On a tous entendu parler de cette Route de la Soie. Elle a été un vrai axe qui a permis de développer le commerce international entre l’Asie et les portes de l’Europe. Elle reliait la ville de Chang’an en Chine à la ville d’Antioche, en Syrie médiévale. Aujourd’hui c’est plus un concept, mais son histoire montre que les matières naturelles et les tissus ont été à la base de ce mouvement et lui on même donné son nom, celui de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie.
Cette expérience un peu magique de la découverte d’un produit naturel, on peut la refaire en empruntant ce que l’on pourrait appeler ; la nouvelle Route de la Laine.
Beaucoup plus courte, ayant moins d’impact carbone, cette route, un peu plus bucolique, surtout plus naturelle et plus humaine, nous permet d’acquérir des produits de grande qualité qui ont du sens.
En effet, cette Route de la Laine, parcours principalement la France et l’Europe et ceci en fonction des différentes étapes nécessaires à la confection de ces pulls, gilets ou cardigans, de la tonte à la confection en passant par le tissage.
Dans cet article, vous aller découvrir 2 entreprises avec lesquelles vous pouvez vous engager sur cette route, qui n’est pas une voie de traverse et qui vous permet de constater que la Route de la Laine peut être une histoire, qui tombe au poil ( de mouton 😉 ) en ces temps ou l’on redécouvre les avantages du local, mais aussi, d’aventures humaines lancées par 2 personnalités féminines.
L’éthique et talent se rassemblent à l’Atelier du Tricot
ADT-Paris [Atelier Du Tricot] existe depuis 2019 et sa fondatrice Julia R. a décidé de lancer sa marque après un parcours marqué par plusieurs postes de responsable de la maille pour des grandes marques de Prêt à Porter. Cette aventure lui permet de faire un lien fort entre une matière quelle connait parfaitement et un nouveau mode de production plus vertueux.
En partant du postulat que seules les matières naturelles méritent que l’on s’y attachent, les modèles proposés par ADT sont toujours proposé dans ces matières, comme l’Alpaga, l’Angora, le Mohair et la laine Mérinos, travaillées de manière pure ou quelquefois mélangées avec de la soie. La marque propose également quelques modèles en coton, matière moins sensible à une consommation saisonnière et qui permet de pallier à la difficulté suivant les circonstances de trouver des stocks de laine de qualité en permanence.
Car ici, la logique est de proposer un produit qui a du sens et il faut affronter le problème de la disponibilité de la laine à partir du moment ou on respecte la nature. Les modèles sont créés et développés par la fondatrice au sein de l’atelier d’ADT, qui propose des créations originales, délicates et féminines qui s’inscrivent dans l’air du temps. Ce sont des pulls qui s’adressent à des femmes qui aiment porter de beaux produits, tricotés avec soin et amour. Elles ont envie de redonner du sens à ce qu’elles achètent. Elles veulent acheter plus qu’un vêtement; elles veulent acheter une histoire.
Remerciez Josiane, Martine, Claude, Evelyne….
ADT-Paris est une marque de maille haut de gamme, tricotée à la main. En effet, l’autre point fort d’ADT, est, un point que l’on retrouve dans le monde du Luxe, la préservation du savoir-faire. Si vous profitez d’une maille si douce, ajustée à votre morphologie, c’est parce qu’une des expertes du tricot, Martine, Geneviève, Claude…. s’est emparée de ses aiguilles et s’est consacré à éxécuter ce travail soigné et précis qui correspond à votre commande.
L’équipe d’ADT comprend une vingtaine de femmes qui font partie de ce réseau secret, ou l’on apprécie que l’âge ne soit pas une barrière à l’activité et ou chacune peut agir en fonction de son planning et de ses connaissances. Il n’y a pas de différence particulière pour travailler ces différentes matières naturelles. L’angora a tendance à laisser des poils et le 100% Mohair demande des aiguilles un peu plus grosse, mais l’expertise du tricot est la caratéristique majeure, bien sûr, des personnes qui appartiennent à cette équipe expérimentée.
Un suivi qualité très précis
Chaque ouvrage réalisé est envoyé par l’experte tricot à ADT-Paris une fois réalisé. Il arrive à l’atelier où il est mesuré, inspecté et vérifié. Chaque modèle possède un numéro de série qui lui est propre, ce qui permet un suivi individuel de chaque pièce grâce à un logiciel créé spécialement pour la marque. Grâce à ce numéro, la marque sait qui l’a tricoté, dans quelle laine et établi une fiche qualité, un profil précis de la pièce en quelque sorte, qui rassemble le contrôle de mesures final de la pièce. Si la cliente souhaite de nouveau le même modèle, la fondatrice Julia R. peut ainsi en relancer la réalisation et le refaire à l’identique ou avec une variation de couleur ou de matière. La qualité et l’authenticité sont privilégiées. Ce qui donne en fonction des évolutions climatiques un vrai défi d’avoir toujours cette laine naturelle à disposition. Le sourcing provient principalement de France. Le mohair par exemple, est issu de fermes françaises mais il est filé en Italie. Il n’y a pas pour le moment de matières recyclées aujourd’hui dans celles qui sont utilisées. Julia R. veut préserver la douceur de la laine naturelle.
ADT-Paris propose des modèles en stock, mais l’essentiel se fait sur commande. Il faut compter 1 mois pour la réalisation d’un pull, gilet… Le sur-mesure et la commande spécifique sont bien sur pris en charge.
Cette démarche m’a rappelé une approche identique, rencontrée il y a maintenant longtemps, c’était en 2011. Il s’agissait de GoldenHook. La finalité de ce projet était de rassembler de vraies communautés de grand-mères tricoteuses tout autour du globe. L’entreprise a depuis disparu, mais Julia R. veut s’appuyer sur un concept qui lui est toujours existant. L’expertise humaine en tricot. Et on sait qu’aujourd’hui, il n’y a pas que les grand-mêres qui sont détentrices de ce savoir-faire.
La laine Mérinos issue de France est le choix de Chandam
Maitriser une production locale est aussi le crédo de la marque Chandam. Pourquoi accepter que la laine soit considérée comme un déchet et soit exportée en Asie ? Les éleveurs de mouton doivent tondre 2 fois par an leurs troupeaux pour respecter le bien être animal. Mais comme la laine récoltée n’a que peu de valeur économique, celle ci est exportée à 80% en Asie. Inversement on fait venir de la laine Mérinos depuis l’Australie, avec une empreinte carbone digne d’un troupeau de dinosaures et un sourcing difficile à vérifier.
La laine, une matière naturelle à revaloriser
Eléonore B, la fondatrice de Chandam a identifié une laine particulière, issue de la race Mérinos d’Arles et la technique de la filature peignée, comme répondant aux critères de qualité et d’éco-responsabilité qu’elle voulait pour sa marque. Elle a donc décidé de développer un fil peigné en laine grâce à un circuit de production 100% transparent. Avec comme objectif d’obtenir un fil à tricoter de qualité, produit de manière locale et rémunérateur pour chacun des intervenants de cette filière.
La fondatrice de Chandam est ingénieure agronome spécialiste du développement durable de formation et a passé une partie de sa vie professionnelle dans le monde de la parfumerie, un monde que je connais un peu car dans ma famille, on a créé des parfums, dont un, a notamment été le parfum préféré de Madonna. La recherche de matières naturelles est donc une activité de base de ce monde du Luxe et lui a permis de comprendre quelles concessions elle était prête à faire… ou pas. Cette expérience des fragrances, proche aussi de la nature, permet à Eléonore B. de posséder un oeil d’experte pour cette quête de matière naturelle.
Le mouton est votre ami
Vous ne le connaissez pas, vous ne pouvez pas l’appeler par son nom comme dans l’exemple de l’experte du tricot cité dans la première partie de cet article, mais il est plus proche de vous que vous ne l’imaginez et il va vous permettre de porter un pull de qualité tout en faisant une démarche écologique, la laine n’est pas envoyée en Asie et sociale, l’éleveur étant justement rémunéré.
Tout, dans la réalisation de cette collection de pull et de gilet par Chandam est très locale et se veut responsable. Elevés en France, ces moutons de race Mérinos qui paissent tranquillement dans le sud de la France, évitent de faire appel à leurs cousins autraliens bien connu pour leur laine à longue fibre, mais qui de ce fait font parcourir à la laine un long trajet de l’autre bout du globe. La laine utilisée par Chandam est issue de la tonte de ces moutons dont la race est spécialement adaptée à cette volonté de proposer une laine de qualité européenne.
Chandam, vous l’avez compris, privilégie le circuit court. C’est pour cette raison que leur circuit de fabrication, depuis la fibre jusqu’au produit fini est franco-italien. En effet Eléonore B. veut contribuer à faire vivre les économies locales au plus proche du lieu de production de la matière première. L’entreprise place aussi les attentes de ses consommatrices au coeur de ses préocupations et interagit fréquemment avec elle, pour leur montrer aussi le coté des coulisses lors de la création de leurs pièces.
Pourquoi faire attention à la laine française
Cette route de la laine pourrait bien s’avérer en effet, un joli chemin de reconquête. Depuis 2019 , expliqué notamment par un article des Echos, on apprend que « Depuis des décennies, la laine en France est vécue comme un déchet. Pourtant, nous avons plus de 60 races de brebis réparties entre l’Occitanie, Rhône-Alpes, l’Aquitaine et le Massif Central », suivant les propos de Pascal Gautrand.
La France possède un cheptel de 5,4 millions de brebis, mais leurs toisons sont peu utilisées. Relancer une filière du pré au placard, c’est l’ambition du « Bureau Tricolor ». Située au coeur de Paris, cette boutique sert de vitrine à des groupements d’éleveurs français, et à une dizaine d’industriels (tisseurs, filateurs et autres brodeurs) qui travaillent ces laines locales et dont Chandam est membre. Chandam avait aussi fait partie du collectif de marques éco-responsables qui avaient monté le No-Mad-Shop en 2022, sur la rive droite parisienne.
La laine est une matière naturelle, renouvelable et biodégradable. Cette matière possède également de nombreux atouts et propriétés idéales pour en faire un vêtement. C’est en effet une matière à la fois : respirante, thermorégulatrice, anti-bactérienne et dépolluante. De plus, au delà des images traditionnelles du gros pull en laine, comme le modèle irlandais, l’innénarable pull moche de Noël, ADT-Paris et Chandam montrent que la laine se travaille avec des techniques de tricots qui transforment cette matière en maille qui peut être légère, douce, idéale pour les soirées fraiches de lété. Une matière qui se traite tout en finesse, afin que la laine se réinvente pour devenir également la matière indispensable durant la belle saison.
C’est 2 exemples d’entreprise à taille humaine, maîtraisant leurs sourcing, contrôlant un circuit de production local, pour permettre à de nombreuses personnes de travailler sur des produits de qualité montrent qu’il faut faire confiance à ces entreprises qui mettent la qualité et la cliente au cœur de la création et sont le résultat d’une démarche entrepreneuriale raisonnée.
ADT-Paris et Chandam sont proches de nous dévoiler prochainement leurs nouveautés, toujours conçues dans cet état d’esprit vertueux.