Les Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Paris ont été une parfaite occasion de découvrir le monde grâce à de plus de 200 délégations qui sont venues y participer. Parmis celles-ci, il y avait celle du Pérou. Bon, coté médaille, elle n’a pas été celle qui s’est fait le plus remarquer (1 médaille de bronze en voile) , mais par ailleurs, ce pays détient la médaille d’or des matières naturelles douces avec l’Alpaga et le Coton Pima dans la catégorie textile. Il a également un savoir-faire incomparable dans le tissage de ces matières naturelles et il possède un des lieux qui se situe sur le podium des plus beaux endroits à visiter, le Machu Picchu, citadelle inca installée en hauteur, dans les montagnes des Andes et construite au XVe siècle.
Le Pérou, pays d’un savoir-faire textile estampillé slowfashion
Il n’y a pas donc pas que le Machu Picchu a découvrir dans ce pays accroché à la cordillère des Andes. Il y a également le savoir-faire textile et si on le découvre un peu plus en 2024, c’est grâce à la volonté de Promperou de mettre en avant les compétences textiles de ce pays lors des Fashion Week en Europe et à Paris.
Cela a commencé en janvier 2024 du coté de Copenhague, au CIFF, car ces marques n’hésitent pas à aborder le nord de l’Europe ou se trouvent des pays qui aiment le tricot. Cela s’est poursuivi en février, par la présence au Tranoï de 8 marques de mode péruvienne. À l’heure où le développement durable n’est plus une une tendance mais un dialogue récurrent présent au quotidien, ces 8 marques péruviennes raffinées sont venues promulguer des valeurs éthiques en mettant en avant les fibres exceptionnelles du Pérou : l’Alpaga, le Coton Pima, la Paille de Toquilla ou encore le Ceibo.
Il s’agissait de : Amarena, Ana G, Cornelio Borda, Fringe, Kero Design, Kuna, Pampa et Susan Wagner qui ont montré comment, dans ce pays, chaque pièce imaginée reflète un riche héritage culturel et une relation authentique avec les artisans locaux. Ne croyez pas que ces marques vont vous habiller avec les couleurs d’un folklore local. Elles ont parfaitement intégré le style de nos pays occidentaux et mettent à notre disposition un vestiaire moderne et contemporain. Elles vont juste faire basculer votre garde-robe polyester en un dressing naturel. Quelques entretiens, notamment lors du salon Tranoï, me permettent d’évoquer 3 de ces marques.
Pampa, un style contemporain basé sur les couleurs naturelles de l’Alpaga
Pampa est une marque péruvienne qui a fait le choix de travailler des matières premières et un design grâce à des processus de production respectueux de l’environnement qui englobent le traditionnel, l’innovant mais aussi l’inattendu. La marque joue l’atout de la couleur naturelle et se distingue en proposant des formes originales et très contemporaines. Utiliser la couleur naturelle de la fibre en l’associant à des formes originale, à la transparence de la matière, donne un look particulier à cette mode unisexe fabriquée à Lima à la fois en mode industriel mais aussi à la main.
Les collections de Pampa proposent des pièces aux fibres fines et aux textures subtiles qui s’adaptent aux différents changements climatiques à partir de fibres d’alpaga, de coton, de laine ou de laine et soie avec une vision consciente et éthique pour une mode qui met en valeur les atouts d’un style minimaliste et intemporel.
KERO design
A l’inverse de la précédente marque, Kero Design aime jouer avec les couleurs. Les créations de cette marque s’inspirent des traditions péruviennes et de leurs diversités culturelles. Bien sûr le cœur de leurs collections est le travail innovant qu’ils font avec l’Alpaga et la fibre de Coton pour concevoir des modèles contemporains qui combinent fonctionnalité et élégance en s’appuyant sur des motifs inspirés notamment du mot Quetchua, qui représente le vase cérémonial péruvien.
La marque s’appuie sur des artisans aux savoir-faire confirmés tout au long de la chaine de production et leurs techniques artisanales pointues dans le tricotage, la teinture, la peinture à la main et la manipulation des textures, exécutées par des maîtres artisans de Puno et d’autres régions du Pérou.
Cette conscience sociale qui génère des opportunités de développement pour ces artisans, s’exprime dans des modèles qui combinent l ’Alpaga, la Soie, la Laine Mérinos, notamment. La marque partage son atelier avec d’autres marques et développe notamment une gamme de pull et de robe qui sont tissées en utilisant des fils de plusieurs couleurs en teinture naturelle et végétale associant ainsi des couleurs vibrantes et des techniques artisanales locales.
Kero Design souhaite encourager l’innovation et la créativité en mariant harmonieusement les tendances internationales avec les designs péruviens et concilier artisanat et commerce équitable.
Paqu Revolution
PAQU THE ALPACA REVOLUTION, est une marque dotée d’ une vision éco-futuriste qui mise sur la durabilité. Avec un engagement inébranlable pour la qualité et la polyvalence, la marque s’appuie sur cette fibre d’Alpaga pour donner vie à des vêtements de luxe fonctionnels et avant-gardistes. Leur histoire est marquée par un développement international qui leur permet de possèder un entrepôt en Espagne. Il est associé à une conception des modèles depuis l’Europe et une chaine de fabrication au Pérou.
Le Pérou s’invite à l’UNESCO
L’UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est née le 16 Novembre 1945. Elle compte 195 membres et 8 membres associés et est régie par la Conférence générale et le Conseil exécutif. Cette organisation accueille régulièrement des conférences sur le textile, activité qui fait partie des traditions et des cultures des différents pays. L’Afrique avait choisi l’institution située à Paris 07, pour y présenter en février 2024 son rapport sur le potentiel de la mode africaine.
En Juin de cette même année, c’est Promperou qui occupait une des salles de ce grand bâtiment pour nous faire découvrir les atouts des matières naturelles qui sont produites dans ce pays andin. La fibre d’Alpaga est un des trésors des Andes et 87 % de la production mondiale provient de cette région. La filière au Pérou représente 1.5 million de personnes. La production reste marquée par une forte connexion avec la nature notamment lorsque les marques proposent ces teintures naturelles directement issues de la fibre et qui proviennent d’un savoir-faire porté par un héritage qui dure depuis 5000 ans.
L’ Alpaga a de nombreux atouts, car cet animal représente à la fois une source de nourriture (sa viande) , d’habit (sa fibre) mais également un moyen de transport. La fibre obtenue par la tonte de son pelage est fine, chaude et versatile en fonction du climat. L’élevage de cet animal est naturel au Pérou, même si les conditions sont quelquefois difficiles car cela se passe souvent à 4000m d’altitude. L’Autralie a par ailleurs commencé à développer des élevages de cet animal, mais pas dans les mêmes conditions, c’est pourquoi , il est nécessaire de vérifier le pays d’origine quand on parle de cette matière.
Chaque animal permet de récupérer 2.5 kg de fibre et on peut voir encore des cérémonies traditionnelles avant la tonte, car cette activité est ancrée dans l’histoire de ce pays. Il est à noter que la gamme des couleurs naturelles obtenues directement depuis l’animal est de 25, ce qui est large. Ces fibres sont ensuite triées manuellement, même si aujourd’hui on ne refuse pas le progrès et que des tondeuses électriques sont utilisées pour la tonte.
Le Baby Alpaga n’est pas la fibre issue d’un bébé animal, mais c’est le nom donné à la fibre la plus fine. Celle-ci est 3 fois plus résistante que la laine, 7 fois plus chaude, hypoallergénique et ne retient pas les odeurs. L’Alpaga a aussi un animal qui est respectueux de la nature. En effet lorsqu’il se nourrit, il ne mange que les feuilles et n’arrache pas la végétation qui peut donc subsister.
Anis Samanez, une créatrice péruvienne présente ses modèles à l’Unesco
Née à Lima, au Pérou, Anis Samanez est une créatrice de mode spécialisée dans la confection de robes faites à la main depuis 2009. Ses créations prennent vie grâce à l’inspiration de la culture péruvienne traditionnelle, à des techniques de tricotage originales et à l’utilisation de tissus uniques qui allient artisanat traditionnel et design moderne et luxueux.
La collection d’Anis Samanez mélange plusieurs techniques : textile tricoté à plat, métiers à tisser artisanaux et travail manuel avec des applications et des broderies faites à la main par des femmes issues de différentes communautés du Pérou afin de créer des vêtements uniques qui rentre parfaitement dans une mode de style slowfashion.
Les dessins de certains tissus sont inspirés de l’Amazonie péruvienne,conçu avec l’aide de la communauté amazonienne dont les membres ont partagé leurs connaissances artisanales avec la créatrice et ont permis la création de dessins uniques d’inspiration 100% péruvienne. Anis Samanez a joué avec différentes coupes, textures et fibres et a basé sa collection sur une palette de couleurs en noir et blanc. Il en résulte un design péruvien monochrome et intemporel qui brise le stéréotype selon lequel la mode péruvienne ne peut être représentée que par des couleurs vives et éclatantes.
L’Amérique Latine est un immense réservoir de talents et un territoire qui a de nombreuses ressources lorsqu’il s’agit de matières naturelles. On avait eu le plaisir de suivre pendant plusieurs années la marque péruvienne La Petite Mort (en sommeil actuellement) et de découvrir plus récemment Casapoma Paris qui propose aussi de nombreuses créations de ce pays Andin. J’espère pouvoir revenir sur le sujet Eleven Six, une marque basée à New York, rencontrée il y a presque 10 ans maintenant et qui continue à proposer des modèles fabriqués par des ateliers au Pérou et en Bolivie. De ce dernier pays, Paris à la chance de pouvoir croiser Claudia Paz styliste bolivienne installé à Paris qui fait travailler des familles pour réaliser ses modèles si doux en laine d’Alpaga.
Le Pérou était à l’honneur en 2024, dans la presse avec le magazine Géo qui en avait fait le sujet principal de son n° de janvier. Mais on peut aussi constater qu’un des premiers grand succès de la littérature française s’appelait Lettres d’Une Péruvienne et il a été écrit en … 1747. Ce pays montrait qu’il était déjà une source d’inspiration.