Rien que ce nom de Dialogue, donne envie de s’arréter. Ensuite bien sûr, vient ce style, joyeux, frais, enlevé et ces tissus qui ont une main ferme, un tombé moderne et contemporain. Dialogue, c’est un terme que les récentes actualités ne mettent pas au devant de la scène, hélas. C’est ce mot que l’on voudrait voir sortir rapidement d’un holster, plutôt que d’autres.
Dialogue, c’est donc aussi et surtout le nom de cette jeune marque, emblématique d’un nouveau vestiaire féminin et masculin, soucieuse des enjeux climatiques, inclusive et responsable.
Qu’il s’agisse d’un échange entre deux personnes, d’une conversation entre deux objets ou d’une interaction entre un être humain et une œuvre d’art, le dialogue permet de créer des liens et de favoriser la compréhension mutuelle. Il permet, dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, un dialogue entre le style et la ligne du corps qui intègre un sens de l’élégance et de l’équilibre assumé et raisonné (Par équilibre j’entends la frénésie de consommation vs les ressources de la planête).
Comme l’explique Noémie l’une des co-fondatrices que j’ai eu le plaisir de rencontrer, « Le nom DIALOGUE est venu assez rapidement et est apparu comme une évidence. En créant cette marque, nous voulions refaire valoir les métiers qui se cachent derrière l’étiquette du vêtement, revaloriser les savoirs-faire et redonner aux vêtements de la valeur. Dans cette consommation de vêtement effrénée, nous ouvrons le dialogue avec les consommateurs pour que l’on repense la mode ensemble, ralentir pour créer une mode raisonnable mais tout autant désirable.«
Dialogue, une jeune marque de mode avec qui le fil de la conversation ne romp pas
Au départ, il y a 3 jeunes femmes qui ont fait une école de mode. Pour avoir été cette année, juré dans une école de mode, on s’apercoit que cela n’est pas suffisant pour avancer dans ce domaine. Bien sûr, on y apprend les bases du stylisme et d’une collection, on fait des mood boards, on manipule une grille tarifaire, on associe des matières, mais aujourd’hui tous ces schémas, il faut les réinventer.
C’est à cette tâche que les 3 fondatrices, qui se surnomment « la triforce », veulent consacrer leurs compétences, leurs talents et leurs passions. Et elles ont un atout supplémentaire pour le faire : leur complémentarité. On devine même qu’on pourrait ajouter le mot de : complicité.
Comme me le détaille Noémie « Anaïs et Elisa étaient dans la même école de mode à Paris, leurs univers ont tout de suite matchés, elles ont vite compris qu’elles allaient bâtir un projet en commun tôt ou tard. Quelque temps plus tard, c’est Anais et Noémie qui se sont rencontrées lors d’un stage au bureau de tendance Trend Union, et ce fût le même déclic. Après une rencontre toutes les trois, on savait que chacune avait quelque chose à apporter et que l’on deviendrait complémentaire pour créer ce projet de nos rêves. Nous avons effectivement toutes les trois suivies un cursus dans la mode, d’abord dans le design et le stylisme, puis chacune est allée dans une spécialité. La communication pour Anais, la maille pour Noémie, la direction artistique et la création et gestion de marque pour Elisa, c’est ce qui nous rend complémentaire. «
Anaïs, Elisa et Noémie forment cette triforce qui veut proposer une marque nouvelle qui s’inscrit dans le présent mais aussi dans l’avenir. « Le dialogue c’est aussi écouter les consommateurs d’aujourd’hui dans ce qu’ils attendent des marques de mode. Leur style, leur morphologie, leur style de vie. Nos vêtements sont conçus pour aller à tous type de taille, morphologie, style, genre, nous voulons une mode versatile pour qu’elle dure plus longtemps. »
Dialogue est une marque ouverte à tous. « Nous ne voulons pas viser de genre, de milieux ou de classe sociale. Les pièces Dialogue sont pensées pour rendre celles et ceux qui les portent confiants, audacieux« . C’est pour cela que nous aimons la mode, pour ce qu’elle nous procure et nous voulons donner cette force que les vêtements nous ont offert, au plus grand nombre.«
Dialogue, cultive le respect de l’humain et de la planète, le tout avec style
Concevoir un design produit c’est bien, c’est l’essence de ce métier de styliste de mode. Mais aujourd’hui il faut intégrer à cette étape la conscience de savoir comment le produire. Et Dialogue a démarré avec cette conviction. L’équipe féminine de conception s’occupe « au-delà du dessin, de faire un premier patron, le premier prototype et ensuite, nous le retravaillons avec nos partenaires qui nous apportent leur expertise et leurs savoirs« .
C’est déjà là, la base d’un dialogue positif, conscient et responsable.
Cette triforce a choisi pour sa marque le circuit court, c’est-à-dire de produire localement, pas uniquement pour la confection des pièces mais aussi pour les matières premières (tissus, ornement). Elle affirme les fondamentaux de Dialogue par le choix de matières naturelles ou recyclées, par le choix d’une mode qui s’inscrit dans un temps long.
Ce sont des vêtements que l’on aime, parce qu’il nous vont bien, pas juste parce qu’ils sont à la mode. D’ailleurs « La mode va et vient, mais le style est éternel« , comme le disait Yves Saint Laurent.
Pour concrétiser sa démarche la jeune marque a choisi le lin. Cette fibre qui pousse majoritairement en France et en Belgique est aussi une sorte de de dialogue et d’échange avec la nature et notre territoire. Cette matière la plus cultivée en France est de surcroît, écoresponsable. Mais Dialogue a poussé la logique du territoire jusqu’au bout. « Que ce soit le lin, notre maille en fibre recyclée, notre teinture végétale, nos ornements, nous avons choisi uniquement des partenaires français, qui produisent en France. » Une telle volonté permet de proposer une mode alternative, plus qualitative, réellement Made In France, sans risquer de tomber dans le greenwashing.
Ainsi leur pièce phare, le jean, que l’on a tous dans notre dressing, est un jean 100% composé de lin et 100% fait en France, de la fibre à l’étiquette. « Nous sommes particulièrement fières de cette pièce et nous sommes fières de pouvoir dire que notre lin est récolté, filé et tissé en France. Notre fournisseur est Emanuel Lang et Philea (qui travaillent ensemble). » Les modèles de Dialogue nous montrent le lin autrement que par cette image qu’on a trop souvent d’une robe de lin qui s’avère un peu austère, genre bonne soeur en goguette. Cette matière peut permettre de s’exprimer de manière moderne et créative en terme de style.
Petit apparté néanmoins pour indiquer qu’Emanuel Lang est une société de l’Est de la France qui fait partie du groupe Velcorex . L’actualité nous indique qu’elle doit faire face à des échéances cruciales qui montrent que la réindustrialistion du textile est encore délicate en France. La marque était présente à Change Now pour montrer justement ses capacités d’innovations en faveur de la préservation des ressources de la planète.
Il faut donc en être conscient, en tant que consommateur et suivre des marques comme Dialogue, qui permettent de créer ou de maintenir des emplois en france. Le Slip Français a le même type d’argument lorsqu’il lance sa « marche du slip ».
En plus du lin, Dialogue sélectionne des matières nobles, naturelles, tout en mettant un point d’honneur à ce qu’elles rentrent dans leur charte d’éco-responsabilité. Pour le moment, comme le précise Noémie « nous travaillons principalement le lin et les fibres recyclées pour nos articles maille. Nous restons cependant curieuses de découvrir de nouvelles matières et/ou de nouveaux mélanges de fibres pour proposer toujours plus d’alternatives pour une mode durable et responsable.«
Vous l’avez compris il n’y a pas de coton dans la gamme de Dialogue pour des raisons écologiques, mais l’entreprise a développé et cela va continuer, une gamme de modèles en maille qui comporte aujourd’hui 5 pièces.
Sa co-fondatrice explique que : Nous allons effectivement continuer à la développer, d’autant plus que nos partenaires nous offrent un panel choix de fils et de coloris différent que nous avons hâte de travailler. Eux-mêmes travaillent chaque jour sur des nouvelles techniques, des nouveaux assemblages de fils, ils n’ont pas fini de nous surprendre et nous non plus ! » . Le textile pousse sa révolution chaque jour, notamment grâce à des équipes comme Dialogue, qui a l’esprit créatif pour transformer ces matières innovantes. De nouvelles solutions sont apportées notamment par WeTurn (j’y reviendrais prochainement) ou encore Pyratex.
Dialogue a adopté comme d’autres le système de la précommande. Cela on le comprend aisément, permet de ne produire que la quantité de vêtements nécessaire. C’est une attitude à mettre ou à remettre en place dans notre cycle d’achats. La fast-fashion développe cette sur-consommation (la sensation de FOMO dans le jargon du marketing) car on désire, on achète et le jour suivant, on se demande pourquoi on l’a acheté. Mettre une certaine distance entre le « je veux » et le « j’obtiens » est une solution pour consommer de manière plus raisonnée.
Je rappelle le chiffre suivant, issu du livre de Madjouline Sbaï « Une mode éthique est elle possible? « la production de vêtements passe de 50 milliards de pièces par an en 2000 à 140 milliards en 2018″, dans le monde. ( en regard, la population mondiale est estimée à 8.045 milliards d’habitants en 2023.)
Vous voulez un chiffre plus récent ? Regardez chez Fashion Network, il y a celui de 2022, qui ne concerne que la France, mais qui montre que la tendance ne baisse pas.
Dialogue englobe tout le processus de conception dans sa réflexion et explique que : « Lorsque nous faisons une production, nous demandons aux manufactures de conserver les chutes et de nous les faire parvenir. Il n’est pas question de les jeter, en fonction de celles-ci, nous créons des accessoires ou des pièces en série très limités. 1 on évite le gaspillage et 2 ça challenge notre créativité et on adore ça ! »
Leurs modèles ne sont pas vendus en soldes, car leurs articles sont au prix juste toute l’année et la pré-commande leur permet de les ajuster au plus près. Ce que l’on peut considérer comme réduction, est le prix ajusté, lié à ce principe de pré-commande. Cette réduction est possible car produire à la demande et donc, sans surplus, évite des frais. Leurs collections n’impliquent pas, pour le moment, de motifs ou d’imprimés car « nous voulons des pièces fortes oui, mais sobres, intemporelles, minimalistes et versatiles ».
Avec éthique et esthétique, cette nouvelle marque trace son chemin
En créant cette marque éthique et éco-responsable, les 3 fondatrices ne voulaient certainement pas mettre de côté le style. Loin de la frénésie des tendances qui changent tous les mois, elles proposent des vêtement intemporels mais qui n’oublient pas d’être stylés.
N’oublions pas qu’elles sont toutes les 3, stylistes de formation. Elles tiennent à retranscrire leurs créativités dans toutes les silhouettes qu’elles créent. C’est encore une jeune entreprise, mais qui n’a pas peur d’intégrer dans sa démarche au delà du e-shop et des popups, la proposition de location. C’est une idée qui prend de plus en plus sa place sur le marché. J’avais croisé Commode Commune sur ce sujet, il n’y a pas si longtemps et quand on sait que la mode doit produire en très grande quantité pour réduire les coûts et que ces stocks énormes ont un gros impact sur la planète, la location est une opportunité que Dialogue n’a pas laisser passer. Comme l’explique Noémie, « Cette nouvelle tendance s’inscrit complètement dans notre idée de réduire la consommation de vêtement mais elle nous permet également de pouvoir proposer nos pièces à des prix abordables pour une mode responsable pour tous« . La marque se trouve notamment chez Une robe Un soir ou Studio Paillette.
Si les 3 cofondatrices sont donc des femmes, elles pensent leurs collections pour des populations féminines et masculines. Si l’accessoires Mors de cheval, (un petit coté Hermés 😉 …. mais non, vous l’avez sans doute remarqué, sa forme est très proche de celle d’un D comme Dialogue ) est lui uniquement associé à des modèles féminins, rien n’empêche la gente masculine de trouver un attrait aux modèles qui lui sont destinés, comme un jean par exemple, ou encore un pull. En les portant on pourra donc dire que, entre le style Dialogue et l’homme « ça mors! » . Equilibre là encore 😉
Dialogue prend la parole et lance son podcast
Oui, l’equipe de Dialogue, la « triforce » dans toute sa force multiple a décidé d’utiliser la voix pour s’adresser à vous et mieux se faire connaitre. Assez logique me direz vous quand on se nomme « Dialogue ». Certes, mais passer de l’idée aux ciseaux et des ciseaux au micro, n’est pas si évident. Bravo à elles ! On va suivre les épisodes avec grand intérêt.
Dimension Cachée Dialogue fait partie de ses jeunes designers qui renouvellent le vestiaire féminin, tout comme d’autres jeunes stylistes comme Dimension Cachée ou Louise Marcaud.