé, ce qui correspond à 7 tee-shirts techniques », précise Marine Olacia.

Les filets de Pêche
La nouvelle fibre de SAO Textile
La nouvelle fibre de SAO Textile vue à Change Now

Toucher une cible grand public grâce à une exposition mode le 6 mars à Paris au Musée de la Marine.

SAO Textile et le lycée Paul Poiret se sont rencontré en 2024, afin de travailler sur un wokshop qui est devenu un des piliers du projet de cette exposition qui aura lieu le 6 mars de cette année 2025, Année de la Mer. Cette exposition intitulée « De la Méditerranée à la Mode : Upcycling Marin & Conscience Écologique » met en avant les créations upcyclées des étudiants de la Formation « Toiliste – Patronnier / Mode Responsable » du Lycée Paul Poiret. Des oeuvres innovantes et créatives qui démontrent comment des matériaux récupérés, comme des filets de pêche usagés, peuvent être transformés en vêtements de mode.
Le travail fait auprès des jeunes générations qui vont élaborer les créations textiles du futur, reste une étape importante, car il forme les étudiants à aller chercher de nouvelles solutions. La collaboration avec SAO Textile, avait de nombreux objectifs comme :

  • Explorer les propriétés spécifiques des textiles proposés par SAO Textile (matières techniques, recyclées, ou biodégradables),
  • Adapter les designs aux contraintes et avantages de ces matériaux,
  • Favoriser une approche collaborative pour des solutions innovantes.
  • Réduire les déchets textiles en optimisant les découpes et en réfléchissant aux cycles de vie des vêtements.
  • Proposer des pièces répondant à une demande croissante de transparence et d’éthique dans l’industrie.

Le tout en confrontant les étudiants aux réalités du marché et les incitant à intégrer des enjeux professionnels dans leurs projets créatifs.

Labellisée « La Mer en Commun » par le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Pêche,
l’exposition vise à sensibiliser le grand public à l’impact du plastique en mer et à promouvoir une mode plus responsable.

Le travail pédagogique et fonctionnel entre le Lycée Paul Poiret et SAO Textile
Le travail pédagogique et fonctionnel entre le Lycée Paul Poiret et SAO Textile
Le travail pédagogique et fonctionnel entre le Lycée Paul Poiret et SAO Textile

Fondé en 1920, le Lycée Paul Poiret à Paris rend hommage au célèbre couturier français Paul-Henri Poiret (1879-1944), pionnier de l’émancipation féminine. Le lycée propose des formations en mode et spectacle, du CAP au DNMADE et perpétue l’excellence du savoir-faire français.

Il est à préciser que le Musée des Arts Décoratif de Paris va organiser une grande exposition consacrée à Paul Poiret à partir du 25 juin 2025.

De nouvelles étapes pour SAO Textile en 2025

L’année 2025 sera jalonnée par plusieurs étapes pour la toute jeune entreprise dont une levée de fonds qui doit permettre d’industrialiser à grande échelle le processus de transformation des filets de pêche en bobines de fil polyamide 100% recyclé (le processus inclut la collecte des filets, le recyclage en granulés, la transformation en fil, et le tricotage pour la production de textiles innovants) et de recruter une personne chargée de la collecte des déchets auprès des pêcheurs.
c’est le défi relevé par l’héraultaise Marine Olacia, fondatrice de la start-up SAO Textile, afin de lancer la commercialisation des bobines de fil début 2026 et de développer en parallèle sa propre collection textile.

Plusieurs marques de luxe et de sport ont déjà manifesté leur intérêt pour les fils de SAO Textile. Ce fil recyclé peut être employé dans le secteur de la mode, mais aussi dans d’autres domaines : vêtements de travail, automobile, supports publicitaires… La start-up est soutenue par des acteurs phares de l’innovation en Occitanie : l’agence d’attractivité économique Blue, le Syndicat Mixte du Bassin de Thau, la French Tech Méditerranée et BPI France.

Proposer un nouveau modèle dans l’industrie textile

Marine Olacia, la fondatrice, souhaite agir concrètement en faveur de la protection de l’environnement. Elle veut faire bouger les mentalités et pratiques en vigueur dans l’industrie textile et participer à la création de nouveaux modèles et filières plus responsables.
D’ici 2030 : SAO Textile ambitionne de devenir la référence française du textile innovant et recyclé en transformant les déchets marins en textiles éco-responsables.

Quelques chiffres clés concernant la start-up :

  • 2023 (février) : Fondation de SAO Textile
  • Plus de 150 tonnes collectées auprès de pêcheurs d’Occitanie (Agde, Sète et Port-Vendres).
  • 1kg de filets de pêche = 20 kilomètres de fil = 7 tee-shirts techniques
  • 1% des bénéfices reversés à des ONG.
  • 10% de la pollution plastique sous-marine provient des filets de pêche.
  • Un filet de pêche met 600 ans à se décomposer.
Marine Olacia fondatrice de SAO Textile

Une fondatrice qui connait bien le monde du textile et ses travers

La fondatrice Marine Olacia, 38 ans, est originaire de Bessan (entre Sète et Béziers) dans l’Hérault. Elle travaille pendant quinze ans en tant que styliste aussi bien pour des marques de luxe que de fast-fashion (Bershka, Volcom, Roxy, Reiko…). Lors d’un voyage au Bangladesh, elle est frappée par les dérives de ce secteur et décide alors de s’engager pour une mode durable et de faire bouger les mentalités et les pratiques dans l’industrie textile. Son engagement auprès de l’ONG Project Rescue Ocean renforce son envie de changer les choses. Distinguée à de nombreuses reprises, l’entrepreneuse est lauréate en 2024 de « 101 Femmes de Matignon » et en 2022 de « Climate Launchpad France ». Elle a aussi témoigné dans le documentaire Fast Fashion – Les Dessous de la mode à bas prix sur Arte et a participé au podcast Nouveau Modèle, et Entreprends tes rêves !

C’est en partant de ce constat que Marine Olacia s’engage à recycler des filets de pêche usagés, afin de préserver les fonds marins et de soutenir la transition durable de l’industrie textile. Une mission qui fait écho à celle de la néréide Sao qui, dans la mythologie grecque, protégeait les marins.
Une mission qui est aussi partagée, à une échelle différente, par Pyratex, qui sait également valoriser les déchets créés par l’être humain en fibre textile innovante.

Tout le travail de SAO textile et du Lycée Paul Poiret est à découvrir au Musée de la Marine le 6 mars 2025 de 18h30 à 23h30.
Musée National de la Marine, 17 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 Paris
Entrée : Gratuite

[ ATTENTION – l’expo ne sera visible que lors de la soirée du 6 mars !! ]