L’exposition est une fashion week a elle toute seule. Il ne s’agit pas de défilé, même si les modèles sont nombreux, car les oeuvres monumentales sont immobiles. Mais les pensées qui nous assaillent lorsqu’on regarde ces oeuvres ne le sont pas et elles germent de façon spontanée devant la créativité engendrée par ce Fibert Art, proposé par Olga de Amaral, qui tient à un fil du plafond au sol ou les drapés et installations somptueuses et immenses de l’artiste colombienne occupent tous les espaces disponibles au sein de la Fondation Cartier.
Une carrière aussi monumentale que ses oeuvres
Cette exposition visible jusqu’au 16 mars 2025 est la première grande rétrospective du travail de cette artiste en Europe. Elle rassemble près de 80 oeuvres des années 1960 à nos jours, qui n’ont jamais été montrées hors de Colombie. L’exposition pose un regard neuf et complet sur son œuvre, dévoilant toute la richesse de sa pratique. Née en 1932 à Bogota, Olga de Amaral repousse les limites de l’art textile en multipliant, les expérimentations avec les matières, les échelles et les techniques pour créer d’immenses oeuvres tridimensionnelles aux structures complexes.


Olga de Amaral est une figure emblématique de la scène artistique colombienne
L’artiste colombienne est considérée comme une des artistes textiles les plus importantes de sa génération. Après des études à l’Académie des Arts de Cranbrook aux États-Unis dans les années 50, elle fait le choix de se réinstaller en Colombie où elle ouvre son atelier en 1955. Elle deviendra une pionnière du mouvement du Fiber Art qui consacre la place du médium textile dans le champ des Beaux-Arts dans les années 1960. Au sein de ce mouvement, Olga de Amaral se démarque par une pratique qui emprunte tant aux principes modernistes qu’aux traditions populaires de son pays.
En parallèle de sa vie d’artiste, elle fonde avec son mari, un atelier de tissu décoratif. Elle expérimente de nouvelles techniques de tissage grâce à un métier à haute lisse qui lui permet de créer des surfaces lisses grâce à un rendu texturé du lin et du coton mélangé. En 1967, elle est la première artiste latino américaine à participer à la biennale internationale de la tapisserie de Lausanne à laquelle elle prendra part à de nombreuses reprises. Elle effectue également un séjour en France grâce à une bourse de la fondation Guggenheim. Une vision artistique prononcée qui dévoile d’autres facettes de ce qu’on est habitué à voir lorsqu’on pense textile et Colombie.
L’exposition propose une vue à 360° de ses créations
On suit ses créations au fil du temps grâce à une scénographie audacieuse au rez de chaussée et au sous sol ou les oeuvres présentes de l’artiste sont parmi les plus impressionnantes, même si leurs tailles est moindre. La série des Brumath qui sont constitués de milliers de fils de coton, enduits de gesso et recouvert de peinture acrylique et brumath apparaissent comme des représentations, métaphoriques de l’eau et de l’air suspendu dans l’espace. Ces oeuvres sont très poétiques et occupent avec beaucoup d’à-propos l’espace transparent de la Fondation Cartier du rez de chaussée.


L’artiste colombienne qui a introduit le crin de cheval dans ses oeuvres artistiques a également réalisé depuis 1996 une série nommé Estelas qui compte près de 70 pièces; Elles apparaissent comme des stèles dorées, composées d’une structure en coton très rigide et de feuille d’or. Elles sont à la fois mégalithes, totems, menhirs ou pierres stelliares. les avoir mis au au sous-sol, pourrait paraitre étrange, mais ne s’avère pas un handicap, car avec des jeux de lumière subtils, on ne perd rien de leurs éclats.



Si pendant longtemps, les textiles ont principalement été considérés comme des éléments décoratifs, Olga de Amaral et l’ensemble du mouvement Fiber Art n’auront de cesse de permettre aux œuvres textiles d’affirmer, leur autonomie, elles deviennent cimaises, colonnes, contrefort, portail. Elle trace des lignes, définissent des espaces et font elles mêmes architecture, grâce aussi à la scénographie conçue par Lina Ghotmeh, l’architecte de l’exposition, qui s’inspire du rapport qu’Olga de Amaral entretien avec la nature et les paysages de Colombie, en jouant avec les perceptions d’intérieur et d’extérieur que permet la transparence du bâtiment.
Olga de Amaral
Du 12 Octobre au 16 mars 2025
Fondation Cartier
261 Boulevard Raspail – Paris 14
Réservation obligatoire