Au delà du Cuir, est un espace d’accompagnement et d’incubation situé dans le sentier qui va bien au delà du cuir. Il accueille cette semaine (jusqu’au 22 juin) un pop-up dédié à la mode émergente ou on peut découvrir de jeunes designers de la scène française comme Lucille Thièvre, créatrice de sa marque éponyme et P.F. Valette créateur de Valette Studio mais également des marques d’accessoires qui utilisent le cuir, comme Domestique par exemple.
Cet endroit avait permit il y a peu, de découvrir comment Méduse et LISAA réinventaient la célèbre sandale.
Lucille Thièvre, féminité et art de la fronce
La jeune femme a lancé sa marque en 2019, après avoir passé quelques années dans des maisons à la renommée bien établie, comme Givenchy et Hermés. Chez cette dernière, elle était designer maille et si une personne maitrise le flou, c’est bien elle, qui développe désormais ses collections ou la légereté, la structure, s’associent avec merveille et boostent les possibilités de cette maille.
Après une enfance en Dordogne, ce qui n’est pas un handicap coté mode, il suffit de lire le livre de Jenny Sacerdote, sur lequel je reviendrais bientôt, la créatrice, qui bénéficiait d’une ambiance familiale très orientée couture, sa mère était couturière, a suivi des étapes que l’on pourrait appeler classiques, comme la Chambre Syndicale de Couture Parisienne ( Institut Français de la Mode aujourd’hui), puis des postes chez Hermès, Givenchy, tout en ayant un passage par le festival de mode de Hyères en 2019, ou elle est finaliste, avec une ligne « sensuelle mais pas sexuelle pour célébrer le corps de la femme, souligner et non cacher les courbes, les formes ». J’emprunte ces mots à une ITW donnée par Lucille Thièvre dans La Vie Corrézienne. C’est tout à fait ce qu’on ressent lorsqu’on découvre ses modèles. Il y a une forme d’exigence dans son dialogue avec le corps, un regard précis de microscope, mais sans volonté d’exhibition.


On comprend son appétence pour les matières douces et souples, le jersey, les matières stretch, quand on entre dans le détail de ses modèles. Ils se déclinent grâce à un « savoir-faire artisanal et une méthodologie de travail qui constituent aujourd’hui ma valeur ajoutée » comme l’explique la créatrice. Les modèles au style contemporain dialoguent parfaitement avec le corps féminin grâce à l’usage de ces tissus souples, de cette maille dont elle maitrise parfaitement la densité, la fluidité, ou encore grâce à ces cordons qui permettent de jouer sur la tension, du tissu enrobant le corps féminin, mais aussi sur sa longueur suivant les modèles. Cette volonté de pouvoir en quelque sorte sculpter le corps n’est pas complétement étranger à un tayloring sportif qui donne ce coté moderne à ses créations.
Une robe Lucille Thièvre peut par exemple se raccourcir pour ce déhancher au son endiablé d’une playlist électro ou se rallonger pour partager une coupe de champagne avec une sommité agée du monde des soirées parisiennes, qui lui ne bouge plus que le petit doigt.
La marque porte un soin particulier à travailler avec d’autres artisans, à Paris et dans ses environs, notamment celui qui lui permet de faire ses boutons en verre qui sont un des éléments forts de sa signature.
Décidée à ne pas se lancer dans des productions de masse, elle propose que chaque pièce soit fabriquée à la commande, grâce à son réseau de partenaire locaux et sa volonté de travailler à partir de stocks de tisssus dits dormants. Son vestiaire garde ainsi la vision durable et éthique qu’elle souhaite proposer.











Lucille Thièvre a développé plusieurs accessoires, notamment des sacs à main ou on retrouve son travail de la fronce, ainsi que les perles en verre. Ils se déclinent en petit ou grand modèle pour se glisser dans une main ou sur l’épaule. Les couleurs 2024/2025 font la part belle à un noir franc et un rouge intense.



La créatrice était à Sphère en début d’année 2024
La jeune créatrice était présente au showroom Sphère, organisé par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, avec le soutien du Défi et L’Oréal Paris. Cette structure accompagne les marques émergentes, dans leur développement économique et commercial et dans la construction de leur image. Lucille Thièvre avait pu y dévoilé son amour du jersey, parfait pour sculpter le corps, et ses différents drapés de viscose, sans oublier le denim qui se voit twisté par des détails aériens.


Ce passage au coeur du sentier, fut l’occasion de converser avec une jeune femme qui accompagne la créatrice lors de ce pop-up. Le hasard, qui quelquefois fait bien les choses, a voulut que cette jeune femme fût Suisse et fasse ses études de mode à l’HEAD de Genève. Comme quoi la Suisse aime toujours aider la mode française à se développer et on espère voir apparaitre près ou loin du Bleu Léman, les prochaines créations (normalement en 2025) de cette jeune assistante, qui fut prodigue en suggestions appropriées lors de ce rendez-vous spontané.