Le Salon du Made in France s’est donc déroulé comme chaque année en fin d’année du coté de la Porte de Versailles. C’était l’occasion de passer découvrir les marques françaises de mode et d’accessoires, présentes du 8 au 11 novembre 2024 au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. La douzième édition de cet événement grand public, a rassemblé 110 000 visiteurs dont 93% ont acheté des produits auprès des 1000 exposants présents, indiquent les organisateurs. La police n’a pas communiqué. C’est vrai que les allées étaient bien remplies et si la mode était un sujet d’attirance, la gastronomie avait également les faveurs d’un public qui se pressait dans les allées bordées par les spécialités des différentes régions de France.
La salon Made in France, un endroit ou se croise le réel et le virtuel
Si on cherchait à déguster du Made in France, ce salon était le bon endroit pour en découvrir toutes les différentes saveurs. Si, comme l’indique un sondage d’OpinionWay pour La Retail Tech publié en 2023, 85 % des Français se disent prêts à acheter des articles de mode fabriqués en France, il reste que lors de l’acte d’achat, le taux de transformation est loin de ce chiffre et on le comprend quand on parle pouvoir d’achat et que les études montrent que le budget moyen annuel pour la partie vêtement et chaussure est de 500 € (source Mode Durable par Sihem Dekhili et son équipe chez Pearson) .
Il y a donc toute une pédagogie à faire, pour apporter une sensation de satiété en terme de consommation aux acheteurs pour qu’ils abandonnent l’achat compulsif de produit à faible valeur unitaire et investissent plus sur une pièce qui implique derrière, un prix facial plus élevé, une contribution certaine à l’économie du pays et une meilleure empreinte écologique.
Pour mieux faire comprendre ces principes, évaluer avec justesse le pouvoir des savoir-faire et de la main, voire la transcription en terme d’emploi en France, le virtuel peut être une aide. Plus qu’une expérience en réalité augmentée, la réalité virtuelle était proposée en prenant l’Ascenseur du Made in France. Vous choisissiez l’étage de l’entreprise qui vous intéressait et, grâce à l’opération France Immersive, vous pouviez vous téléporter simplement en portant un casque de réalité virtuelle, dans 100 000 m2 d’usines sans quiter la Porte de Versailles.
Mais le but n’est pas de déambuler sourire aux lèvres dans un univers virtuel. Pour les entreprises françaises, mais aussi pour les autres, faire rentrer du CA n’est pas une tâche virtuelle. Il faut donc aller à la rencontre des consommateurs et le salon du MIF à la Porte de Versailles est un salon incontournable pour montrer comment, pour un jean, qui est un vêtement que tout le monde possède (88 millions de jeans se vendent chaque année en France, d’après le magazine « LSA »), on peut abandonner la posture du cowboy du Nevada et adopter celui du gentlemen français, comment on peut bifurquer, délaisser la Route 66 et prendre la Nationale 7, celle qui nous emmène à la découverte d’acteurs du denim francais aux qualités tout à fait similaires de celle de l’oncle d’Amérique et je ne parle pas des produits made in China.
Les allées de ce salon MIF permettait d’aller à la rencontre d’entreprises françaises comme 1083, Dao, Atelier Tuffery et Bolid’ster autant de marque à garder en tête une fois rentré chez soi.
1083, spécialiste du Jean made in France
Depuis 10 ans, 1083, spécialiste du jeans made in France, oeuvre à la relocalisation des savoir-faire, du tissage et de la confection du jeans en France. Lancée par Thomas Huriez en 2013, l’aventure 1083 était un projet un peu fou au départ : le made in France et la relocalisation des savoir-faire sont alors loin d’être au coeur des préoccupations et l’industrie textile française a été laminée par des années de délocalisation. Pourtant, Thomas Huriez y croit et devient, peu à peu, l’un des chefs de file du fabriqué en France. 11 ans plus tard, ce n’est désormais plus un rêve mais bien une réalité ! Au fil des ans, 1083 est devenue une référence de la filière du jeans en France et a réussi à relocaliser pas à pas chaque étape de fabrication de ses produits sur le territoire français.
Ce mouvement d’acteur engagé de la relocalisation que 1083 continue d’impulser a été théorisé avec l’idée de la permaindustrie.
Thomas Huriez, avec qui j’ai pu discuter lorsqu’il a publié ce livre sur ce sujet, avec la collaboration de plusieurs professionnels, veut proposer avec la permaindustrie, la croissance d’un monde réciproquement bénéfique aux hommes et à la nature. « Inspirée par l’industrie si exemplaire de la nature, cette démarche vise à créer sans surproduire, à rechercher l’équilibre, la proximité, la circularité. Elle nous amène à diversifier notre production, à développer des écosystèmes locaux, pour concurrencer les marques conventionnelles par la coopération. En permaindustrie, les 3 richesses que nous développons sont économiques, environnementales et humaines. Pour nous, cet équilibre est la condition d’une société profondément et durablement riche. », explique t’il.
Installée à Romans-sur-Isère, la capitale de la chaussure, 1083 propose une ligne de jeans et de bermudas pour homme et une ligne de jeans et de jupes pour femme mais aussi des vestes, combinaisons, salopette, t-shirts, ceintures et chaussures. Des coupes basiques et des modèles plus originaux sont déclinés. Toute la collection est disponible en exclusivité sur le site de 1083, dans la Boutique de Paris (114 Rue de Turenne, dans le 3ème) et dans les boutiques partenaires. Pour la rentrée 2024, 1083 a présenté ses sneakers durables et intemporelles, confectionnées par les meilleurs artisans de France. Montantes, basses, à lacets ou à scratchs, ces baskets seront parfaites pour les tenues décontractées et accompagner les jeans Made in France.
l’Atelier Tuffery, une entreprise familiale, reprise par la jeune génération
Repreneur du fabricant de jeans Atelier Tuffery, Julien Tuffery a redressé, avec sa femme Myriam, l’entreprise familiale, devenue un étendard de la mode responsable. La marque a ouvert récemment une nouvelle boutique permanente à Montpellier, 13 boulevard du Jeu de Paume.
C’est l’histoire de la renaissance du plus ancien fabricant de jeans de France. L’atelier Tuffery a vu le jour à Florac, au coeur du parc national des Cévennes, en 1892. Plus d’un siècle plus tard, en 2016, Julien Tuffery, arrière-petit-fils du fondateur, a repris la maison. Leur manufacture lozérienne, nichée à Florac, a été rénovée grâce à un investissement de 2,8 millions, devenant, tout à la fois « un atelier de production, un commerce de vêtements, un logisticien pour le pôle e-commerce et une agence de communication évoquant la mode française », ou chaque salarié est multitache.
Comme l’évoque Les Echos , Atelier Tuffery devait disparaître. « Il n’y avait plus que deux salariés, et, aux manettes, mon père, Jean-Jacques et mon oncle, Norbert « , explique le jeune dirigeant. Réseaux sociaux, site web : le couple a entrepris de moderniser l’affaire. D’abord en restant salariés. Puis, en sautant le pas de l’entrepreneuriat. Pas simple. « Nous avons ressenti un vide abyssal, d’autant plus que la culture de la prise de risque est peu valorisée dans les grandes écoles », souligne Julien Tuffery qui aime à évoquer « le temps de la main » « les mains qui font » en hommage à ses équipes.
Avec l’e-commerce dopé par le Covid-19, l’atelier est sorti de l’ombre, s’imposant jusqu’à Paris. Au point d’employer 36 salariés pour 3,9 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Mais notre souhait est de rester indépendant, tempère son dirigeant. Ma priorité, c’est une croissance responsable et durable. Tuffery pourrait être racheté, distribué dans 1.000 boutiques. Mais je devrais alors m’appuyer sur des ateliers de fabrication moins à cheval que le nôtre sur les considérations humaines. »
Une philosophie d’entreprise loin des standards du capitalisme galopant, mais qui permet à travers un équilibre industriel et humain, qui se doit d’être rentable, de fabriquer ses pantalons, salopettes, jupes, vestes, casquettes… en partie à base de produits locaux : lin, chanvre, laine.
Cette entreprise est par exemple un partenaire de VirgoCoop depuis ses débuts. La coopérative VirgoCoop a comme ambition de redonner du sens au secteur textile en impliquant citoyens, agriculteurs, entreprises et collectivités autour d’une même mission : développer un secteur textile écologique, éthique et source de dynamisme pour les territoires. La coopérative a décidé de rebatir une filière textile, depuis la production de fibres, jusqu’à celle des tissus, dans le Tarn. Vous pouvez d’ailleurs participer à cette relance au travers des levées de fonds qu’initie cette coopérative, en devenant sociétaire ou en apportant des capitaux.
DAO, a lancé depuis Nancy, le tout premier jeans en lin français
L’entreprise 100% made in France Dao voit le jour en 2012 lorsque son fondateur Davy Dao a voulu poursuivre le rêve d’une vie : créer sa marque de jeans. Après avoir vécu 1 an au Viêt-Nam et travaillé d’atelier en atelier, il découvre l’envers du décor de la fabrication industrielle et ses catastrophes environnementales. Il choisit alors de faire autrement, plus responsable et Made in France en proposant des jeans de qualité qui vous accompagnerons toute la vie.
Les réflexions de Davy Dao autour d’un jeans responsable, durable et cultivé en France ont porté leurs fruits en 2018 : après deux ans de recherche, il arrive à produit le tout premier jean en lin français.
Lancé via un financement participatif, la campagne a généré plus de 1000 précommandes et plus de 80 parutions presses tous médias confondus.
Dao a développé depuis toute une gamme de jeans, en lin bien sûr qui est le produit phare, mais aussi dans d’autre toile denim, tissée en Europe puis découpées et bâties dans son atelier de Nancy. La gamme propose donc de nombreux pantalons, des vestes et des tshirt dans des coupes modernes. La marque avait eu un prêt d’honneur comme initiative remarquable pour ce 1er jeans en lin fabriqué en France.
Depuis la marque a pu se développer, la famille du fondateur aussi, car on a vu le jeune dirigeant en tant que père de famille dans les allées du MIF et a accru sa visibilité grâce à la première boutique Dao, ouverte à Nancy, située au 19 rue Héré et à sa présence chez des distributeurs comme l’Habit Français ou l’Appartement Français.
Bolid’ster, l’innovation au service des motards
Symbole incontournable de liberté, le jean est un vêtement qui parle à tous, que beaucoup de monde possède dans son dressing et même quelquefois en plusieurs exemplaires. On a vu que les matières ont évolué. Majoritairement en coton, puis désormais en lin, comme nous le montre des exemples sur cette page, il existe désormais des modèles innovants comme ceux proposés par Bolid’Ster.
Cette marque française fabrique les jeans pour homme les plus fiables au monde. Leur concept est né d’une innovation : l’Armalith. Ce denim révolutionnaire, protégé par un brevet international, est un textile qui associe du coton et une fibre haute performance utilisée par l’armée et le secteur spatial à l’origine. Cet Armalith est une fibre particulièrement résistante qui permet de façonner un jean d’une robustesse unique, pour suivre celui qui le porte dans tous ses mouvements et protéger le motard ou le skateur, notamment en cas de chute, car elle possède des facultés supérieures aux autres fibres de résister à l’abrasion et à tous types de frictions.
La marque l’indique clairement sur ses étiquettes et par ailleurs utilise la blockchain pour délivrer des certificats d’authenticité de ses modèles. L’impression de résistance transparait aussi lorsque l’on touche ce tissu, à la main très particulière, mais qui reste souple.
Bolid’Ster veut grâce à cette matière innovante, s’adresser à tous les profils d’aventuriers, aux âmes vaillantes, aux cavaliers, aux urbains, aux skateurs, aux grimpeurs, aux affranchis et aux intrépides.
L’entreprise était notamment présente à Bordeaux lors de l’événement organisé par le Fashion Green Hub de Nouvelle aquitaine, pour présenter cette innovation. La marque présente par ailleurs de nombreuses déclinaisons de modèles autour de cette fibre exclusive, qui permet de proposer différentes coupes qui combinent haute technologie et ergonomie.