C’est depuis la mi septembre et jusqu’ au 17 décembre 2023 que la Galerie19 M présente l’exposition Carla Fernandez, intitulée « l’avenir fait main« . C’est une immersion dans l’univers de la styliste et designers sous l’angle de ses nombreuses collaborations avec des artisans mexicains dont elle célèbre les arts et les savoir-faire.
Cette expo présente une vision de plus de vingt ans de l’histoire, du design et des déclarations sociales et politiques de la styliste mexicaine, engagée depuis longtemps à nous démontrer les atouts de l’esprit et de la main.
Présentée à Denver puis à Mexico, sous le commissariat de Florence Müller et dans une scénographie de Pedro Reyes, l’exposition est ici augmentée de pièces spécifiquement conçues à l’occasion de cette exposition. cette fertile collaboration entre la créatrice, les artisans partenaires au Mexique et Goossens, Massaro, Maison Michel et ERES, quatre Maisons résidentes du 19M, qui font dialoguer les savoir-faire, les techniques d’hier et d’aujourd’hui, l’empirisme de l’objet et l’abstraction créative, renforce les dimensions artistiques et culturelles de cette exposition.
Une thématique riche qui nous fait traverser de nombreux univers
La structure thématique de l’exposition suit les principales idées du Manifeste de la mode symbolisant la résistance de la créatrice et de sa maison de couture aux dérives de la mode. Les huit sections explorent comment la créatrice mexicaine défie le système de la mode par des explorations alternatives, notamment en collaborant avec des artisans, qui peuvent co-signer les vêtements et les accessoires issus d’un processus créatif commun et qui défient le système industriel traditionnel.
La créatrice méxicaine souhaite intègrer la mode dans une nouvelle vision du monde qui rejette la surconsommation, le gaspillage des matières premières, l’éphémère et la vitesse de production au détriment de la qualité. La créatrice y présente une trentaine de look et accessoires dont les qualités esthétiques importe autant que les enjeux sociaux.
Chaque pièce de cette galerie, quelquefois un peu froide d’aspect, retrouve une vie et une température plus élevée lorsque sont évoquées les traditions mexicaines telles que la fiesta et la charrería avec d’autres plus contemporaines, dans un mélange effectué tout au long de la visite, par Carla Fernandez qui jette un pont entre les cultures mexicaines anciennes et modernes.
A de nombreux endroits lors de la visite s’affirment l’importance de la main de l’homme dans la production de vêtements et la nécessité d’utiliser des techniques traditionnelles. En collaborant étroitement avec des artisans de tout le Mexique, la designer mexicaine met en évidence l’importance des coutumes et du savoir hérité, ainsi que leurs potentiels de revitalisation de l’industrie de la mode.
Les pièces exposées incarnent le processus de collaboration avec les artisans, ce qui est essentiel dans l’objectif de créer un système de mode plus éthique. Le travail de la designer s’effectue en collaboration avec près de 180 tisserands brodeurs et sculpteurs sur bois, utilisant des techniques traditionnelles infiniment riches et vivantes.
Le dernier thème de l’exposition illustre l’activisme de Carla Fernández et de Pedro Reyes, qui reconnaissent le puissant potentiel de la mode comme véhicule de résistance et de protestation pour remettre en question les divers problèmes sociaux et politiques d’aujourd’hui.
Cette exposition s’éloigne des stéréotypes qui situent le système de la mode dans la sphère du consumérisme et de la superficialité et montre, au contraire, le pouvoir de la mode à contribuer à la guérison du monde. La conception de l’exposition a été réalisée avec le sculpteur et architecte Pedro Reyes, qui est également l’époux de la créatrice Carla Fernández et concepteur des boutiques de la marque.
À l’invitation de la Galerie et de la créatrice, trois artisans mexicains qui collaborent avec Carla Fernández, originaires de différents états du Mexique, sont présents à Paris/Aubervilliers pour animer des ateliers sur des techniques traditionnelles millénaires.
Le programme proposait au public de s’initier à la peinture de masques avec Felipe Horta, à la broderie et à la découpe de papel amate avec Arisbeth González et au maque (peinture sur calebasse) avec Obdulia Almazán. Cette programmation culturelle contribue à valoriser les métiers de la main, favorise leurs transmissions et peut susciter des vocations auprès du grand public, scolaires, étudiants, familles et amoureux d’artisanat.
Carla Fernandez avait trouvé une jolie place pour être découverte par le public, le Safe Urban Concept
Carla Fernandez imagine une mode contemporaine qui résonne avec un territoire doté d’une portée universelle à la frontière de la création textile de l’artisanat et des arts plastiques concrétisé par ce Manifeste que Carla Fernandez a écrit sur la mode comme acte de résistance. La créatrice mexicaine travaille à l’avant-garde de la mode éthique documentant et préservant le patrimoine textile des communautés autochtones de son pays, le Mexique.
Il était assez naturel, qu’elle vienne au cours de l’automne présenter son vestiaire premium au public parisien, dans ce lieu hybride qu’est le Safe, qui au delà d’être titulaire d’un savoir-faire d’excellence dans un tout autre domaine, les cookies et le coffee shop, permet de découvrir des marques engagées aux styles affirmés et audacieux.
Actuellement vous pouvez d’ailleurs apprécier le style inspiré du Japon de Kanten et le style urbain d’un streetwear tout en douceur de Dimension Cachée.
La question des savoir-faire revient de plus en plus souvent dans le discours de certains de nos chefs d’entreprises en France. Notamment avec la déclaration du fondateur du Slip Français Guillaume Gibault. Mais en levant les yeux, en regardant au delà de nos frontières, on découvre que l’artisanat et le travail de la main a de la valeur tout autour de la terre. La maille notamment est une activité qui a de nombreux talents et capacités en Amérique Latine, comme l’a montré la dernière Fashion Week de Copenhague, notamment avec le Pérou, ou la Bolivie, en plus de ce que peut en montrer cette exposition de Carla Fernandez à la Galerie 19 M avec le Mexique.