Pour rencontrer Jennifer Chambaret la créatrice de la marque éponyme, il faut monter au 9 étage de la Tour Orion à Montreuil sur la place Croix de Chavaux. C’est un lieu mis à disposition de toute une jeune génération d’artistes et de créateurs qui se lance, en mettant à leurs dispositions les larges plateaux de la tour, espaces évidés, ou ils peuvent exprimer leurs créativités et qui sont vite remplis dans une ambiance de totale liberté d’installation.
On avait déjà eu le plaisir de croiser dans cet environnement effervescent la designer textile Laurence Aguerre.
Chambaret, les savoir-faire au service d’un style épuré
La démarche de Jennifer s’appuie sur des bases solides et une expérience marquée par quelques étapes notables. Après un Diplôme des Métiers d’Art (Option Costume de scène) suivi d’un parcours diplomant à l’ENSAD, elle a travaillé chez une créatrice qui sait faire des pièces d’exception, Iris Van Herpen. Nul doute que lorsqu’on vous laisse avancer dans la réalisation d’un habit dans l’atelier de cette créatrice néerlandaise à nulle autre pareil, cela vous permet de conforter vos connaissances et de valider vos acquis dans la capacité à construire une pièce, à comprendre comment tombe un tissu, ou une autre matière, à habiller le corps humain.
Less is more: quand les savoir-faire prennent le pouvoir
La créatrice a lancé sa marque Chambaret, il y a désormais 2 ans, avec notamment une campagne Ulule. En créant Chambaret, elle souhaite proposer une ligne de vêtement au style intemporel, conçue et fabriquée en France, notamment dans son atelier. C’est une ligne éthique et responsable qui est la trâme de ses collections. Ses vêtements font partie de ceux qui ne vont pas chercher à vous éblouir par le coté clinquant ou paillette. Bien au contraire, ils tissent une élégance qui habille le corps, le laisse bouger et font que l’on remarque, la justesse du pli, la subtilité du montage, l’originalité du tomber avec un travail de coupe qui est le coeur de son ADN. Toute la force des savoir-faire de cette couture qui fait du bien à la mode et à la silhouette s’expriment dans cette marque.
Inspiré par le design japonais et le vestiaire classique masculin, Chambaret s’adresse à une clientèle urbaine, en quête de vêtements élégants, fonctionnels, agréables à porter et durables. Ils sont réalisés dans des matériaux nobles, issus de deadstocks, afin d ‘éviter la sur-production et qui correspondent aussi aux besoins d’une jeune marque qui imagine ses collections autour de 20 modèles, haut, bas et manteau.
Les modèles sont imaginés à destination des femmes mais s’ouvrent aujourd’hui au vestiaire masculin. L’homme aime intégrer des vêtements bien coupés, un peu oversized, dans sa garde-robe. Comme on le voit sur les photos, l’univers colorimétrique de la marque est l’uni. Ces couleurs sont vitalisées par la science de la coupe de la créatrice, les détails de ceinture, de pli, ou des coutures, qui construisent cette silhouette particulière.
N’oublions pas que les matières utilisées sont la laine et le coton, des matières douces pour le corps qui peuvent nous accompagner longtemps comme le proposent dorénavant les marques de mode durable. Sur le point de la durabilité, la créatrice est en train de travailler sur de nouveaux modèles qui ont la particularité d’être conçus en partant de pièces de tissu carrées, ce qui limite fortement les chutes. Une démarche qui là aussi, se retrouve dans l’univers textile japonais.
L’Atelier, le berceau de ce savoir-faire couture
A l’atelier, c’est un peu l’endroit secret ou se conçoit cette potion magique qu’est la création, ou du crayonné au modèle, se déroule étape par étape la construction du vêtement. Ici les savoir-faire s’expriment en équipe et en silence. On n’entend pas les aiguilles tomber par terre …car le sol est en béton et de toute façon l’aimant est efficace ;).
Toute l’activité se trâme en silence et Jennifer et son équipe peuvent développer et produire leurs modèles. Si jamais elle a besoin de produire plus, elle fait appel à des mécaniciennes free-lance à Paris. En tant qu’enseignante à l’école Chardon-Savard ou elle enseigne le modélisme depuis 6 ans maintenant, elle sait de quoi elle parle quand il faut briefer ou contrôler une éxécution.
C’est aussi en endroit ou elle et son équipe imaginent les futures créations. De manière qui peuvent paraitre simple, mais démontre l’excellente connaissance des matières. Vous prenez par exemple un tissu uni, vous tirez quelques fils et vous avez un motif. Que cela soit coté chaine ou coté trâme, Chambaret sait élaborer un vêtement, dans l’esprit de Madame Grès qui avait sa propre technique du drapé et qui fait qu’aujourd’hui les vêtements Chambaret s’adaptent parfaitement à la vie moderne, tout en ayant aussi un véritable esprit couture.
Cet atelier est aussi une pierre angulaire de son service. Elle peut y recevoir certains.es clients.es qui auraient besoin d’adapter certaines mesures, comme la longueur par exemple. N’oublions pas que cette jeune marque a habillé des nominées lors de la dernière cérémonie des Césars, tout comme les hôtesses du salon Blossom Première Vision en 2023.
Pour l’anecdote, en croisant Jennifer Chambaret, j’ai découvert qu’elle était de la même promo de l’ENSAD que Clara Daguin, et qu’il est agréable de rencontrer ses jeunes marques quasiment 9 ans après leurs débuts qui ont l’occasion de montrer la diversité des styles de cette mode française.