On imagine, la Victoria ou le Phaeton s’arrêtant le long des Champs Elysées. Les 2 chevaux tractant cette honorable berline respectant la consigne du cocher s’immobilisent, laissant 2 jeunes femmes en descendre. Cette scène nous fait penser à un tournage de film ou d’une nouvelle série Netflix.
Mais les 2 femmes, habillées avec une élégante simplicité, chapeau cloche, accessoires et colliers de perle, robe droite sans taille, (cela changera en 1930) arrivent pour le thé de 5 heures, dans la maison de couture Jenny, dont les collections proposées sont au centre de l’élégance de cette époque, nommées les années folles.
Elles se préparent pour aller au théatre, voir une pièce de Jean Cocteau, se rendre à un diner chez la vicomtesse Marie Laure de Noailles, ou aller s’encanailler au Boeuf sur le toit….. Bref l’élégance de ces années d’entre-deux guerre trouve sa source dans cette maison de couture qui s’installera dans les années 30 au 8 rue Royale.
Jenny, une maison de couture méconnue aujourd’hui
Jenny, s’est Jeanne Adèle Bernard (1868 – 1962), une femme qui fait ses débuts dans la haute couture à 39 ans et qui ouvre sa maison en 1909 après être passée chez Paquin. L’histoire de la mode l’a un peu oubliée alors qu’elle côtoie sur le devant de la scène de la haute couture, Chanel et Patou et « qu’elle est la couturière la plus représentée en peinture de la période de l’après guerre. Pas moins de 5 portraits à son effigie sont réalisés, dont 3 pour la seule année 1923 » , comme nous l’explique Olivier Saillard dans son Bouquin de la Mode.
Anne. VB. jeune femme de son temps et des années 20 (mais 2020 !) a décidé de sortir cette créatrice de la naphtaline et a relancé la marque, marquée par plusieurs points de sa personnalité, comme le fait que Jenny soit la 2e femme en France à recevoir la Légion d’Honneur en 1926 pour ses services rendus à la couture.
Ses créations ont continué à marquer leur époque entre les années 20 et les années 30, jusqu’à la fermeture de la marque en 1940, date à laquelle elle divorcera également. Jeanne Adèle Bernard est décèdée à Nice en 1962.

Les années folles signifient notamment 5 années de folies situées entre 1924 et 1929. Cette période touche son apogée en 1925 avec la grande exposition internationale et « s’écroule comme la cendre d’un gros cigare en 1929 avec la crise financière* ». « Dans les années 1920, celles qui succèdent aux frères, aux maris, aux pères, tous envoyé sur le front de la guerre 14-18, ce sont les femmes. La décennie leur appartient, Madeleine Vionnet, Chanel, Jeanne Lanvin, Nicole Groult, Augustin Bernard, Jenny, Louise Boulanger, Sonia Delaunay et bientôt Elsa Schiaparrelli se partagent majoritairement le territoire de la couture parisienne*. » (source *Bouquin de la Mode).
Les femmes décident de ce qu’elles veulent porter et adoptent en masse une mode pratique, conçue par elles et pour elles, une mode confortable et subversive qui sera qualifiée par un style nommé « Garçonne ». Un livre de Victor Marguerite publié à cette époque et qui porte le titre » la Garçonne » dépassera les 750 000 exemplaires vendus !


Maison Jenny – maintenant La Suite Jenny Sacerdote

Une histoire de femme qui a marqué son temps
C’est en partant d’un territoire, le Périgord, que Anne VB., qui fait corps avec l’esprit de cette personnalité féminine a travaillé en profondeur sur l’histoire de « Jenny » cette femme qui a disparu des livres de la haute couture alors que sa maison brillait de mille feux à son époque.
Anne VB. : « Le périgord c’est là où est né mon père, et là où précisément Jeanne Adèle Bernard est née de père inconnu, que j’ai retrouvé la trace d’une grande couturière. Issue d’une famille modeste, elle souhaite intégrer Normal Sup pour devenir Professeur de Littérature Française. A une époque où l’école est ni gratuite ni obligatoire, elle va réussir le concours d’entrée à Sèvres. Après un mariage d’arrangement et une bataille de 5 ans pour divorcer, Jeanne est embauchée dans la prestigieuse maison de couture parisienne Béchoff-David, située place Vendôme, en tant que vendeuse.
L’année suivante, elle passe première d’atelier chez Jeanne Paquin et devient Jenny, surnom donné par les clientes américaines.
Elle ouvre sa propre maison en 1909 et la même année se remarie avec Achille Sacerdote. En 1923, Jenny Sacerdote retourne dans le Périgord pour y acheter le Château l’Evêque. Elle entreprend de le remettre en état, aménage le jardin et y cultive elle-même les roses. Sa roseraie est la plus belle de France, et sa légende laisse encore rêveur…
Jenny Sacerdote invente la robe manteau (une robe cousue dans le manteau), développe les robes de danse à perles, sort la robe tunique en même temps que Patou, détourne l’usage du foulard pour le porter à la taille, brode les monuments de Paris, transforme les manches en ailes. Elle est l’une des premières à travailler l’angora ou la paille avec des fils d’or. Elle crée des tenues pour des aviatrices, hôtesses de l’air, joueuses de tennis, golfeuses … Durant toutes ces années, Jenny produit plus de 800 modèles par an ! Alors pourquoi allez chercher plus loin ?«
Réveiller une marque comme Jenny a tous son sens et Anne VB. l’a bien compris « Je suis fascinée par la profondeur de notre héritage, par le féminisme et par toutes les merveilleuses choses qui se sont faites naturellement … Les années folles sont propices à la création.
Jenny est une femme de terrain, attentive à toutes les contraintes modernes, frondeuse et libérée. Jenny Sacerdote est une marque appréciée pour la simplicité et la jeunesse de sa ligne. Le Bouquin de la Mode nous apprend également que « La paix revenue, les américains reviennent aussi à Paris, et Jenny Sacerdote connaît un succès sans précédent. D’Adèle et Johanne Astaire (respectivement soeur et mère de Fred Astaire), ou Lili Damita, à Jeanne Aubert, Elvire Popesco, Olga Tschekova ou la comtesse Greffulhe, en passant par Yvonne Dartex, Gabrielle Dorziat, sa majesté la reine d’Egypte, épouse du Roi Fouad, sa majesté l’Impératrice du Japon, et bien d’autres femmes se pressent dans ses ateliers.«
Un pavillon de l’élégance sur le cours de la Reine réunit, Jeanne Lanvin, la maison Jenny, les sœurs Calot et Worth lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925.
Mais la conjoncture n’est pas forcément facile pour toutes les ouvrières que l’on appelait les midinettes. A cette époque, on ne sortait pas en tapant sur des casseroles, mais il y avait des revendications sociales qu’il fallait faire entendre. Lors de la crise de 1929, les 180 petites mains de la maison de Jenny sont ainsi descendues dans la rue et se sont réunies place Vendôme pour réclamer la semaine anglaise à savoir un samedi après-midi et un dimanche de repos ainsi qu’une augmentation de salaire. Elles seront rejointes par les ouvrières de 31 entreprises à la mode du textile et de la fourrure pour faire grêve. (On apprend à la lecture des ouvrages de l’époque que l’ouvrière n’est payée que pour le travail exécuté. Elle chôme lorsque celui-ci est terminé en attendant le prochain et les salaires sont versés que lors du règlement de la facture).
Rencontrer Jenny en 2023 !
C’est grâce à Anne VB. que les créations de Jenny, retrouvent la lumière. Cette femme qui a fait une bonne partie de sa vie professionnelle dans l’hotellerie de luxe à fait cette rencontre incroyable en 2018. À un siècle d’écart, elle a croisé la route de Jenny Sacerdote dans le Périgord et sa trajectoire l’a subjuguée.
Comment cette femme qui, en 1926, on l’a vu, est devenue la 2e femme en France à recevoir la Légion d’Honneur pour ses services rendus à la couture, comment cette créatrice à la tête d’une maison qui comptait près de 1000 ouvrières et qui habillait la Reine d’Egypte, l’Impératrice du Japon, la Begum épouse de l’Agha Kan, les actrices et comédiennes et toutes les sportives de l’époque, comment cette grande artiste avait bien pu disparaître des livres d’histoire ?
De 1920 à 2020, il n’y avait qu’un pas à franchir. Alors Anne VB. l’a franchi, en redessinant les mêmes modèles avec les mêmes coloris de l’époque, à une nuance près: ils peuvent être portés accompagnés de baskets. « La contemporanéité des tenues de Jenny m’a alors rattrapée ».
Une reconstitution historique qui ne se veut pas un retour vers le passé
Pour résoudre cette énigme, Anne VB a effectué un travail de fourmi comme elle me l’a expliqué : j’ai commencé par le commencement : relire l’Histoire. J’ai travaillé plus de 5 ans en reprenant un à un les journaux et magasines de l’époque, en remontant les arbres généalogiques de sa famille et celle de son époux, en arpentant les salles de vente à la recherche de robes et objets lui ayant appartenus. » « Je me suis faite aidée de plusieurs avocats et d’un expert-comptable.«
La personnalité de cette créatrice est en effet impressionnante. Anne a vu à travers elle : « une femme libre, fière de ses origines, audacieuse, humble et victorieuse. Elle est une self made woman, une femme de caractère, audacieuse, qui a cru en ses rêves, a suivi son instinct et c’est donnée les moyens de faire un emprunt bancaire, négocier ses loyers, monter des partenariats avec des joaillers, s’engager pour la défense de la fabrication française, soutenir l’industrie de la mode et négocier avec le gouvernement au moment de grèves des midinettes. Jenny Sacerdote est un modèle d’artiste et de chef d’entreprise au plus haut niveau. »

Maison Jenny – maintenant La Suite Jenny Sacerdote




Une confection haut de gamme
Les collections de Jenny, on l’a vu, les spécialistes les catégorisent comme appartenant à une mode féminine jeune, simple et confortable. C’est toute l’ADN de Jenny que Anne VB. remet à l’honneur aujourd’hui : une marque de femmes, pour des femmes, par des femmes, en mode Made in France, éco responsable. C’est pourquoi, La Suite Jenny Sacerdote fabrique des vêtements respectueux de celles qui les portent et ceux qui les fabriquent, avec un rapport qualité/prix qui est clairement en faveur de la cliente.
La Suite Jenny Sacerdote (Vous noterez le respect du nom initial. Anne VB. a volontairement ajouté « La Suite » pour distinguer cette nouvelle étape) poursuit avec bienveillance l’héritage de Jenny Sacerdote. Elle propose des collections en soie, pour son confort, mais aussi pour ses bienfaits. Toutes les pièces Jenny Sacerdote sont pensées en soie, et/ou doublées en soie, pour être portées à même la peau. Robes, chemisiers, blouses, jupes, manteaux ou même pyjamas en soie, il ne suffit que d’un souffle pour laisser courir votre imagination et nous laisser vous offrir l’exceptionnel …
Anne VB. apporte un soin tout particulier à la recherche du tissu pour ses modèles qui fait partie du processus même de création. « Je veux dire que tout débute par la matière. Je source des tissus dans des stocks dormants … toujours des soies parce que la soie est bonne pour la peau et ses fibres regorgent de bienfaits . Parfois, je peux attendre plusieurs semaines avant de trouver le bon tissu, mais je ne fais jamais de concession sur la matière : un vêtement sain pour un corps sain« .
Le but de cette Suite est de reproduire des modèles suivant les patrons de l’époque et de voir ce que cela donne avec un twist technique contemporain. Les techniques de l’époque étaient particulières. On ne fait pas un patron en 1920 comme en 2020. Au delà du style, l’emploi du tissu est différent, les pinces ne sont pas aux mêmes endroits, les croisures ou fermetures pensées autrement. Par ailleurs, les morphologies ont changé par rapport à l’époque.
Les modèles de cette Suite sont montés minutieusement par les mains expertes des artisans français, qui travaillent dans la plus pure tradition. La soie utilisée est précieuse, résistante, élastique et durable. Ses fibres naturelles, douces au toucher, hypoallergéniques et thermorégulatrices, regorgent de qualités hydratantes, nutritives et antioxydantes.
La mode de cette période était faite d’esprit, d’élégance, elle est pleine d’enseignements également, et elle peut nous aider à garder le sens d’une mode qui finalement s’avère bien moins folle que ce que nous montre les dérives d’aujourd’hui.
Les modèles de La Suite Jenny Sacerdote disponibles en boutiques
Les modèles qui se trouvent en photos ci-dessous se retrouveront pour l’été 2023 dans les boutiques Sauvage Poésie de Lyon, Cannes, Sarlat et Trouville. Vous pourrez voir et toucher ces modèles conçus en soie et coton biologique, avec ces formes iconiques issues du vocabulaire de Jenny.




Sauvage Poésie est un concept-store est pensé comme un lieu d’expériences atypique, imaginée par des spécialistes du retail et de la mode. Dans la sélection des marques présentes, on peut y retrouver de la mode, des objets de décoration, de culture avec un savant mélange de marques françaises iconiques comme d’autres plus confidentielles. Tous les meubles qui équipent les magasins ont été choisis avec soin, issus soit de seconde main soit de produits sur mesure et viennent apporter la touche finale à une scénographie très étudiée et colorée. Une place adéquate pour La Suite Jenny Sacerdote à découvrir pendant cet été 2023.