Le JAD à Sèvres propose une nouvelle exposition, jusqu’au 18 janvier 2026, « Horizon-expériences de la matière », qui fédère cet esprit collectif qui favorise l’émulsion des cerveaux et les inspirations des 20 créateurs actuellement présents. On avait eu le plaisir de découvrir » Tisser l’avenir, Habiller le corps » en 2024 et là encore, le collectif montre sa force de proposition pour révéler que art et nature peuvent faire bon ménage.
Les oeuvres des designers qui sont présentées dans cet espace à la scénographie bien pensée, permettent de faire un aller-retour sur de nombreuses et surprenantes créations, un trajet qui démontre une richesse de réflexions, de trouvailles (une colle naturelle à partir de pomme de terre ! entre autres) et d’innovations en s’appropriant avec douceur et originalité les ressources de la nature.
« Horizon- expériences de la matière », valorise le métissage et le croisement des savoir-faire
Du 22 octobre 2025 au 18 janvier, 2026, « Horizon-expériences de la matière », exposition à la scénographie élaborée par la designer Véronique Maire, est le troisième volet d’un cycle consacré aux 20 créateurs du Jardin des métiers d’Arts et du Design. Il met en lumière les savoir-faire et les liens que ces créateurs tissent entre leurs pratiques et présente, projet de recherche, création inédite et œuvre manifeste, pour faire découvrir ce qui se construit chaque jour dans les ateliers de Sèvres.
« Horizon-expériences de la matière » est une promenade sensible et immersive dans les univers de ces créateurs, ou les matières et les formes entrent en résonance. Au fil de l’exposition, des chemins se dessinent, des correspondances se tissent, des imaginaires se rejoignent et ouvrent le regard vers de nouvelles perspectives de création, celles nées de la rencontre entre métier d’art et design.
Les créateurs explorent de nouvelles façons de créer, chacun à leur manière. Ils portent une attention particulière au vivant et aux matières naturelles. Certains collectent directement la matière sur le territoire, bois, roche argile, laine, ou pigments naturels, d’autres la transforment à plusieurs mains pour imaginer des créations plus durables, respectueuses de l’environnement. Les matières végétales minérales et animales sont ainsi explorées sous toutes leurs formes mobilisant des gestes techniques précis et une grande capacité de création et d’innovation.
Les nombreuses créations que l’on découvre dans ce lieu ouvrent en effet un nouvel « Horizon ». Les réflexions et inspirations sont audacieuses et surprenantes. Un designer et une céramiste révèlent les couleurs de terre locale mises au rebut, un héliograveur et un designer olfactif s’intéressent aux usages olfactifs et chromatiques du mastic, une tisserande transforme les algues en fibre durable (Rose Ekwé, toujours passionnante à suivre), tandis qu’un artisan textile développe des techniques permettant aux étoffes de capter la lumière et le mouvement.
On découvre également, que le travail du bois peut être effectué grâce à des collages fait par une colle naturelle élaborée à partir de pomme de terre, que l’on peut inventer un nouveau type de cordage très design en associant un fil barbelé et de la laine teintée en couleur naturelle, que si un caillou dans la chaussure est particulièrement génant, quand on pense design, le caillou permet d’imaginer un nouveau mobilier modulaire, ou encore qu’il existe différents moyens de tisser… de la céramique.
Ces réflexions et ces gestes ancrés dans la tradition, mais tourné vers l’avenir, esquissent de nouveaux récits et des formes de création inédites. Bien sûr le textile est présent, avec notamment un très joli et précis travail sur un bustier, effectué par le duo Marion Gouez et Sofia Shazak qui font dialoguer deux matières rarement associées, la plume d’oie et le cuir de vache. C’est aussi l’occasion de recroiser le travail de Tony Jouanneau, que l’on avait pu apprécier déjà en 2019, c’était lors d’un événement aujourd’hui disparu la Fashion Tech Week, ou lors de la remise des Grands Prix de la Ville de Paris en 2024 avec son atelier Sumbiosis. Ici, il a travaillé avec Lucie Ponard sur les possibilités de mettre en forme textile et céramique tout en utilisant des terres de chantier pour créer des teintures naturelles applicable aux deux matières qui finissent par dialoguer ensemble dans un grand nuancier.
Un parcours pédagogique
Pour cette exposition, Véronique Maire a demandé aux créateurs du JAD, de partager leurs inspirations, une œuvre, un livre, une image, un souvenir ou un mouvement. Ces références personnelles offrent un nouveau point de vue sur leur démarche. L’exposition « Horizon-expériences de la matière » montre comment les disciplines se nourrissent, comment le dialogue entre savoir-faire s’opère et se construit. Entre expériences, matières et récits, l’exposition invite à imaginer d’autres manières de créer et de penser notre rapport au monde.
Le parcours démarre autour d’une table d’orientation, qui propose une première approche de l’exposition à proximité d’un canapé qui invite à s’asseoir et à prendre le temps de la contemplation globale de cette scène créative. De jolies boites révélent des fiches sensorielles qui donnent les clés pour comprendre le cheminement créatif et les points de départ, inspirants les oeuvres. Puis au retour de cette déambulation, il ne faut pas oublier, une fois apprécié les oeuvres créatives, de prêter attention à ces meubles bibiothèques, qui forment le second versant de l’exposition, ou se déploient dans un espace plus intime, ce qui a inspiré les créateurs, un livre, un geste chorégraphique, une image, un souvenir personnel.
L’exposition « Horizon-expériences de la matière » a comme commissaire et scénographe Véronique Maire. Elle a débuté sa carrière au sein du studio de création André Putman où elle a développé des produits pour la maison en 2006. Elle a créé son bureau de création en privilégiant son intérêt pour les savoir-faire et l’univers de la table. Designer pour des marques pour qui elle dessine régulièrement des collections, elle dirige également la chaire IDIS (industrie, design et innovation sociale laboratoire de recherche en design.).
JAD, terre d’accueil et carrefour des arts
Le JAD est un lieu singulier et pionnier de l’hybridation des savoir-faire et de la mise en commun des disciplines. Le lieu abrite vingt ateliers accueillant des artisans d’art et des designers, des espaces communs de travail, ainsi qu’un MakerLab. Choisis à l’issue d’un appel à candidatures, les créateurs du JAD se distinguent par leur volonté de travailler ensemble. Ils poursuivent au sein du JAD leurs activités professionnelles tout en créant de nouvelles opportunités de travail basées sur le mode collaboratif.
En favorisant leurs rencontres au sein d’un même espace dédié à l’innovation et la création, le JAD les encourage à croiser leurs imaginaires, leurs univers esthétiques et leurs savoir-faire respectifs. Par le biais de son Programme de Recherches et d’Innovations Collaboratives (PRIC), le JAD accompagne le développement de leurs projets communs. L’endroit est un lieu à multiple mission; Lieu de ressources, de pratiques, de sensibilisation et de valorisation, de transmission. La pédagogie y est présente à toutes les étapes à destination du grand public et de la jeunesse.
Le JAD est piloté par différents acteurs. Le Département des Hauts-de-Seine, accompagné par un groupement d’expertises constitué du Groupe SOS-Scintillo, de l’Institut pour les Savoir-Faire Français et de Make ICI, orchestre la vie du lieu à travers une programmation culturelle, la gestion du MakerLab, l’animation du programme de recherches et d’innovations collaboratives ou encore l’accompagnement des créateurs du JAD.
Ouverture au Public du mercredi au dimanche de 14h00 à 19h00.
Fermeture du 24 décembre 2025 au 1er janvier 2026.
Entrée libre et gratuite.
