Noémie Devime, jeune talent de la scène mode française, a régalé ses fans et supporters lors de ce premier semestre 2016. Entre nouvelle collection, adaptation de ses modèles, et nouvelle mise en scène, on a pu suivre le fil d’un chemin créatif riche en surprises. Le premier épisode a eu lieu lors de la journée de la femme, le 8 mars, au coeur du 11 éme arrondissement. Entre les piliers d’un atelier, passant par une porte étroite, sont apparus un par un des modèles aux styles très différents qui chacun par sa construction exprimait cette mode audacieuse, comme une pièce de théâtre ou chaque modèle serait un acte à lui tout seul. Ici, la salle n’est pas parsemée de manteau Prada, de sac Gucci, de chaussures Louboutin ou de montre Rolex. La population jeune vient découvrir des créations qui surgissent et deviennent oeuvre comme un volute de fumée qui prend forme et dessine dans l’air, robe, top, accessoire. Cette mode se vit chez Noémie Devime comme une vraie aventure, moderne, créative, et responsable.
Faire son défilé le jour de la femme n’est ce pas une belle idée !
Si la petite cour du 11 éme était sombre en cette fin d’hiver, la lumière emplissait la salle du studio aux vitres dépolies. C’était un moment d’intense préparation qui allait réveler une performance de taille, car le nombre de modèles, l’éventail des silhouettes fut impressionnant. ici comme dans un théatre à la mise en scène moderne, le décor est simple. Il laisse passer par cette fameuse petite porte les protagonistes de cette pièce qui viennent tour à tour montrer avec naturel leurs costumes, qui racontent une histoire par l’effet combiné de leurs styles et de leurs constructions. Sa première collection faite à partir d’éléments inflammables telle une crinoline en allumettes, l’Heure Bleue qui est une ligne de prêt à porter en série limitée teinte à l’indigo brut ancestral. Enfin Incunabula sa dernière collection présentée en mars 2016, qui fait se rencontrer pièce unique, mode éthique et high tech.
Les modèles issu de la Burning Parade appartiennent à la première présentation de la collection de Noémie Devime. Elle a donné lieu à un défilé de vêtement inflammable présenté au Palais de Tokyo à Paris. Les silhouettes sont composées d’allumettes et de cigarettes et les tissus classiques sont détissés emmêlés et repeignés. Oscillant entre l’obsolescence programmée et la frénésie de la mode, c’est un entre deux entre la consommation et la consumation.
La collection de l’Heure Bleue est issue d’un savoir faire textile ancestral, la teinture indigo, modernisée par des coupes basiques, tailleurs et urbaines. Les vêtements étoffent la collection au fil des saisons pour proposer un nouveau type de production et de consommation durable et qualitatif. En vente chez Shopethik.
Incunabula est une collection d’une cinquantaine de pièces présentée en mars 2016 à Paris. Le fait main, l’éthique et le High Tech se rencontrent. Des pièces éthiques faites de matières organiques teintes à l’indigo du bénin côtoient des structures en cordes nouées à la main et des vêtement high tech auto-suffisants en rémanence lumineuse. Des coupes crues, des coupés bord francs revisitent le vêtement de travail. Le corps est une structure qui se noue et se dénoue. La femme devient vestale, le vêtement devient ornement.
Les matières fusionnent pour proposer des drapés long ou court, les matières aux couleurs sobres ou brillantes s’associent au gré des étoffes assemblées. Epaule, hanche, cuisse, poitrine, les modèles ne sacrifient rien à la féminité qui se voit plutôt sublimée par un travail des coupes parfaitement ajusté .
Il est agréable de pouvoir découvrir le travail de la matière. Au delà du style, suivre le fil n’est pas toujours simple quand les idées se multiplient. Mais dans le cadre de ces défilés les mannequins restaient à leur issue et on pouvait faire le tour d’un vêtement, pour en découvrir le travail de tissage et de montage. C’est une expérience bien plus riche que de consulter des images de modèles tous pris avec le même angle.
Dans cette pièces aux murs blancs, la liberté post défilé des mannequins d’un jour donne la possibilité de mieux comprendre la complexité des modèles et laisse apparaître des contre-jours à l’esprit romantique. Une silhouette élancée parfaitement exprimée par cette jeune femme dont le naturel s’accorde avec ce haut construit avec des élastiques, accompagné d’un pantalon taille haute.
La recherche d’effets scéniques n’était pas un travail volontaire. Noémie Devime qui se retrouve dans le giron d’une FashionTech au profil un peu indéfini aime néanmoins à jouer avec les matières. Comme soudain pris sous un orage impromptu qui colore le ciel de couleurs électriques, sa recherche sur les matières donne des résultats étonnants lorsque se déclenchent les flashs des photographes. Jeu de lumière et effets viennent aussi souligner les coupes audacieuses de ses modèles.
Les matières fusionnent pour créer des silhouettes courtes ou longues. On l’imagine la créatrice plutôt à l’aise avec les tenues décontractée un peu originale, au drapé flottant. Mais voila qu’elle se révèle aussi par une robe fourreau, souple comme une seconde peau.


Noémie Devime et la French Touch
C’est au coeur de l’été que l’on a pu voir comment les différentes collections s’associent tel un vrai travail de marqueterie minutieusement ajusté par une experte. Le défilé de la French Touch dans les Ateliers Meraki ont permis de voir le mélange des collections de Noémie Devime, qui loin de se regarder en adversaire se complètent. Le bleu indigo permet de faire ressortir les autres couleurs, les allumettes dressées en une étole, font remarquer le tomber du drapé. Et comme au théâtre, ou les acteurs viennent sur le bord de la scène saluer leur public, les modèles défilent ensemble à la fin, pour montrer la multiplicité des formes et des recherches qu’une collection de Noémie Devime peut receler.
Rétroliens/Pings