Le parfum et les égéries constituent une histoire qui dure. Pierre François Pascal Guerlain crée l’eau de Cologne Impériale en 1853, en l’honneur de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléeon III, sa muse devenue protectrice et bienfaitrice. On peut considérer que la première égérie demandée officiellement par une maison fut l’immense actrice et directrice de théatre Sarah Bernhardt qui dès 1890 fut l’emblème de nombreuses publicités. Chanel en 1937 a choisi de poser elle même et pas pour faire de la pub à la suite du Ritz qu’elle occupait. Certains parfums à succès comme Fracas de Robert Piguet ont été conçus avec dans l’esprit de sa conception une personnalité féminine très précise, même si ce n’était pas une égérie comme on l’imagine aujourd’hui. Il s’agissait en l’occurence d’Edwidge Feuillère, grande actrice des années 50, que l’on voit ici lors d’un tournage en angleterre en 1948, l’année de création du parfum.
Vogue rend hommage à ce couple femme parfum qui pour certains durent.
Quand on pense à ces images qui associent une star et un parfum, un parfum star et une égérie, on pense spontanément à Marylin Monroe et son N°5 de Chanel, à la jolie histoire d’Audrey Hepburn et l’Interdit de Givenchy, à découvrir sur la page de Vogue, mais aussi à des histoires plus commerciales, bien dans l’histoire du marketing d’aujourd’hui, comme les soeurs Jenner qui collaborent pour réaliser leur propre fragrance. Faut-il encore que certains parfums traversent l’air du temps, sans effort, mais simplement grâce à leurs accords parfait, tiens, il flotte comme une senteur de Nina Ricci, sans besoin de ces mannequins de pub, comme Mitsouko de Guerlain ou Joy de Patou qui dès son lancement s’est voulu le parfum le plus cher.
Chacune de ces personnalités, ici dans le cas de Vogue, exclusivement féminines, s ‘attachent pour une durée souvent longue à cette sorte de signature olfactive, qui dévoilent une part parfois insoupçonnée de leur personnalité.
Il aurait été tout a fait possible de trouver dans cette liste Madonna, qui a souvent posé le flacon de Fracas sur sa table de maquillage lors de ses tournées ou bien exposé ce flacon lorsqu’il lui était remis le jour de son anniversaire. Comme quoi même les stars peuvent accepter un cadeau simple.
Isabelle Huppert est une addict de Fracas depuis longtemps. Elle a souvent choisi des rôles différents de l’image qu’elle projetait. Elle n’a pas eu peur de prendre des risques, de casser son image, d’avoir des rôles forts et aventureux. Son aspiration particulière pour Fracas vient du fait qu’au registre des paradoxes, qui lui donnent sa richesse et sa subtilité, Isabelle Huppert note qu’il est à la fois « naturel et sophistiqué, fatal et maternel ». Et c’est vrai que si l’on pense, d’abord, en le sentant à l’aura de mystère des grandes séductrices, il évoque aussi une odeur où on a envie de se lover, un refuge… C’est une actrice toute à fait dans la lignée de la grande Edwige Feuillère. Il faut aussi avoir plus d’une pensée à la femme qui a imaginé cette fragrance, Germaine Cellier, personnalité au caractère qui ne se dissimulait pas.
Fracas est une référence mythique de la parfumerie, une tubéreuse idéale, dont la découverte provoque, aujourd‘hui comme hier, l’émerveillement, voire la révélation. Mieux que des admiratrices, il a des adeptes, dont la diversité ne doit pas étonner. Atemporel, il est aussi universel.
Les parfums Robert Piguet sont gérés par une société commerciale américaine qui exploite la marque juridiquement et en terme marketing. La maison de couture a fermé il y a plus de 70 ans et ses archives sont en Suisse.