Depuis 2024, les Grands Prix de la Création décernés par la Ville de Paris ont évolué. Ils récompensent désormais 8 talents sous le prisme de la Révélation (3 Prix) et de l’engagement, 3 Prix également, dans les métiers d’art, du design et de la mode. S’y ajoute un Prix Accessoires Mode, en partenariat avec ADC – Au-Delà du Cuir et un Prix Accessoires Bijoux, en partenariat avec Francéclat.
Cela donne donc une occasion supplémentaire de parler de savoir-faire, d’engagement et toujours de talents, qui pour certains, sont incubés aux Ateliers de Paris, structure qui fêtera bientôt ses 20 ans en 2026, puisqu’en 2016, on avait pu profiter d’une grandiose réunion de ces talents pour les 10 ans de cette institution.
Les lauréats de cette édition 2025 ont été dévoilés le 11 septembre dernier, lors d’une cérémonie en présence de Nicolas Bonnet-Oulaldj, Adjoint à la Maire de Paris, Lyne Cohen-Solal, Présidente du Fonds pour les Ateliers de Paris et des présidents de jurys : Grégoire Scalabre pour les métiers d’art, Mathieu Lehanneur, pour le design et Vanessa Bruno pour la mode.
Ce concours national des Grands Prix de la Création, est ouvert aux professionnels du design (produit, espace, de service, culinaire, graphique…), de la mode (prêt-à-porter, accessoires de mode, bijoux…) et des métiers d’art (ébéniste, mosaïste, céramiste, verrier, créateur textile…). Une dotation de 18 000 euros est attribuée aux lauréats. Chaque prix est doté de 8 000 euros par la Ville de Paris et enrichi via le Fonds pour les Ateliers de Paris par des partenaires privés : la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, ADC, Francéclat, le Groupe Galeries Lafayette, ESMOD, Roger Pradier et Victoire.
Grands Prix de la Création, catégorie Mode :
Prix Révélation : Cèucle
C’est donc Cèucle qui a remporté le Prix Révélation, après Lucille Thièvres l’année dernière. La marque que j’ai eu le plaisir de découvrir en 2023, propose une mode qui à la précision d’un puzzle. C’est à dire que chaque pièce du concept est bien pensée, qu’elle s’adapte parfaitement à celle qui la précède et qui la suit, ce qui donne au final une image qui tend à la perfection. Quand on a un nom qui veut dire cercle en occitan, pas besoin de 15 slides pour expliquer le concept de cette marque qui se veut éco-responsable et qui le montre sans ostentation, pour l’adulte, mais également pour l’enfant.
La créatrice a suivi les cours de l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne, qu’elle a préférée pour son approche très technique. « J’avais envie de pouvoir tout faire par moi-même », précise-t-elle. Une envie qui, aujourd’hui, imprègne son travail. « Patronner, par exemple, fait vraiment partie intégrante de mon approche », insiste celle qui, après avoir fait ses classes 6 ans chez Esteban Cortázar, maison à taille humaine, a lancé sa marque, Cèucle, en 2021. Son vestiaire ? Unisexe. « Le vêtement a le genre qu’on lui donne. Il est important qu’il soit un terrain de jeu, d’expression ». Un parti pris qui catalyse la créativité d’Auriane qui aime les contraintes : « c’est là que je déploie toute mon énergie ». Engagée, elle collabore depuis le début avec un atelier d’insertion auquel elle est très fidèle. Ses choix expliquent, sans aucun doute, son succès et une belle évolution ces deux dernières années, également soutenue par sa résidence aux Ateliers de Paris. Un développement qui nécessitait un coup de pouce. Ce Prix arrive donc à point nommé et va « l’aider à grandir en toute sérénité. »


Mannequin : Elvire Tuelle [ Potoo.ai ]
Grands Prix de la Création, catégorie Mode :
Prix Engagement : Jeanne Friot
Jeanne Friot est une créatrice engagée. Diplômée de l’école Duperré, elle fait ses armes chez A.P.C., Kitsuné, notamment, puis devient directrice artistique et styliste photo afin de mieux comprendre ce qu’est l’image dans la mode. Elle étudie ensuite à l’IFM puis passe 6 mois chez Balenciaga avant de lancer sa marque en 2020. « Je ne me sentais nulle part à ma place même si j’aimais de nombreuses choses. Je me suis donc dit que si je ne trouvais pas d’endroit me ressemblant, il fallait que je le crée. » Installée à La Caserne à Paris, elle décline désormais son vestiaire : non genré, inclusif, écoresponsable, upcyclé, misant sur les savoir-faire français et des systèmes de production plus durables.
On n’oublie pas la cavalière de la soirée d’ouverture des Jeux Olympiques, qui lui a donné une visibilité extraordinaire, ainsi qu’à d’autres, mais au delà des effets d’audience, ce Grand prix de la Ville de Paris est le premier concours gagné par la marque.

Prix Accessoires Mode
13 09 SR par Emilie Faure & Serge Ruffieux : @13.09.sr
Serge Ruffieux, designer italo-suisse, diplômé de la HEAD, Haute École d’art et de design à Genève, est passé par Moschino, Sonia Rykiel, puis dirigea également le studio de prêt-à-porter Dior avant d’en assurer la direction artistique et de rejoindre Carven puis une griffe basée à Shanghai. « Il y a 4 ans quand nous avons fondé la marque, nous avons eu du mal à trouver un nom. Nous avons choisi celui-ci, qui a quelque chose de confidentiel, doit être décrypté, ce qui nous correspond », explique-t-il.
Si ce label porte en lui le nom de son designer, il n’aurait pas vu le jour sans Émilie Faure, journaliste dans la mode, qui décide de prendre un tournant en intégrant l’Institut Français de la Mode pour y suivre un MBA.
Prix Accessoires Bijoux
Anicet marque d’ Elia Pradel : @anicet_bijoux
« Dans notre métier, on parle beaucoup de liens. Et ils ne sont pas seulement matériels : voilà quelque chose que j’essaie de transmettre à travers ma marque Anicet. » Elia Pradel a toujours été passionnée par les bijoux. En Guadeloupe, où elle est née et a grandi dans les années 90, ils ne sont pas accessoires. Portés en accumulation, ils symbolisent souvent la mémoire, l’héritage, la transmission.
Les autres catégories :
- Métier d’art
- Prix Révélation : @lucilleboitelle
- En 2017, Lucille Boitelle quitte Pierre Frey pour monter son atelier. « Pendant cinq ans, j’ai réalisé pour cette maison des dessins et fait le lien entre la création et l’usine. J’ai également eu accès à d’incroyables archives. Voir ces cartons avec leurs dessins faits à la main a été une révélation. Plus personne ne travaillant ainsi, préférant le numérique, j’ai décidé de remettre cela au goût du jour et de le faire de façon indépendante. C’était un peu une folie, un défi ! ».
Elle le relève. Il lui faut quatre ans, pour concevoir un protocole autour de dessins manuels, découpés numériquement en séquences et aisément modifiables par les éditeurs. Pierre Frey, Nobilis, Casamance font immédiatement confiance à cette talentueuse peintre ornemaniste qui, durant ses études, a conjugué arts appliqués classiques, design industriel et textile. - Prix Engagement : @chloebensahel
- Diplômée de la Parsons School de New York, elle a grandi aux États-Unis, mais c’est sa rencontre en 2014 avec l’artiste textile Sheila Hicks qui va changer sa vie. Cette dernière lui demande de remettre des lettres à des amis artisans au Japon. Et c’est à cette occasion qu’elle découvre le tissage, décide de se former et de s’y dédier.
- Design
- Prix Révélation : @sachaparent et @valentine.tiraboschi
- « Notre travail lie le design et l’artisanat d’art précise Valentine qui a découvert les métiers de la main en Inde et, à son retour, a intégré Les Compagnons du Tour de France pour se former au staff. Notre démarche repose sur différentes strates. Il y a la question des outils pour générer formes et volumes, mais aussi celle du patrimoine, de la façon de créer un langage. » Fortes de nombreuses expérimentations, elles tenaient à candidater à ce Prix en valorisant leur profil touche-à-tout.
- Prix Engagement : @dach.zephir
- « Ce Prix est une reconnaissance importante pour nous. Après 10 ans d’activité, il était important que notre pratique, concentrée sur les Antilles françaises, soit reconnue comme légitime. D’autant que, dans le design, elle est unique. Nous sommes ravis d’être lauréats. Cette candidature était d’ailleurs un acte politique : nous voulions que notre démarche soit visible », s’enthousiasment Florian Dach et Dimitri Zephir. Le binôme qui s’est rencontré à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2012, va également, grâce au Prix, pouvoir développer une plateforme numérique, cartographie sensible des territoires des Antilles, à destination d’un large public.
Pour cette nouvelle édition, la Ville de Paris poursuit le travail engagé grâce au Fonds pour les Ateliers de Paris avec les mécènes et partenaires, dont Francéclat, ADC – Au-Delà du Cuir, le Palais Galliera, musée de la Mode de Paris, qui soutient la création contemporaine et met en lumière les lauréats de la catégorie mode.
D’autres partenaires historiques de ces Grands Prix de la Création, apportent leurs services et proposent des accompagnements, comme le groupe Galeries Lafayette, La Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, la Galerie Wilde, ainsi que l’Atelier des Matières et Procédés Chénel. Outre la dotation, les lauréats bénéficient d’une visibilité offerte par les partenaires médias et associés.
