Oui, on a vu passer dans les notifications sur nos réseaux sociaux, le message de la marque Les Récupérables, qui par l’intermédiaire de sa fondatrice Anaïs annonce un Klap de fin. Oui, un Klap comme Klub, Kopine, Kimbo et Kool, tout cet univers que la marque avait réussi à développer avec un grand K.
Pourtant, l’été dernier on avait assisté au déménagement du 20 éme arrondissement au 11 ème et à part le chiffre de l’arrondissement, rien n’indiquait que c’était une décroissance. Le nouveau logo avait à peine son encre sèche lorsque le mois de septembre 2022 a vu l’inauguration officielle de la rue de Crussols, qui aujourd’hui sonne un peu vide depuis que cette marque pionnière de l’upcycling a tiré le rideau. Elle qui nous avait montré, entre autre, depuis 2015, que justement, un rideau pouvait avoir du style et du sens.
Une marque précurseure de l’upcycling et de la mode circulaire
Même si on ne connaitra pas, à juste raison en ce qui me concerne, toutes les causes de cet arrêt, on sait que les temps sont durs pour les jeunes marques françaises éco-responsables. Cela fait beaucoup de peine de voir cette marque fondée par sa fondatrice Anaïs disparaitre. Elle a été une des premières à nous faire comprendre les atouts et les enjeux de l’upcycling. C’est une des pionnières dans ce domaine, elle nous a formé à comprendre ce vers quoi la mode devait évoluer et on n’imaginait pas que dotée d’un tel caratère et d’une telle volonté, on assisterait un jour à ce qu’elle nous fasse le coup de la panne… totale.
Mais on imagine la voir rebondir ultérieurement, car son expérience est sans commune mesure dans le monde du textile et sa personnalité ne peut qu’intéresser d’autres acteurs, grand ou petit, confiant ou au contraire tremblant devant l’avenir. Sans compter que de se relancer dans une nouvelle aventure reste aussi une option.
J’ai retrouvé dans mon placard, le premier sweat Les Récupérables que je m’étais procuré dans une des premières campagnes Ulule qui était taillé si petit malgré son M cousu dans le col que seul le chat a pu l’enfiler (c’est une private joke qui rappellera peut-être des bons souvenirs à Anaïs). Je le garde précieusement.


Une mauvaise nouvelle qui ne doit pas décourager les acteurs en piste aujourd’hui !
Ce n’est pas une bonne nouvelle de voir une marque telle que Les Récupérables disparaitre car cela veut dire que collectivement nous n’avons pas envoyé à Anaïs et son équipe, suffisamment de bonnes ondes (De son coté, elle nous en a envoyé tout plein).
C’est vrai qu’entend régulièrement qu »l faut ralentir nos achats trop compulsifs de produits textiles, nos placards sont globalement pleins et que les vêtements achetés doivent durer plus longtemps. Certains sont par ailleurs obligés de comprimer de facto leurs achats par la faute d’une inflation qui ne nous lâche plus les baskets.
En parralèle certains acteurs de la Fast Fashion, souvent de gros acteurs d’origine asiatique, nous bombardent de message doté de bon d’achat de 800 € si on reprend leurs messages en story.
Cette marque n’est pas seule à devoir s’arréter comme l’indique le compte insta Aliaslouiseblog. On voit apparaitre dans le post ci-dessous des marques que j’avais également le plaisir de croiser et qui maintenant laissent la place et d’autres qui sans un mot montrent par le peu de renouvellement de leur posts sur leurs comptes insta, qu’ils semblent aussi dans une situation délicate.
Parmi les marques auxquelles on s’était habitué à discuter et qui n’apparaissent plus dans nos feeds, on trouve Atelier Unes, ou les Jupons de Louison. Même si dans cette liste, toutes les causes de leurs trajectoires devenues silencieuses sont sans doute différentes, il est dommage de voir disparaitre autant d’énergie et de bonnes idées vertueuses. Atelier Unés avait innové notamment dans la gestion et le recyclage des collants.
Il faut continuer à faire confiance aux jeunes marques éco-responsables
On pourrait faire une rubrique cimetière. Pendant un moment j’avais pensé faire un article sur les marques que je suis et qui ont disparu, simplement pour leur rendre hommage. Mais faire une nécrologie ou se ballader dans un sorte de Père Lachaise du textile n’est pas forcément heureux à part si on veut comptabiliser les feux follets (qui à priori utilisent une énergie décarbonnée, en tout cas, désossée).
La fermeture d’une entreprise est toujours un moment délicat mais cela n’empêche pas de continuer à tracer son chemin. Dans ma famille aussi, la génération précédente a du gérer la fermeture d’une maison de couture et supprimer de ce fait 350 emplois, même si la raison économique n’était pas la principale.
Il reste de nombreux acteurs que vous pouvez suivre, sur ce blog, mais aussi sur le site Slowweare pour celles qui en ont le label, sur le label UAMEP et si vous êtes parisien et que vous vous balladez dans le Marais, au Safe Urban Concept ou en dehors du Cappucino, vous pourrez découvrir dans ce lieu hybride de jeunes marques éco-responsables qui peuvent prétendre à prendre la succession des Récupérables.
Il faut continuer à réfléchir quand vous faites vos achats, surtout si vous en faites moins, à bien savoir ou vous mettez les pieds. Encore une fois que cela soit dans votre ville ou dans le monde sans frontière d’Internet, faite confiance aux créatrices et créateurs qui imaginent et travaillent avec des ateliers français ou européens. La littérature sur ce sujet, ne manque pas, il suffit d’être un peu curieux.


Le Made in France a l’air de retrouver des couleurs et même le textile recommence à vouloir construire l’Usine du futur sur notre territoire. Ce qui compte n’est pas forcément le strict Made in France, mais le Made by Experts. Si on peut joindre les deux c’est parfait. De nombreuses ressources sont accessibles par l’intermédiaire du Site du Made in France pour trouver des marques plus vertueuses qu’on a envie de soutenir.

