Le constat fait encore récemment n’est pas des plus joyeux. Comme nous le fait remarquer une information de TF1, de plus en plus de vêtements sont incinérés, car la production massivement issue de la fast fashion à des prix bas et en majorité en matière synthétique facilite les achats de mauvaise qualité, incompatible avec l’idée d’une « seconde vie. » Un constat partargé par nos amis belges et présenté sur la RTBF.
En parallèle, mais aussi liée sans doute à cette fameuse fast fashion, la production de matière synthètique n’est pas sur une tendance à la décroissance. « Alors qu’elles ne représentaient que 62% de la production mondiale de fibres en 2020, les fibres synthétiques ont vu leurs poids grimper à 67% sur l’année 2023, selon le dernier rapport de Textile Exchange« , comme nous l’indique Fashionnetwork.
Challenges qui a traité récemment le sujet de la Semaine des Autres Modes, en profite pour nous rappeler le verdict des études de l’Adème qui selon leurs analyses montre qu’un Européen achète aujourd’hui 40 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve deux fois moins longtemps.
Pourtant il est possible de voir les choses différemment, d’accompagner et favoriser le développement d’entreprises textiles qui veulent exploiter de manière vertueuse les possibilités que nous offre la nature et la bio-diversité, notamment dans le domaine des matières naturelles et cela grâce au principe de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire).
De la laine, du lin, voire du chanvre, voila des matières que l’on peut avoir dans nos placards et avoir envie de les garder longtemps car elles auront toujours ce petit plus d’affect, surtout si elles proviennent d’une filière dont on est sociétaire.
Car être sociètaire d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), au delà d’un acronyme un peu barbare, s’est s’impliquer dans une démarche responsable, dans une aventure qui porte la vertu de l’engagement et permet de faire confiance à des structures humaines, impliquées dans le développement de nos territoires et dans le renouveau d’une filière textile qui mérite mieux que d’accumuler des ballots de fringues devenues inutilisables.
2 entreprises sont dans cette actualité en ce début d’hiver 2024 : VirgoCoop et Laine Paysanne, qui proposent à ceux qui le souhaitent de les rejoindre en devenant sociétaire, investisseur et engagé.
Accompagner des entreprises réelles, actives dans nos territoires
VirgoCoop
Virgocoop veut redonner du sens au secteur textile en impliquant citoyens, agriculteurs, entreprises et collectivités autour d’une même mission : développer un secteur textile écologique, éthique et source de dynamisme pour les territoires. La coopérative a décidé de rebatir une filière textile, depuis la production de fibres, jusqu’à celle des tissus, dans le Tarn.
Virgocoop a fait le choix de relancer localement des filières textiles écologiques et éthiques, du champ jusqu’au tissu, dans les domaines de la laine et du chanvre notamment.
Devenir sociétaire de VirgoCoop, c’est renforcer une communauté d’acteurs engagés pour de nouveaux modes de consommation et de production textiles, écologiques et éthiques. Le but est d’accompagner une entreprise qui s’est engagée concrètement dans la construction d’un avenir textile plus durable, éthique et respectueux de l’environnement. Le statut de sociétaire, vous fait bénéficier du droit de participer aux prises de décisions importantes concernant l’avenir de la SCIC.
Votre voix compte et vous avez l’opportunité d’influencer les orientations stratégiques de votre coopérative en collaborant avec d’autres membres de la communauté. Le coût d’une part est de 100€, sachant que vous êtes sociétaire dès la première part détenue. En détenir une ou plusieurs ne change pas le poids de votre vote. La règle reste toujours : 1 personne = 1 voix. Vous avez accès aux informations sur les pratiques, les processus de production et les engagements en matière de durabilité de la coopérative. Vous pouvez ainsi contribuer à façonner une industrie textile plus responsable. En tant que particulier, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt sur le montant des sommes investies.
Toutes les informations sont indiquées sur le site de la coopérative.
Une campagne en titre participatif pour aller plus loin
Mais VirgoCoop va plus loin et a lancé une campagne de levée de fonds citoyenne de titre participatif pour récolter 250 000€. A partir du moment ou vous êtes devenu sociétaire, ce qui est un palier nécessaire, vous pouvez aller plus loin et vous avez accès à cette campagne ouverte jusqu’au 31 décembre 2024. Vous pouvez investir une part de votre épargne dans ce qui s’apparente à un produit financier (rentabilité et risque). Cette campagne de levée de fonds a démarré cet été et avait déjà été évoquée sur ce blog.
Les objectifs présentés par VirgoCoop pour cette levée de fonds sont:
- Investir au sein de notre usine de transformation du chanvre pour améliorer son rendement avec de nouveaux équipements performants.
- L’équiper d’une toiture photovoltaïque : nous serons ainsi approvisionnés en 100% d’électricité renouvelable.
- Investir en Recherche et Développement pour élargir les débouchés de nos fibres de chanvre et de laine.
Toutes les informations sont à découvrir sur leur site, car comme le précise la législation, investir comporte des risques et il est important de prendre le temps de faire le tour des informations mises à disposition.
Grâce à cette double démarche VirgoCoop veut se positionner comme l’un des pionniers et un des principaux acteurs du textile biologique et éthique en Europe.
VirgoCoop était encore récemment en octobre 2024 à La Caserne à Paris pour participer à un débat sur les modèles économiques de demain, avec également LVMH, cent-neuf et Hélène Delannoy (économie Symbiotique).
Laine Paysanne
Laine Paysanne est une autre Société Coopérative d’Intérêt Collectif qui propose en tant que sociétaire, de les rejoindre pour accroitre « le troupeau d’acteurs et d’actrices engagé·e·s pour agir et changer la mode ! »
Leur démarche inclut toutes les étapes qui vont du troupeaux jusqu’au pull, afin de rendre possible une alternative locale et vertueuse à l’industrie textile mondialisée. Leurs vêtements, accessoires et tapis 100% laines des Pyrénées tissent les liens entre les moutons, les paysans·nes, les tondeurs·euses, et les artisans·es qui œuvrent ensemble pour une mode durable. C’est une démarche éthique et poétique, qui essaime un modèle alternatif reproductible sur d’autres territoires, pour diffuser des valeurs communes et tisser un réseau à travers les territoires !
Vous pouvez acquérir des part sociales de cette coopérative dès 50 € afin de défendre les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire, et co-construire avec eux une autre filière textile, pour :
- La valorisation d’une ressource locale, naturelle et durable : la laine
- La défense d’une agriculture paysanne et régénérative pour la reconnaissance des producteur·rice·s et le bien être animal
- La valorisation et la transmission des savoir-faire agricoles et artisanaux qui contribuent au maintien et à la relocalisation de l’industrie textile locale
- L’engagement pour des prix justes et transparents qui garantissent la rémunération de chaque maillon
- Des vêtements éthiques et sans teinture qui poussent dans les champs
Les 2 entreprises se connaissent et travaillent pour mettre en place une industrie textile plus respectueuse de l’environnement et impliquée localement. Ce sont des acteurs engagés, ce qu’avait remarqué The Good Goods lorsque le média avait présenté ce sujet au mois de mars de cette année et les avaient interrogé dans le cadre de la rédaction de leur article (contenu payant – paywall).
L’ article nous apprend qu’au même titre que les associations et les mutuelles, les coopératives font partie de l’économie sociale et solidaire (ESS) et que d’après le ministère de l’Economie, l’ESS contribue à hauteur d’environ 10 % du PIB depuis quelques années.
L’ESS est aussi une solution pour que les salariés prennent leurs destins en main
Encore récemment l’exemple de Bergère de France montre que l’ESS est une solution qui peut permettre de garder des activités sur notre territoire. L’ entreprise en difficulté, comme une partie de cette fillière textile, s’est ajoutée à la liste d’entreprises qui dans ce domaine ont choisi le statut d’entreprise coopérative comme l’indique France Bleu. Le tribunal de commerce de Bar-le-Duc a validé, lundi 21 octobre, la reprise de l’entreprise meusienne Bergère de France par ses salariés, sous la forme d’une Société Coopérative de Production (Scop). Ils sont 57 salariés à s’être engagés à reprendre et redresser l’une des dernières entreprises de filature du pays. La fabrique, fondée en 1946, était placée sous redressement judiciaire. Elle peut désormais continuer son activité.
Au delà des salariés qui par ce biais peuvent assurer la pérennité de leurs outils de travail, devenir sociétaire d’une entreprise coopérative est une manière de s’engager de manière concrête et de confirmer l’impact que montrent les études sur l’importance du lieu de fabrication lorsqu’il est situé en France :
– 83% des Français font plus confiance à un produit certifié OFG (Origine France Garantie), 77 % des personnes interrogées considèrent qu’OFG joue un rôle clé dans la relocalisation industrielle, tandis que 76 % y voient un levier essentiel pour la création d’emplois en France (sondage IFOP – Origine France Garantie).
Ainsi pour développer, voire déjà préserver, cette possibilité de fabriquer en France, devenir sociétaire d’une coopérative est un moyen efficace qui a comme conséquence de permettre à cette industrie textile de continuer à fabriquer sur nos territoires et aux consommateurs de trouver des produits Made in France. Un autre atout de ces 2 exemples cités ici, c’est qu’ils sont centrés sur les matières naturelles. Des matières qui soit dit en passant, sont réparables !
Enfin n’oublions pas que novembre est le Mois de l’ESS. C’est le mois des acteurs qui font l’économie sociale et solidaire pour témoigner de ce qu’elle peut apporter à notre société en pleine transition et donc le moment parfait pour que les citoyens et citoyennes découvrent les bons cotés de cette économie.