Copenhague n’est qu’ à une enjambée de pont de la Suède et cette capitale du Danemark est donc bien placée pour accueillir le CIFF, qui se qualifie de plus ancien salon d’Europe du Nord. Aujourd’hui, même si vu de Paris, toute ville internationale à l’air d’une bourgade de province quand on parle de mode, il est toujours intéressant de découvrir quelles sont les marques présentes à cet événement, dont la réputation est d’être l’une des plates-formes de vente les plus dynamiques et les plus innovantes d’Europe.
Même si le schéma en présentiel a repris toute sa dimension, (pas de conférence en digital, dommage), pour cette session 2023, en plein mois d’aout, (L’Europe du Nord est sérieuse 😉 ) il est possible de repérer des talents émergents de la planète fashion et notamment ceux qui sont porteurs de valeurs éco-responsables.
CIFF x Revolver ont fusionné cette année et cela permet d’avoir un regard pointu dirigé vers les marques de mode contemporaines scandinaves, axées sur un design souvent épuré et ayant été parmi les premières à intégrer le coté « Sustainable ». Mais il n’y a pas que cet unique aspect du design nordique qui est intéressant. Il y a le fait de découvrir des marques qui franchissent les océans, pour se faire connaitre en Europe, en choisissant de passer par cette porte située au frontière de la Baltique.
Dans cette optique, on fera aujourd’hui un focus sur des marques sud-américaines. Je trouve qu’on en voit de plus en plus en Europe, qu’elles se montrent dynamiques, qu’elles proposent une mode raisonnée et raisonnable, sans parler de leurs savoir-faire qui excellent dans la maille notamment. Des pays comme le Pérou, la Bolivie ou encore l’Argentine savent exploiter avec ferveur et raison l’Alpaga, le coton organique et même de nouveaux matériaux.
3 de ces marques repérées sur les supports numériques du CIFF, sont présentées ci dessous.
WISQA est au CIFF
Wisqa est née au Pérou avec le rêve d’une industrie plus durable en utilisant les fibres naturelles dont la nature a gratifié ce pays d’Amérique Latine. Les processus de création de la marque, de l’approvisionnement en fibres à la production des vêtements, sont intégralement réalisés au Pérou. Chaque détail, de la sélection des couleurs à la technique de tricotage et au choix des fibres naturelles, a été soigneusement choisi pour créer des vêtements de haute qualité, intemporels et uniques. L’idée est de proposer une mode qui puisse être portée pendant de nombreuses années. Les créations naturelles, durables et respectueuses de l’environnement prennent une nouvelle valeur actuellement. Wisqa veut promouvoir une mode consciente et durable, où chaque vêtement raconte une histoire et promeut un changement positif dans l’industrie du textile et pour le monde qui nous entoure.
Cette marque péruvienne présente au CIFF, défend le commerce équitable et le travail décent à tous les stades de la production de leurs vêtements. Leurs collections sont élaborées avec des producteurs péruviens qui partagent leurs valeurs en matière de développement durable. La marque veille à ce que leurs travailleurs reçoivent des salaires équitables et tous les avantages sociaux correspondants.



SAKE est au CIFF
Voila une autre marque de mode originaire également du Pérou. Ce pays est un vrai territoire ou sévit un savoir-faire dans la maille. Depuis plus de dix ans, SAKE travail dans le respect de l’environnement et met l’accent sur la durabilité . De l’approvisionnement en matériaux écologiques à la mise en œuvre de processus de production éthiques, la durabilité est au cœur de tout ce que fait la marque. Elle a la volonté de travailler avec les communautés indigènes pour donner du travail aux artisans qualifiés qui se trouvent sur cette terre du Machu Pichu. La marque produit des vêtements à partir d’une variété de matériaux allant de l’Alpaga au coton indigène, en passant par le cuir de poisson Paiche, et bien plus encore. Elle travaille également avec un matériau étonnant qui a été développé dans la forêt tropicale amazonienne : le bio textile Shiringa. Cela donne un tissu, qui ressemble à du caoutchouc végétal, est semble assez unique dans son genre actuellement.
Si la créatrice de la marque est colombienne, c’est son passage en Chine pendant sept ans, à travailler comme responsable d’une chaîne de production dans l’une des plus grandes usines chinoises à Shanghai, qui lui a fait prendre conscience que son continent d’origine avait d’autres réponses à apporter au monde du textile. SAKE, a démarré en 2013, au Pérou, où elle travaille avec les communautés locales en utilisant des techniques ancestrales telles que la teinture naturelle. SAKE fabrique aujourd’hui environ 3 600 pièces par an, dont 70 % sont vendues directement aux consommateurs et 30 % par l’intermédiaire de grossistes.


FRINGE
La marque Fringe, présente au CIFF, a été créée par la créatrice péruvienne Lucy Barandiaran. Elle travaille la maille bien sûr, pour faire des vêtements axés sur le confort et qui proposent des motifs audacieux et magnifiques, qui donnent au tricot tout son potentiel et lui assure une place de choix dans un vestiaire contemporain. Là aussi, c’est le savoir-faire des artisans péruviens qui permet de produire ces modèles particuliers, en gardant toujours à l’esprit le bien-être de l’environnement et la responsabilité sociale à l’égard des travailleurs. La marque s’engage à utiliser des fils certifiés et des processus de production à faible empreinte carbone, afin de promouvoir la protection de l’environnement. La marque veut par son travail soutenir les artisans locaux, car, au delà de leurs compétences, cela contribue également à la préservation du patrimoine culturel de ce pays. On remarque aussi une volonté de proposer des modèles intemporels, qui peuvent être portés pendant des années, afin de minimiser le gaspillage dans cette industrie dont certains acteurs font la promotion abusive d’un renouvellement trop fréquent.
C’est peut-être ce dernier point de temporalité exprimé par ces créateurs et créatrices d’Amérique Latine qui les associe le plus à l’esprit du l’Europe du Nord. Une temporalité qui veut effacer les saisons et faire durer les vêtements. Il faut ajouter que la maille est aussi particulièrement appréciée et utilisée dans les pays froids et ce malgré le réchauffement. L’Europe du Nord reste quand même plus fraiche que celle du Sud (Demandez à l’Espagne ce qu’elle en pense 😉 )



C’est 3 marques appartiennent à une cohorte croissante de créateurs latino-américains qui défendent des modes de production traditionnels ainsi que l’utilisation de matériaux locaux tels que la laine d’Alpaga, afin de construire une chaîne d’approvisionnement locale dans cette région. C’est intéressant de les découvrir, alors que je croise à de nombreuses reprises à Paris des marques comme Claudia Paz ou encore La Petite Mort, ou même Revoltmex . Ces marques m’ont permis de comprendre ce savoir-faire détenu par ces pays d’Amérique Latine. La première marque est bolivienne, la seconde péruvienne, la troisième méxicaine. Elles travaillent également avec des ateliers familiaux dans leurs pays d’origine afin de valoriser leurs savoir-faire.
Le CIFF à Copenhagen qui veut être la passerelle la plus pertinente entre les acheteurs et les marques se tient du 9 au 11 aout 2023. Vous pouvez découvrir en complément, ce qu’en dit Vogue, concernant les créateurs émergents qui incarnent un certain renouveau créatif lors de la Fashion Week de Copenhague. Un certain Henrik Vibskov, rencontré jadis à Paris, est toujours présent.
C’est aussi un lieu d’expression pour la marque Ganni, dont un aperçu est donné par le magazine Elle. Cette marque danoise qui veut jouer dans la cour des grands, en faisant fabriquer beaucoup de ses vêtements en Chine, affiche 927 produits en tout sur son site internet, dont 718 dans la catégorie « Responsable ». On remarque les efforts fait pour trouver des tissus innovants, comme le sweat, qui a été conçu avec une fibre composée de 65 % de coton biologique certifié et 35 % de déchets agricoles de banane. Ce tissu est une production de Pyratex, qui compose pour des entreprises textiles, des tissus innovants, comme ceux imaginés aussi pour produir des maillots de bains.