Avoir un aperçu de la fashion tech chez Tech&Co, cela semble logique. Courant avril le vénérable François Sorel qui remplace désormais Sébastien Couesnon, parti pour mener d’autres projets, recevait plusieurs startups représentantes de cette mode qui se renouvelle grâce à la technologie. Elles étaient accompagnées par Fabrice Jonas, fondateur de My Fashion Tech, veilleur imperturbable, planté au carrefour de ces chemins fashion et tech qui se croisent et quelquefois se toisent. Son horizon ne se limite pas à admirer les capteurs glissés sur une robe ou les apps ou on swipe parmi les t-shirts de seconde main, mais à analyser les tendances tout au long de la chaine de valeur. Il est notamment un des animateurs réguliers des Fashion Green Days.
La tech peut apporter beaucoup à la mode, pas exclusivement dans le produit fini, mais dans le mode de distribution, les innovations des matières textiles, le recyclage et l’upcycling, comme l’ont montré les derniers FGD et bien sûr, la production.
3 startups et un couffin connecté
Francois Sorel découvrait donc un univers qui recèle plus d’innovations qu’il en parait au premier abord. Chaque intervenant.e est venu démontrer, que l’on soit au début de la conception produit ou dans les mains du consommateur, que l’innovation à sa place dans la mode. Le journaliste a donc eu la satisfaction de découvrir que sa veste était d’une bonne coupe et s’est arrangé à laisser un temps sur mesure à chaque créateur et co-fondateur pour que ceux/celles-ci puissent exprimer les spécificités de leurs solutions.
On a donc pu découvrir ou redécouvrir EUVEKA, une start-up de la région lyonnaise qui construit des mannequins-robots évolutifs et connectés. Cette solution phygitale permet de produire et de vendre des vêtements de manière éthique. Présente déjà à VivaTech 2019, ayant eu un chemin semé d’embuches, la société a été crée en 2011, elle a montré que force et résilience sont plus importantes que levée de fonds.
On a pu aussi découvrir le projet Arianee qui met la blockchain au revers de chaque vêtement de luxe ou tout du moins de valeur. La mission d’Arianee est de construire une norme mondiale pour la certification numérique des objets de valeur en promouvant et en soutenant l’adoption du protocole qu’ils ont développé grâce à la blockchain. Cela permet de valider des produits de valeurs, accessoires, montre, mais aussi les vêtements de seconde main comme le montre le contrat signé avec la marque Bash, ce qui est important à un moment ou la seconde main se développe de manière exponentielle. La blockchain séduit les acteurs de ce secteur, puisque LVMH, le Groupe Richement et Prada viennent de créer un consortium pour exploiter cette technologie.
Le tour de table comprenait également VERA, une application qui permet une gestion fine de son dressing, pour se constituer de manière quotidienne une tenue adéquate pour votre journée. Cela peut sembler un problème de riche au départ, voire futile, mais comme on sait que le consommateur a tendance à ne porter qu’un tiers de sa garde robe et à jeter 12 kg de fringue par an, cela peut être l’occasion de ressortir du placard des vêtements oubliés, de revendre ceux qui ne sont plus portés et donc in fine de moins produire. Cette idée de meilleure gestion de son dressing qui permet une gestion active de sa garde robe est défendue également par Dress me Slowly dont une des co-fondatrices Yasmine El Abbassi est fortement impliquée dans l’organisation de la Fashion Revolution Week.
François Sorel donnait un peu l’impression de découvrir ce sujet de l’innovation dans la mode, comme un jeune père qui voit pour la première fois un couffin connecté. Mais la mode a intégré l’innovation depuis un moment et sous des aspects très divers. Elle est souvent attendue et espérée quand elle accompagne le talent du créateur mais ne le remplace pas. Ainsi, on peut noter l’innovation au niveau du textile, comme Induo et Pyrates Smart qui produisent des tissus intelligents, ou la conception de défilé en 3D, comme le montre l’excellent travail de NDA Paris, ou encore grâce à la technologie qui permet de prendre un café pendant que son tricot se maille ( le bar à tricots chez Les 3 tricoteurs). Dans ces cas là, on se dit que même s’il n’y a pas de data ou d’apps, l’innovation est bien utile et pertinente.
Dans le domaine de l’innovation et du style, on connait les créations d’Iris Van Herpen et celles de Clara Daguin qui savent concevoir à la perfection un univers enchanteur et merveilleux grâce à des modèles à nuls autres pareils. On peut citer aussi La Fashion Tech, qui fait sa démonstration chaque année, pendant une semaine en octobre, avec des rencontres et des échanges sous l’égide d’Alice Gras, la fondatrice de Hall Couture. Dans cet univers qui se veut glamour, mais aussi désormais éco-responsable, la tech à toute sa place si elle sait se faire aussi discrète que le fil d’un revers.
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