Les femmes scupltées ou peintes constituant les ors de la Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris, ont pu regarder avec tendresse ou envie ce que les peintres et scupteurs de l’époque n’avaient pas voulu leur accorder: des habits. De leurs positions dominant cette superbe salle de 50 m de long, elles ont pu admirer ce défilé placé sous le signe de l’inclusion mettant en avant des personnes de tout âge et de toute génération.
Ce défilé intergénérationnel, organisé par LISAA et les Petits frères des Pauvres voulait accorder de la visibilité aux personnes dites senior, qu’elles soient homme ou femme, pour faire changer le regard sur la vieillesse et rapprocher le monde de la jeunesse et celui des personnes âgées grâce à la mode.
Réunir les générations au delà des clivages et des clichés
Moins utiles, plus lentes, moins performantes, moins belles, moins réactives, bloquées dans le passé… les personnes âgées trainent derrière elles une longue liste de stéréotypes qui les isole et qui explique aussi notre rapport personnel à la vieillesse. Répondre humainement aux enjeux du vieillissement en France implique un changement de posture général vis-à-vis des personnes âgées. Le défilé des Petits Frères des Pauvres est ainsi pensé pour défendre une société dans laquelle les personnes âgées ont toutes leurs places. Un moyen de combattre l’agisme grandissant et de faire tomber les barrières entre jeunes et aînés, en faisant défiler main dans la main des femmes et des hommes de tous âges, quelles que soient leurs conditions physiques. Scénarisé, le défilé met à l’honneur ce lien intergénérationnel, la capacité de chacun à participer à une société plus inclusive et plus humaine. Il a également la volonté de montrer que des vêtements peuvent être recyclés, réinventés et modernisés par de jeunes créateurs talentueux, ceux de l’école de mode LISAA, partenaire de l’événement.
Dans notre société qui expose si aisément la beauté des corps jeunes, ceux des aînés sont considérés comme peu désirables et condamnés à l’invisibilité. Les Petits Frères des Pauvres décident de faire briller les aînés en mettant à l’honneur les liens intergénérationnels : personnes âgées accompagnées par l’Association et étudiants de l’école de mode LISAA (L’Institut Supérieur des Arts Appliqués) ont défilé ensemble, démontrant que l’âge ne doit pas être synonyme d’invisibilité.
Ce combat est celui d’une société tout entière.
2 partenaires pour un défilé intergénérationnel qui repousse les limites du temps
Les acteurs d’un tel défilé étaient donc, LISAA d’un coté et les Petits Frères des Pauvres de l’autre. Les jeunes équipes de LISAA Mode Paris, plus grande école de Mode Française avec plus 1100 étudiants sur son campus Parisien, s’est associée pour la première fois à l’Association Petit Frères Des Pauvres afin de mettre en avant la mode intergénérationnelle. LISAA Mode Paris, école pionnière et innovante dans le secteur textile/habillement/accessoire, souhaitait par cet engagement incarner les besoins de la société actuelle, plus écologiques, plus inclusifs et plus humains.
Elle a répondu présente à l’appel de l’association et a mis à disposition le talent de ses étudiants et le savoir-faire de ses enseignants, afin de proposer une collection ambitieuse de vêtements, messages et accessoires upcyclés.
L’ autre associé de cette aventure est pour la première fois, l’Association Petits Frères des Pauvres qui a souhaité organiser un défilé de mode militant, afin de combattre l’âgisme, changer les regards et briser les clichés sur la vieillesse. Un défilé qui fait suite à la sortie du rapport et de la campagne de l’Association sur la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées qui révèlent que pour 71 % des personnes âgées, un corps qui vieillit peut rester désirable.
Le défilé a réuni 25 personnes âgées, accompagnées par l’association et 15 jeunes de l’école de mode LISAA qui ont eu comme exercice en début d’année de créer les tenues ! 2 personnalités donnaient une aura particulière à cet évenement. Caroline Ida, marraine du défilé qui lutte contre le clivage des femmes de plus de 50 ans et Cécile Fresnet Birrer chorégraphe qui a aidé à la mise en scène pour ces volontaires qui ont défilé à pied, sur une roue, ou sur plusieurs en fonction de leurs âges et de leurs état de formes.
Dans cet exercice on constaste que derrière l’excellente idée de mettre en avant toutes les générations, on ne s’éloigne pas de la vraie vie. On parle de mode, il y avait plus de femmes que d’homme, qui défilaient, certaines se sentaient particulièrement à l’aise face au public et interagissaient avec lui, d’autres passaient avec dans le regard comme une lueur qui exprimait, « 50 m comme c’est long », ou, « mon dieu je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde » (la salle des fêtes était pleine et c’est le plus grand des salons composants les 2300 m2 des espaces de réception de la Mairie). Certains mannequins d’un jour vivaient l’événement avec humour, d’autres avec courage, des attitudes qui devaient correspondre à leurs propres personnalités qu’elles aient 30 ou 80 ans. En tout ces personnes furent mises en lumière avec attention et civillité.
Ce sujet inclusif a trouvé de nombreux échos. La marraine Caroline Ida a été intervieweée par Libération lors de cet événement, alors qu’à quelques kilomètres de l’Hôtel de Ville, dans la Sarthe, Ouest France évoquait un défilé organisé par les résidentes de l’Ehpad des Châtaigniers, à Fresnay-sur-Sarthe, au nord du Mans, qui ont présenté les créations de L’Âge d’or, une marque spécialisée dans les vêtements seniors. La tension ne devait pas être la même, car l’audience en Sarthe devait être moindre et les sunlights de la salle de l’Ehpad bien plus discrets. Mais ce type d’ événement s’est également déroulé au delà des mers à Saint Pierre et Miquelon, ou une initiative qui mettait en avant un défilé intergénérationnel s’est également déroulé dans cet archipel, situé en plein océan atlantique.
Les créations de ce défilé intergénérationnel ont été confiées à des étudiant de LISAA et ont été pensées dans une démarche écologique : L’ensemble des tenues et accessoires sont issus de matières et d’objets recyclés. Les tissus étaient fournis par Uptrade, un des partenaires de l’événement. Pour renforcer la dimension militante du défilé, des slogans ont été imaginés par les étudiants et tordent le cou aux idées reçues sur les aînés. La jeune génération, victime elle aussi de préjugés, s’engage pour proposer une autre vision de la vieillesse, plus tendre, plus glamour et plus humaine.
La salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris acceuille souvent des défilés dans le cadre des Fashion Week ou lors d’actions plus militantes comme pour le défilé organisé par Marcia de Carvalho et Chaussettes orphelines.