Kevin Germanier aurait peut-être imaginé dans ses réves les plus fou tendre un cable entre Crans Montana (depuis le Valais en Suisse) et le Stade de France pour cette cérémonie de cloture ou on a vu briller la souplesse du danseur Arthur Cadre habillé d’un costume de scène, conçu par le designer Suisse. Mais il y avait déjà beaucoup de cables tendus ce soir là. Celui qui a permis à Tom Cruise de sauter du toit du Stade et soigner sa frénésie de cascades, celui qui a permis à ce même Arthur Cadre de faire admirer sa souplesse et son hyperlaxité au monde entier en se posant sur la scène, sans parler de celui qui retenait la vasque des Tuileries, qui, entendant des clameurs du coté de Saint Denis tendait le cou vers ce Stade de France pour voir ce qu’il se passait.
Franchir les frontières
Franchir les frontières pour ce jeune designer Suisse, c’est à la foi au sens propre du terme, il est passé de Granges, ville du Valais en suisse à La Caserne à Paris, mais aussi au sens figuré de la mode ou il a su s’affranchir des barrières de la Haute Couture pour créer des modèles uniques et glamour en adoptant le principe de l’upcycling, qui l’incite à construire ses vêtements à partir de matières existantes, notamment les perles, emblèmes de son style.
Un style tombé du ciel
Après que la direction artistique de Paris 2024, lui ai demandé des tenues lors de la Cérémonie d’ouverture, notamment pour le tableau « Diversité » qui a sucité quelques commentaires, les projecteurs se sont braqués lors de la cérémonie de cloture sur le costume du Golden Voyager, scintillant de dorure, dont le design devait être, au delà du spectaculaire, fonctionnel et pratique pour une performance scénique exceptionnelle.
Comme le créateur l’explique dans une ITW au journal Le Temps (CH) : Il y a aussi de nouveaux challenges pour moi: ce sont des performeurs, des contorsionnistes, pas des mannequins qui marchent tout droit. Il faut donc prendre en compte la notion de sécurité, avec des casques ou des jambières. Il y a une notion de confort aussi avec ces costumes dans lesquels certains devront rester durant six heures.
Lors de l’évocation de son parcours évoqué en 2022 dans une autre ITW, celle du magazine Vogue , il est assez amusant de voir associé dans la même phrase les noms de Robert Piguet et John Galliano, « Il y découvre Robert Piguet, Nicolas Ghesquière, et surtout John Galliano. “Je me souviens avoir téléchargé l’un de ses défilés pour Dior quand Internet est arrivé en Suisse. [Vogue 2022]
En envisageant les périodes très différentes durant lesquelles ces personnalités ont existé, il semble surprenant de les ranger dans la même famille, celle des designers de mode, tellement leurs personnalitées semblent bâties de contraires avec le coté show off de John.Galliano et le coté suisse protestant de Robert.Piguet.
Mais en dehors du fait que la mode est un des arts qui est là pour exprimer une notion de diversité, de pensées, de corps, de style, ces personnalités ont des points de convergence qui peuvent inspirer les jeunes générations.
L’exigence dans la réalisation par exemple, partagée par les 2. Même si je ne les ai pas croisées, il y en a une que je connais assez bien ( le couturier Suisse 😉 et l’autre pour avoir fait un voyage en train avec un de ses assistants entre le musée Dior de Granville et Paris, m’a permis de comprendre le niveau d’exigence de l’ex designer de Dior et de Margiela (été 2024).
L’autre point est cette capacité à utiliser des matières existantes. C’est ce qu’a fait Robert Piguet, d’une manière contrainte et forcée certes, durant la seconde guerre, mais qui a fait que l’upcycling était devenu une solution, même en Haute Couture, durant les années 40.
Avec Kevin Germanier, l’Upcycling force la porte du glamour
Avant cette aventure des JO de Paris 2024, le designer suisse Kevin Germanier a lancé sa marque éponyme basé sur un style audacieux et coloré, inspiré par les mangas et les jeux vidéo dont il est passionné. Il a étudié à Genève et à Londres, où il a découvert l’upcycling un peu par nécessité financière avant de trouver que c’était un excellent moyen de développer son imagination. Ses créations, 100% upcyclées, peuvent être considérées comme extravagantes mais elles sont surtout colorées, et il utilise des matériaux récupérés qu’il va chiner dans différents endroits du monde dont Shanghai et Hong-Kong.
Kevin Germanier a été semi finaliste du prix LVMH en 2019, remporté par le designer sud-africain de 25 ans, Thebe Magugu, cette année là, et a gagné le Redress Design Award en 2015. Ce Redress Design Award est le principal concours de design de mode durable au monde. Il vise à former les créateurs de mode émergents aux techniques de design circulaire afin de réduire l’impact négatif de la mode sur l’environnement et à leur donner les moyens d’agir.
Ce idée de circularité, le jeune designer suisse, veut l’exploiter sans avoir à faire de concession sur son style. Il veut révéler le potentiel de la mode durable et affirmer son concept de “glamour upcyclé” qui associe respect de l’environnement mais aussi social. Son entreprise familiale inclut toutes les générations avec notamment dans son atelier en Suisse, sa grand-mère, qui perpétue des techniques traditionnelles.
Bien inséré dans le paysage de la mode française désormais, il intervient lors de conférences organisées par le magazine Elle, et c’est assez légitimement qu’il a été un des interlocuteurs de l’équipe artistique de Paris 2024, Thomas Jolly et Daphné Bürki.
Kevin Germanier vu par les médias suisses
Arthur Cadre, le danseur de la cérémonie de cloture
Pour ceux qui veulent continuer à découvrir une partie de cette spectaculaire cérémonie et au delà des vedettes américaines en savoir plus sur le danseur qui a su se mouvoir dans un tel costume, en voila une petite présentation, proposée par le Nouvel Obs.
Ouverture, cloture, de nombreuses images vont nous rester dans la mémoire, car ce spectacle multidimentionnel qui empruntait pour la première fois un fleuve a fait appel à de nombreux intervenants de la scène artistique.
Coté mode, au-delà de ce jeune designer Suisse, d’autres ont fait partie de ce succès. Je pense notamment à des personnes que j’ai le plaisir de croiser sur cette scène ou la reconnaissance des talents reste compliquée, comme Clara Daguin ou Solène Lescouët. On leur souhaite à tous que la formidable visibilité apportée par cet événement leur permette de continuer à évoluer.
On notera que suite à ces jeux olympiques, Kévin Germanier a rejoint OMEGA en tant que Nouvel Ami de la Marque, comme un certain Léon Marchand. Il faut dire que Oméga et Kévin Germanier ont été mis en valeur lors de ces jeux et que c’est assez logique quand on pense que le designer Suisse a imaginé une création de mode qui a été portée lors de la cérémonie d’ouverture par la para-athlète Bebe Vio, qui est aussi ambassadrice sportive de la marque OMEGA. L’autre point commun, qui les fait se rencontrer est la nationalité Suisse du designer et de la marque, chronométreur officiel des Jeux olympiques et paralympiques.
Ce créateur de mode suisse est réputé pour l’importance qu’il accorde aux tissus haut de gamme upcyclés, et correspond parfaitement à l’engagement d’OMEGA en faveur de l’impact environnemental et de la durabilité dans l’horlogerie.