La Fashion Tech Week Paris se déroule chaque automne depuis 7 ans. Avant de passer à l’heure d’hiver, on passe à l’heure de l’innovation dans le monde de la mode. Le programme a autant d’amplitude que l’homme de Vitruve, ce célèbre dessin de Léonard de Vinci qui va créer quelques files d’attente au Louvre. En effet il y a des conférences avec des représentants de grands groupes, des ateliers, cette année un hackaton, une expo avec des jeunes créateurs et en clôture de cette semaine une Pitch Night qui cette année avait pris place à la Gamelle… sans en prendre une ;).
La Fashion Tech Week organise à L’ESCP une conférence pour comprendre les enjeux des nouveaux business modèles plus responsables
C’est au coeur de l’école de commerce que c’est déroulé la conférence accueillant « on stage », Les Galeries Lafayette [Damien Pellé], Lectra [Philippe Ribera], Kering [Géraldine Vallejo], Asphalte [William Hauvette] ainsi qu’Adrien Garcia l’auteur du podcast entreprendre dans la mode. Ils ont discourus sur les changements en cours qui doivent permettre à la mode de ne plus être vue comme une activité si peu respectueuse de la planète et vilipendée comme telle.
La mode responsable tout le monde en parle et beaucoup de consommateurs/trices en veulent et en consomment. Même trop, lorsque comme le souligne Damien Pellé, dans un même sondage, 50% des personnes interrogées déclarent acheter de la mode responsable, mais seulement 22% connaissent des marques appartenant à cette catégorie. Il faut faire bonne impression, même si dans les actes on se laisse aller encore à l’achat facile et « fast ». Néanmoins la tendance progresse. Ainsi en ce qui concerne la seconde main, 40% des personnes ont remplit leurs paniers avec des produits de cette catégorie. Nelly Rodi qui intervenait lors du Prix de Dinan, avançait elle, que la seconde main représentait 30% du CA en 2018. Des valeurs cohérentes qui annonce des temps difficiles pour les marques qui ont peu de personnalité. Kering a précisé que dans le domaine du luxe, la seconde main représentait 7 % du marché. Pour Damien Pellé, la seconde main revalorise la première main. Il y aura des marques qui auront une vie en première et en seconde main, alors que certaines ne se retrouveront même pas en seconde main, car pas assez de style, d’âme ou de qualité.
Pendant ce temps, la location de vêtement, elle, a du mal à décoller. Mais il y a d’autres idées qui progressent. Le « On demand » par exemple. On ne fabrique que ce qui est vendu. William Hauvette, fondateur d’Asphalte a présenté son business model bâti sur ce principe de la fabrication à la demande. Du coup, il n’y a pas de stocks, pas d’invendus, pas de soldes et en calculant ses marges avec un ratio raisonnable, la marque peut proposer une qualité premium à un prix très étudié. La mode homme est parfaite pour cela, car elle subit moins les tendances que la mode femme. Philippe Ribera de Lectra aimerait que les choses bougent encore plus rapidement. Fournisseurs de nombreux grands groupes, il a glissé subrepticement dans le cours des diverses conversations, que souvent ses interlocuteurs en entreprises, lui parlaient avant tout de ce qui pouvait tomber dans le tiroir caisse. Il constate que les investissements dans la recherche ne sont pas encore assez importants. Souvent les grandes idées se fracassent ainsi sur la gestion du court terme. Mais il y a des acteurs qui avancent, car l’évolution vers ce toujours plus est désormais difficilement tenable. Ainsi PyratesSmartFabrics, présente dans le cadre de l’exposition de la Fashion Tech Week Paris invente des tissus innovants à base de matériaux recyclés ou des matières tissées avec des algues sont bénéfiques pour la peau. De son coté, le CETI a inauguré une machine pour recycler les vêtements dans le Nord de la France il y a peu.
Une expo pour découvrir les nouveaux acteurs qui vont compter dans la mode de demain
La Fashion Tech Week Paris compte parmi ses organisatrices, qui ne sont en effet que des femmes, soit dit en passant, Pauline Guesné, fondatrice d’Induo qui fut une des première lauréate et qui a inventé ce textile innovant qui gagne des prix en Europe et en Chine. J’ai le plaisir de suivre cette innovante entreprise depuis ses débuts. Lors de cette expo sous les douces courbes du Viaduc des Arts, on a retrouvé avec joie les créations de Mlle 3D. J’espère pouvoir revenir prochainement sur ses créations, car Laura est passée d’une machine 3D à 5 et l’association mode et 3D nécessite beaucoup de talent, pour ne pas se laisser emporter seulement par l’aspect tech. On a remarqué également Floriane Schmitt, jeune designer qui donne du volume au tissu néoprène pour en faire des objets légers et chics comme un nuage qui aurait été imaginé Avenue Montaigne, ou encore l’étonnante Surzhana Radnaeva qui vient d’une contrée qui connait bien le froid, la Sibérie et qui avec talent et travail transforme le parchemin en un top impressionnant et indéchirable. Son travail inclut une réflexion sur les costumes traditionnels de sa région et une discussion avec elle vous entraîne dans une pérégrination des plus fascinante dans une des régions du monde (la Buryatia) des plus mystérieuses.
La Fashion Pitch Night, clot la semaine en beauté
C’était donc l’équivalent d’un demi quota de quilles de bowling qui s’affrontait sur la piste située dans la brasserie Gamelle. Au terme de cette Fashion Tech Week Paris, les 5 startups sélectionnées avaient 4 minutes chacune pour expliquer leurs concepts. Il a été facile de placer les photos dans l’ordre chronologique de leurs passages, en se référant au fond des images ou l’on voyait la nuit tomber sur le boulevard Daumesnil. Sur les 5 candidats 2 étaient plutôt des cabinets conseils en mode durable ce qui est bien dans l’air du temps [Greeny Bird Dress et Sed Nove]. Lolo Paris propose une conception de soutien gorge sur mesure et GenerateAI utilise la technologie pour recréer des mannequins virtuels lorsque les marques veulent vendre dans différents pays, sans avoir à faire de nouveaux shooting. La startup la plus mature sans doute de celles qui ont passé l’épreuve. Elle montrait que la technologie qui sert à faire des deep fake peut aussi avoir de bons cotés. Enfin c’est la startup Sticklett qui a gagné les faveurs du Jury (qui comptait Armine Ohanyan comme membre) . Cette startup , invitée de dernière minute, originaire d’Autriche a développé un IoT textile amovible intelligent qui a la forme d’une coccinelle appelée Mary. Cet objet, doté de capteurs fournit des informations sur l’état vital (respiration, température, mouvements du corps) des enfants et alerte les parents en cas d’urgence.
Il y avait un prix du public également. Il a été remporté par Atelier Sumbiosis fondé par le designer Tony Jouanneau. Il a comme ambition de développer pour les marques des techniques d’ennoblissement textile en collaboration avec le vivant (dévorés, teintures). Il utilise notamment la spiruline et il dresse des larves. Celles ci, organismes vivants, connues sous le nom de dermeste péruvianus, vont suivre un parcours pré étable par un mini dédale et ronger le textile à certains endroits. Cette action donne des motifs textiles qui s’appellent le dévoré et en voyant le résultat on comprend pourquoi.
Retrouvez les images et les intervenants sur le lien suivant de la FashionTech Week Paris . Cet événement s’est déroulé avec le soutien de Madame Lyne Cohen-Solal Marraine de cette édition, de toute l’équipe de l’Institut National des Métiers d’Art, ainsi que Gamelle et les partenaires, Avantex Paris et De Rigueur.
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[…] douceur et cachemire, les modèles uniques de… Le Black Friday souligne le coté sombre du… La Fashion Tech Week a toujours la fibre… Yoga ou fitness, pratiquez votre activité préférée avec… Mademoiselle L, marie avec […]
[…] enchanteur et merveilleux grâce à des modèles à nuls autres pareils. On peut citer aussi La Fashion Tech, qui fait sa démonstration chaque année, pendant une semaine en octobre, avec des rencontres et […]
[…] couleurs de la flore aquatique, Armine Ohanyan dénonce l’enjeu écologique. Utilisatrice des nouvelles technologies comme l’impression 3D, ou encore des matières peu courantes dans le textile comme le silicone […]